La croissance turque affaiblie par les sanctions économiques de Moscou

Les sanctions économiques russes pourraient bien affecter la croissance de la Turquie à hauteur de 0,7 point en 2016, selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Dans le même temps, le vice-premier ministre turc en charge de l'économie a annoncé que ces mesures pourraient coûter 9 milliards de dollars au pays.
Sarah Belhadi
La Turquie, très dépendante de la Russie en matière énergétique pourrait à l'avenir revoir sa stratégie d'approvisionnement, a laissé entendre, ce samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une allocution télévisée.

Depuis presque deux semaines, Moscou et Ankara traversent une grave crise diplomatique déclenchée par la destruction d'un chasseur-bombardier russe par l'aviation turque à la frontière syrienne le 24 novembre.

La Russie, jusqu'à présent grand allié de la Turquie, a très rapidement ordonné des sanctions économiques contre la Turquie, notamment un embargo sur les importations de fruits et légumes turcs. Moscou a également rétabli les visas pour les citoyens turcs à partir du 1er janvier.

Escalade de tensions aux conséquences économiques

Ce lundi 7 décembre, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a assuré que ces mesures pourraient avoir un impact sur la croissance turque :

"Les sanctions pourraient réduire la croissance du PIB de la Turquie en 2016 d'environ 0,3 à 0,7 point de pourcentage, si elles persistent sur l'année prochaine et sont pleinement appliquées, l'essentiel de l'impact étant lié au tourisme et se produisant vers le milieu de l'année", estime la Berd dans un communiqué.

Le vice-premier ministre turc chargé de l'économie, Mehmet Simsek, a par ailleurs affirmé que les mesures de rétorsion économiques prises par Moscou pourraient "dans le pire des scénarios" coûter 9 milliards de dollars (8,3 milliards d'euros) à l'économie turque.

"Les tensions pourraient avoir un impact de 0,3 ou 0,4% sur le PIB", a-t-il ajouté lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision NTV ce lundi.

Un impact "non négligeable, mais pas majeur"

Les deux économies sont fortement liées dans des domaines comme l'énergie, le tourisme, ou la construction, observent les économistes de l'institution basée à Londres.

La détérioration des liens économiques devrait avoir un impact "non négligeable, mais pas majeur, sur le PIB de la Turquie", relativise toutefois la banque.

L'impact se fera sentir dans le domaine du tourisme et des exportations alimentaires, ainsi que par une baisse des affaires nouvelles pour les entreprises turques en Russie. Ce lundi matin, Mehmet Simsek est venu confirmer ce scénario.

"Il y a une diminution du nombre de touristes de 603.000. Il y a un ralentissement dans la construction", a-t-il déploré.

| Lire Le tourisme, victime collatérale de la tension entre Ankara et Moscou ?

Vers la fin de la suprématie énergétique russe ?

Pour ce qui est de la Russie, l'impact de sanctions sur sa propre économie devrait rester "limité", jugent les économistes de la Berd. Sauf si ses exportations d'énergie venaient à être affectées, auquel cas l'effet serait négatif, notent-ils.

Les économistes de la Berd ont toutefois estimé que "pour l'instant, une perturbation de la fourniture énergétique semble hautement improbable". Mais ce scénario pourrait bien être reconsidéré à l'avenir. Car, si Moscou fournit à Ankara 55% de ses besoins en gaz, et 30% de ceux en pétrole, la Turquie envisage d'ores et déjà d'autres options.

Lors d'une allocution télévisée ce samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a assuré que son pays pouvait "trouver d'autres fournisseurs" d'énergie, faisant référence à l'Azerbaïdjan et au Qatar.

 >> Lire aussi Moscou et Ankara suspendent le projet de gazoduc Turkish Stream

(S. B. avec AFP)

Sarah Belhadi
Commentaires 2
à écrit le 08/12/2015 à 0:44
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Il sera intéressant de voir qui perdera plus une fois l'histoire est finie.

à écrit le 07/12/2015 à 21:55
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Et combien cela va coûter a la russie ? Ce pays est déjà dans la pire récession depuis des décennies ( - 5% ), les investisseurs fuient, le pétrole n’arrête pas de chuter et les réserves se vident. Pour l'instant, le peuple est tenu a force de natio...

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