La dette de la Chine augmente rapidement

Pékin doit faire face à un accroissement rapide de sa dette. La Banque des règlements internationaux (BRI) a sonné l'alarme la semaine dernière sur le niveau d'endettement lié notamment au crédit. Ces mauvaises nouvelles pourraient avoir un impact sur l'économie chinoise dont le rythme de croissance ne cesse de ralentir.
Grégoire Normand
Malgré ce niveau de dette inédit, les analystes estiment que le contrôle des grands acteurs bancaires de la Chine par l'Etat pourrait protéger le pays d'une grave crise financière.

L'augmentation de la dette de la Chine préoccupe la Banque des règlements internationaux (BRI).  Cette dernière s'est notamment alarmée de la hausse de la dette privée dans son dernier rapport publié il y a quelques jours.

Un niveau jamais atteint

L'institution internationale basée en Suisse s'inquiète particulièrement "de la différence entre le ratio crédit/PIB de la Chine et sa tendance à long terme (*) qui a atteint  30,1 % au premier trimestre, un niveau inédit". Au delà de 10 %, la banque centrale des banques centrales considère qu'il y a un risque bancaire en s'appuyant sur cet indicateur qui permet de cerner "la surchauffe financière et les potentielles difficultés financières". Ce niveau est le plus élevé des 43 pays étudiés parmi lesquels figurent les Etats-Unis, la Grèce et le Royaume-Uni.

Le second indicateur alarmant utilisé par la BRI est le ratio des crédits du secteur privé  rapportés au PIB en Chine qui a dépassé le seuil des 200 % au premier trimestre 2016, un niveau record. Au regard des données qui figurent sur le graphique ci-dessous, le niveau  de ce ratio s'est fortement accéléré à partir de 2009 au lendemain du début de la crise.

Cette situation reflète la volonté de la Chine ces dernières années d'assurer une transition vers un modèle économique davantage centré sur la consommation intérieure. Pour ce faire, elle a facilité l'accès au crédit, en particulier pour enrayer le ralentissement économique, la croissance étant passée sous le seuil des 7%. Elle a assoupli les règles monétaires depuis 2014, afin de diminuer le coût des prêts bancaires et encourager le recours au crédit auprès des ménages et des entreprises. Mais ces opérations ne sont pas sans risques.

Des risques financiers en perspective

Plusieurs experts ont notamment mis en garde contre le risque d'une multiplication de défauts de paiement en cascade sur des prêts bancaires ou des obligations d'entreprises non-honorées. Une alerte confirmée par les quatre plus grandes banques commerciales chinoises, contrôlées par l'Etat, qui ont indiqué dans leur bilan du premier semestre 2016 devoir faire face à "une hausse sensible des créances douteuses".

En août dernier, le Fonds monétaire international (FMI) s'inquiétait déjà du poids de la dette des entreprises dans le pays, qui pourrait rapidement atteindre les 140% du PIB. Le FMI pointait également ces créances douteuses -susceptibles d'être non-remboursées- qui pourraient passer de 5,5% à 15,5% du total des prêts.

Cet endettement pèse sur la politique économique de Pékin qui n'arrive pas à réellement relancer son activité. Selon les dernières projections du FMI publiées en juillet dernier, la croissance de la Chine devrait atteindre 6,6% en 2016 et 6,2% en 2017, après 6,9% en 2015.

Lire aussi : Chine : la croissance se stabilise au deuxième trimestre

Une crise à écarter ?

Malgré ces mauvaises nouvelles pour l'économie chinoise, des analystes estiment que les importantes réserves de devises étrangères de la Chine et le contrôle gouvernemental sur le système bancaire devraient contribuer à protéger l'empire du Milieu des crises financières.

Par ailleurs, pour compenser une forte baisse de l'investissement privé, la Chine s'apprête à lancer un grand plan d'investissements de plus de 133,5 milliards d'euros grâce à des partenariats public-privé afin de relancer l'activité et soutenir la croissance fortement ralentie depuis des mois. Si une partie de la dette est créée par les sociétés publiques, elles sont protégées par l'Etat. Ce qui permettrait de passer outre une crise majeure. Mais le pari d'une transition vers une économie orientée sur la consommation et les services est loin d'être gagné.

Lire aussi : La Chine en panne d'investissement?

 (*) D'après la BRI, le Credit-to-GDP gaps se définit comme la différence entre le ratio crédit/PIB et sa tendance à long terme.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 26/09/2016 à 16:48
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