La guerre commerciale inquiète le FMI

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé ce lundi avoir maintenu sa prévision de croissance mondiale à 3,9% pour 2018 mais l'escalade des tensions commerciales constitue "un risque de dégradation important."
Grégoire Normand
La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde.
La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde. (Crédits : Michele Tantussi)

Selon les dernières projections du Fonds monétaire international (FMI), la croissance mondiale devrait atteindre 3,9% en 2018 et 2019. Ce qui reste conforme aux dernières prévisions du mois d'avril dernier. La croissance mondiale devrait rester solide, mais elle apparaît moins équilibrée que par le passé. Selon l'institution internationale, la croissance du PIB pourrait rapidement accuser le coup si les menaces sur le commerce mondial se concrétisent. Après la Commission européenne la semaine dernière, les craintes se multiplient dans les institutions internationales.

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Craintes des tensions commerciales

Les projections du FMI sont assombries par l'escalade des tensions commerciales et l'affaiblissement du soutien à l'intégration économique mondial dans certains pays avancés. La politique économique et commerciale de Donald Trump remplie d'incertitudes suscitent des inquiétudes chez les économistes du Fonds :

"Une escalade des tensions commerciales pourrait miner la confiance des entreprises et des marchés financiers, ce qui nuirait à l'investissement et au commerce. Au-delà de son impact immédiat sur l'état d'esprit des marchés, la prolifération de mesures commerciales pourrait accroître l'incertitude entourant la portée potentielle des mesures commerciales."

Ils estiment que cette montée des tensions pourrait freiner l'investissement tandis que la multiplication des obstacles pourrait rendre les biens échangeables moins abordables, perturbant "les chaînes d'approvisionnement mondiales et ralentirait la propagation des nouvelles technologies, ce qui réduirait la productivité." Dans ce contexte, les auteurs de la dernière note de prévisions indiquent que le volume du commerce mondial de biens et services pourrait baisser de rythme passant d'une croissance exceptionnelle de 5,1% en 2017 à 4,8% en 2018 et 4,5% en 2019.

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Coup de frein pour la zone euro

 Après avoir connu une croissance très favorable en 2017 (2,4%), la zone euro devrait connaître un ralentissement de son activité en 2018 (2,2% et 1,9% en 2019) . Parmi les grandes économies de l'union monétaire, la France devrait voir son PIB sérieusement ralentir dans les deux prochaines années (1,8% en 2018 et 1,7% en 2019) contre 2,3% en 2017. En Allemagne, le coup de frein devrait être moins marqué. La première économie européenne devrait voir sa croissance ralentir à 2,2% en 2018 et 2,1% en 2019 contre 2,5% en 2019.

Dans l'Europe du Sud, la croissance devrait également marquer le pas pour l'Italie (1,2% en 2018 et 1% en 2019 contre 1,5% en 2017). Au Royaume-Uni, les incertitudes qui pèsent autour du Brexit ont amené les économistes du FMI à prévoir une croissance moindre en 2018 (1,4% en contre 1,7% en 2017) avant de légèrement se redresser en 2019 à 1,5%. Du côté des Etats-Unis, la croissance américaine devrait connaître un pic de croissance en 2018 à 2,9% (contre 2,3% en 2018) avant de retomber à 2,7% en 2019 laissant penser que l'économie outre-Atlantique devrait arriver en fin de cycle cette année.

Pour les pays émergents et les pays en développement, les experts de l'institution basée à Washington anticipent une croissance de 4,9% pour 2018 et 5,1% pour 2019 avec le pétrole plus cher, la hausse des taux d'intérêt américains, les tensions commerciales et les pressions des marchés sur les devises des pays dont les fondamentaux sont les plus faibles.

