"La chimie est déjà dominée par des entreprises de pays émergents, les autres secteurs vont suivre "

Une étude du Boston Consulting Group montre le "chambardement" des leadership dans différents secteurs industriels. Alexandre Miannay, responsable globalisation au bureau de Paris, nous explique les tenants et les aboutissants de ce phénomène qui devrait se poursuivre, malgré le ralentissement économique de la Chine.
"En dix ans, le nombre d'entreprises en provenance d'un pays émergent réalisant un chiffre d'affaires supérieur à un milliard de dollars a triplé, Alexandre Miannay, responsable globalisation au Boston Consulting Group.

Le Boston Consulting Group (BCG) vient de publier une étude sur l'arrivée de nouveaux acteurs mondiaux qui imposeront leur leadership dans les prochaines années. Que dit cette étude ?

Cela fait 10 que le BCG suit l'évolution des acteurs des pays émergents et nous constatons aujourd'hui un chambardement au niveau mondial du leadership de plusieurs secteurs. Sur cette période, le nombre d'entreprises en provenance d'un pays émergent réalisant un chiffre d'affaires supérieur à un milliard de dollars a triplé. Notre étude a retenu trois secteurs qui illustrent les différentes étapes de cette évolution. Les équipementiers automobiles sont encore largement dominés par les multinationales traditionnelles qui détiennent 95% de parts de marché. Les sociétés du Top 10 sont 7 fois plus importantes que les dix premières émergentes (ou challengers dans l'étude du BCG, ndlr) du même secteur. Ceci étant, ces dernières affichent une croissance très importante de l'ordre de 25% par an. Nous avons également sélectionné le secteur du BTP qui se trouve dans un stade intermédiaire. Il y a déjà des acteurs importants comme le chinois Sany. D'ici à 2020, nous nous attendons à ce que 3 des 5 premiers leaders mondiaux soient émergents. Enfin, le secteur de la chimie est celui qui présente le stade le plus avancé puisque 3 des 5 leaders mondiaux sont issus d'un pays émergent, comme le chinois Sinopec ou le saoudien Sabic.

Qu'est ce qui a favorisé l'émergence de tels acteurs ?

Si vous m'aviez posé la question il y a dix ans, je vous aurais répondu : l'accès à des ressources abondantes, des coûts de production très serrés et l'export. Aujourd'hui, le moteur de ces challengers réside dans des marchés domestiques puissants. La chimie est arrivée à un stade où les acteurs consolident leur position de leadership en misant sur des avantages concurrentiels durables comme l'innovation, le savoir-faire ou la marque. L'autre moteur de ces challengers sera l'internationalisation qui va probablement être plus nécessaire avec le ralentissement de la croissance chinoise. Enfin, les fusions-acquisitions sont un autre vecteur qui contribue à accélérer l'effet de taille que recherchent ces acteurs dans leur stratégie de conquête du leadership.

Est-ce que les challengers sont essentiellement issus de la Chine ?

Historiquement, le berceau de ces sociétés est la Chine et l'Inde. Mais nous nous dirigeons vers un rééquilibrage vers d'autres pays émergents. Au Mexique, les coûts de mains d'oeuvre sont désormais moins élevés qu'en Chine. Le pays voit apparaître de nouveaux champions comme Memak, un important équipementier automobile. Dans d'autres secteurs, nous comptons également d'autres leaders comme le Sud-africain SabMiller dans les boissons alcoolisées.

Dans quelles mesures le ralentissement économique chinois peut changer vos perspectives ?

Les acteurs chinois sont plus challengés sur leurs marchés domestiques. C'est surtout le cas pour les sociétés du BTP qui se sont trop focalisées dessus. Cela va probablement les conduire à s'internationaliser davantage encore.

Qu'en est-il pour les multinationales établies du vieux monde industriel ? Se battent-elles avec les mêmes armes ?

L'enjeu pour elles est de garder l'avantage technologique, d'investir massivement dans les dépenses en Recherche et Développement. Sur ce terrain, les multinationales du secteur automobile gardent par exemple une longueur d'avance puisqu'elles investissent plus de 4% de leur chiffre d'affaire en R&D contre moins de 2% pour leurs challengers émergents. L'enjeu vaut aussi sur les produits si elles veulent conquérir les marchés émergents. Elles devront adapter leur offre aux attentes de ces marchés en tenant compte des spécificités locales et des attentes des consommateurs. Elles seront peut-être amenées à travailler avec des acteurs locaux, comme le fait Faurecia.

Commentaires 2
à écrit le 06/05/2015 à 21:17
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Ah et sans oublier le respect de la pharmacopée qui est rigoureusement respecté (ironie).

à écrit le 06/05/2015 à 20:54
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Sauf que, la FDA etc ont déjà pointé du doigt l'utilisation de labo témoin, heureusement, la géolocalisation à permis de mettre en évidence la supercherie de ces émergents. Enfin bref, le miracle émergent sombrera mais par ses propres vices.

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