La lutte anti-corruption rapporte 5,6 milliards d’euros au parti communiste chinois

La commission centrale de contrôle de la discipline (CCCD) a annoncé dans une note que 38,7 milliards de yuans (5,6 milliards d'euros) avaient été remis aux autorités chinoises, dans le cadre des saisies anti-corruption mises en place depuis trois ans.
Au cours de cette campagne dite de "rectification", des centaines de milliers de cadres du parti ont été enquêtés. Dans 15% des cas, ce sont les maîtresses des accusés qui collaborent avec les autorités pour révéler un scandale de corruption, selon l'agence de presse officielle chinoise Xinhua

A son arrivée au pouvoir en 2012, le président Xi Jinping a annoncé qu'il ferait de la corruption son cheval de bataille. Quelques années après, le bilan est effectif selon la CCCD. Han Jinping, son directeur, s'en félicite :

"Remettre l'argent obtenu illégalement dans les caisses de l'Etat devrait permettre de corriger les incitations économiques détournées par la corruption. Ne pas laisser les fraudeurs bénéficier économiquement est également un critère important d'un point de vue politique, juridique et social."

Outre les 20,1 milliards de yuans liquides (2,9 milliards d'euros) illégalement perçus par des cadres du parti, la commission a aussi sanctionné les impôts impayés, les cadeaux, les propriétés et les exemptions fiscales dont ont bénéficié certains officiels selon Reuters.

Une lutte contre la fraude qui reste opaque

Malgré le montant très élevé des sommes récupérées, certains officiels doutent de l'autorité de la CCCD, dont les membres opèrent en dehors de la loi et ne sont soumis à aucune transparence. Alors qu'il y a très peu de sympathie de l'opinion publique vis-à-vis des responsables corrompus qui sont tombés, des membres de la bureaucratie se plaignent du procédé, dénonçant un manque de vision à long terme.

Au cours de cette campagne dite de "rectification", des centaines de milliers de cadres du parti ont été enquêtés. Dans 15% des cas, ce sont les maîtresses des accusés qui collaborent avec les autorités pour révéler un scandale de corruption, selon l'agence de presse officielle chinoise Xinhua.

Les condamnations de la commission créent des situations dramatiques, avec des officiels qui, une fois arrêtés, laissent derrière eux une famille sans ressource. Certains préfèrent parfois se suicider avant la fin de l'enquête pour éviter que leurs proches ne soient privés de pensions par l'Etat, relève le Financial Times.

Un démantèlement intéressé

Xi Jinping avait assuré qu'il s'attaquerait aussi bien aux "tigres" qu'aux "mouches", laissant entendre que la justice serait équitable. Selon une tribune de Jean-François Dufour dans La Tribune, l'intérêt du président serait aussi de démanteler les réseaux de pouvoirs internes au Parti Communiste, appuyés sur d'importantes filières industrielles.

Des entreprises publiques, le secteur de l'énergie et l'armée ont notamment été visés par cette campagne de lutte contre la corruption. En juin dernier, Zhou Yongkang, l'ex-chef de la sécurité chinoise, a été condamné en juin à la réclusion à perpétuité. En avril, c'est le maire de la ville de Nankin qui a été arrêté pour avoir touché 1,56 million d'euros en 13 ans.

Et pourtant, selon l'organisme Transparency International, les pratiques de corruption s'aggravent actuellement en Chine, qui est passée du 80e au 100e rang dans le palmarès des pays les plus «propres» de la planète entre 2013 et 2014.

Reportage de 2 min 45 réalisé par France TV Info sur la lutte anti-corruption :

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