L'Inde contrainte de préparer un budget à l'aveugle

Le taux de croissance calculé par le gouvernement est exempté de l'impact de la démonétisation sur l'économie. Certains organismes tablent sur un ralentissement plus fort que prévu.
Jean-Christophe Catalon
Le gouvernement de Narendra Modi a présenté ses prévisions de croissance sans intégrer l'impact de la démonétisation sur l'économie.

Difficile de fixer un budget de 300 milliards de dollars sans visibilité sur l'activité économique. L'Inde va pourtant devoir se plier à l'exercice. Le gouvernement a annoncé vendredi tabler sur un taux de croissance de 7,1% pour l'année fiscale 2017, en léger recul par rapport à la période précédente, évaluée à 7,6%, à cause d'un ralentissement de l'industrie, de la construction et du secteur minier, détaille Forbes India. Or, ces prévisions ne comptabilisent pas l'impact de la démonétisation, entamée début novembre, sur l'économie faute "d'informations suffisantes", a précisé New Delhi.

L'organe gouvernementale chargé de la statistique, le CSO, a dévoilé ses chiffres un mois plus tôt que d'habitude. Fin octobre, le Premier ministre Narendra Modi a choisi d'avancer d'un mois la présentation du budget de l'Union de sorte à accélérer la mise en place des projets du gouvernement.

La démonétisation aurait un impact négatif sur l'économie

L'activité devrait pourtant être plus faible que prévu selon plusieurs organismes indiens. En réaction aux données délivrées par le CSO, le cabinet Icra a indiqué que les prévisions du gouvernement contiennent des erreurs majeures en ne faisant qu'extrapoler la tendance de l'activité d'octobre, juste avant le début de la démonétisation, selon le Times of India. Le cabinet prévoit un ralentissement plus accentué de l'économie, avec un taux de croissance pour 2017 de 6,8% selon ses calculs.

Les prévisions de la State Bank of India (SBI) sont du même ordre. Celle-ci évalue la croissance indienne à 6,7% sur la même période, expliquant que son estimation "est basée sur l'hypothèse que le choc de liquidité mène à un choc drastique des dépenses de consommation". "Cela signifie que [...] la monnaie ne revient pas directement dans le système car les gens ne sont pas enclins à dépenser", a-t-elle souligné dans les colonnes de Forbes India.

90% des transactions se font en espèces

Le 8 novembre, le Premier ministre Narendra Modi a annoncé, à la surprise générale, que les billets de roupies à plus grosse valeur faciale n'avaient plus de valeur légale, autrement dit leur démonétisation. Près de 24 milliards de coupures sont concernées, soit environ 86% de la monnaie en circulation dans le pays. Le chef du gouvernement a dévoilé au même moment la mise en circulation de nouveaux billets. L'objection étant de lutter contre la corruption et le marché noir, dans un pays où 90% des transactions se font en espèces.

La mesure a déclenché une ruée vers les guichets des banques, où les Indiens sont venus échanger leurs anciennes coupures contre les nouvelles. Ceux qui apportent de grandes sommes doivent en justifier la provenance. La transition prend du temps, d'autant que les distributeurs ne sont pas calibrés pour les nouveaux billets, et nuit à court terme à l'activité, notamment au commerce de détail et à la consommation des ménages.

> Lire aussi : le chaos économique en Inde, après la "démonétisation" des gros billets

Jean-Christophe Catalon
Commentaire 1
à écrit le 09/01/2017 à 16:07
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On ne peut pas faire confiance aux chiffres chinois, l'Inde fait son budget au pif, bref les deux principales bases sur lesquelles se reposent les stratégies des néolibéraux sont solides ya pas à dire.

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