Si le PIB de la Chine devrait ralentir dans les deux années à venir (6,6% en 2018 et 6,4% en 2019 contre 6,9% en 2017, la croissance de l'Inde devrait accélérer à 7,3% en 2018 et 7,5% en 2019). Enfin, concernant l'évolution des prix à la consommation, il existe de fortes divergences entre les grandes régions du monde. L'inflation devrait passer de 1,7% en 2017 à 2,2% en 2018 et se maintenir à ce taux en 2019 sans les pays avancés. Dans les pays émergents, la hausse des prix devrait se maintenir à 4,4% sur les deux prochaines années.

Incertitudes politiques

Outre les facteurs économiques, l'organisation internationale note que l'incertitude politique liée à des échéances électorales à venir, comme les élections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre prochain ou les élections européennes au printemps 2019, pourrait décourager l'investissement privé et freiner l'activité économique. La situation politique italienne préoccupe particulièrement l'institution de Bretton Woods :

"les ventes massives d'obligations italiennes à la fin du mois de mai ont de nouveau mis en évidence les profonds problèmes structurels et les maigres volants de sécurité au niveau national, ce qui représente un risque considérable pour les perspectives."

Ils évoquent également la montée des risques géopolitiques, la remise en cause du multilatéralisme et les troubles internes qui pèsent sur les projections de plusieurs pays en particulier au Moyen-Orient ou en Afrique Subsaharienne. Enfin, le dérèglement climatique pourrait encore accroître les flux migratoires et les risques économiques et humanitaires alors que les divisions en Europe sur ces sujets sont particulièrement sensibles actuellement.

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Grégoire Normand
Commentaires 10
à écrit le 18/07/2018 à 11:59
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A la date où j'écris, quelques fautes de frappes dans votre texte sur les années mentionnées : La première économie européenne .... 2,1% en 2019 contre 2,5% en 2019. Du côté des Etats-Unis, la croissance américaine ... en 2018 à 2,9% (contre 2,...

à écrit le 18/07/2018 à 11:34
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La guerre commerciale entre les USA et l'Europe est bien une lubie américaine avec un president des USA totalement fantasque qui se dedie et se contredit sur sa relation avec la Russie. Mr Trump, 45eme du nom president des USA est versatile, retourne...

à écrit le 17/07/2018 à 17:11
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"Tout est bruit pour celui qui a peur." Sophocle

à écrit le 17/07/2018 à 12:44
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Risque d’un scénario cauchemardesque et l’ombre de soi même. On se doutait que la croissance et l’ouverture économique n’étaient pas des constantes, la multi-latéralité de l’ensemble participait tout de même à une sorte d’équilibre compensatoire. ...

le 17/07/2018 à 14:02
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Et bla bla bla et bla bla bla et bla bla bla .. Encore un théoricien de ce fumeux capitalisme débridé qui a déjà ruiné le pays France en délocalisant avec l' UE les emplois vers les moins-disants salariaux et sociaux ...

le 17/07/2018 à 18:42
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Je ne vois aucun changement de l'idéologie américaine. C'est toujours la suprématie militaire qui a compté. La stratégie des crises successives a permit aux USA de rester leader économique, et surtout militaire. Une alliance des USA avec la Russie va...

à écrit le 17/07/2018 à 10:54
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Visiblement on préfère la gestion compliqué de choses simples que la gestion simple de choses compliqués, pour se sentir indispensable! Mais ces "organisations" sont faites pour gérer un empire et non pas des souverainetés!

à écrit le 17/07/2018 à 10:14
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"la France devrait voir son PIB sérieusement ralentir dans les deux prochaines années (1,8% en 2018 et 1,7% en 2019) contre 2,3% en 2017", il faudrait que les gens comprennent que 2.3% de croissance de PIB c'est inespéré et restera exceptionnel à l'a...

à écrit le 17/07/2018 à 10:12
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Trump va être viré tout simplement !

à écrit le 17/07/2018 à 10:05
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C'est une bonne nouvelle. La remise en ordre du commerce international pour sauvegarder la prospérité des US d'abord, mais aussi celle des autres pays développés, ne modifie pas les prévisions de croissance, seulement l'écart type, autrement dit les ...

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