Les Etats-Unis se retirent de l'Unesco... et Israël leur emboîte le pas

En 2011 déjà, les Etats-Unis avaient suspendu la contribution financière à l'Unesco. Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson a annoncé ce jeudi 12 la volonté, pour le pays, d'aller encore plus loin en se retirant de l'institution. Israël n'a pas attendu longtemps pour faire de même.
Le retrait américain porte un rude coup à une institution déjà affaiblie par des difficultés financières et des luttes intestines.

(Article publié le 12 octobre à 15h25 et mis à jour en cours de journée)

Les Etats-Unis ont annoncé jeudi leur retrait de l'Unesco au 31 décembre 2018, arguant de motifs financiers mais aussi des supposés "préjugés anti-israéliens" de l'organisation de l'ONU. Israël a fait de même, quelques heures plus tard.

La directrice générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture, Irina Bokova, a précisé dans un communiqué que le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, lui avait notifié cette décision par lettre.

Une initiative qu'elle dit regretter, dans une quasi-supplique aux autorités américaines, "au moment où la lutte contre l'extrémisme violent appelle à un renouveau des efforts pour l'éducation et le dialogue des cultures".

"C'est une perte pour l'Unesco. C'est une perte pour la famille des Nations Unies. C'est une perte pour le multilatéralisme", souligne-t-elle.

Le retrait américain porte un rude coup à une institution déjà affaiblie par des difficultés financières et des luttes intestines, alors même qu'elle procède à l'élection de son prochain directeur général.

"America First"... again !

Il est une nouvelle traduction de l'unilatéralisme revendiqué de Donald Trump ("America First", "l'Amérique d'abord"), qui n'a jamais caché son scepticisme quant aux engagements multilatéraux de Washington.

Depuis son élection, les Etats-Unis se sont retirés de l'accord de Paris sur le climat de 2015, désengagés du "Partenariat Trans-Pacifique", un traité de libre-échange visant à intégrer les économies des régions Asie-Pacifique et Amérique, et ont entrepris de renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain qui les lie au Canada et au Mexique.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient cessé leur contribution financière à l'Unesco en 2011 à la suite de l'admission de la Palestine.

"Cette décision n'a pas été prise à la légère", justifie le département d'Etat américain dans un communiqué.

Elle "reflète les préoccupations américaines quant aux arriérés croissants de l'Unesco, à la nécessité d'une réforme fondamentale de l'organisation et à des préjugés anti-israéliens persistants", dit-il.

En vertu du règlement de l'Unesco, le retrait américain sera effectif le 31 décembre 2018.

"Une triste nouvelle"

Les Etats-Unis resteront pleinement membres de l'organisation jusqu'à cette date puis auront un statut d'observateur pour faire valoir leurs vues, "leur expertise" sur, notamment, "la protection du patrimoine mondial, la défense de la liberté de la presse, la promotion de la collaboration scientifique et de l'éducation", précise le département d'Etat.

Irina Bokova a rappelé la collaboration de l'Unesco avec l'écrivain américain Samuel Pisar, décédé en 2015, l'un des plus jeunes survivants de la Shoah, "afin de partager l'histoire de l'Holocauste pour lutter contre l'antisémitisme".

Le porte-parole du Kremlin, Dimitry Peskov, a déploré "une triste nouvelle". Pour Eleanora Mitrofanova, ancienne ambassadrice russe à l'Unesco, "ce n'est pas un problème, il sera plus facile pour l'Unesco de travailler sans eux" (les Etats-Unis-NDLR). "Ils n'ont été d'aucune utilité pour l'organisation ces dernières années".

Israël emboîte le pas aux Etats-Unis

Quelques heures plus tard, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé jeudi qu'Israël avait engagé les procédures nécessaires en vue de son retrait de l'Unesco lui aussi.

La décision américaine est "courageuse et morale", a dit le chef du gouvernement israélien, selon un communiqué.

Il a donné instruction à son ministre des Affaires étrangères de préparer le retrait de l'Etat Hébreu, qui était membre de l'organisation des Nations unies depuis 1949.

Actuellement, un vote pour désigner le futur dirigeant

Les 58 membres du conseil exécutif de l'Unesco votent depuis lundi à bulletin secret afin de désigner à la majorité des voix leur futur dirigeant pour un mandat de quatre ans.

Les trois premiers tours de scrutin n'ont pas suffi à départager les huit candidats. Mercredi, la Française Audrey Azoulay et le Qatari Hamad bin Abdulaziz Al-Kaouari ont obtenu chacun 18 voix devant l'Egyptienne Mouchira Khattab (13).

La candidature de la France "prend, dans ces circonstances, une signification nouvelle", déclare le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. Et d'ajouter :

"L'Unesco a plus que jamais besoin d'un projet dans lequel tous les Etats membres puissent se retrouver."

Si aucun d'eux ne parvient à la majorité de 30 voix jeudi, lors du quatrième tour, seuls les deux candidats ayant alors le plus de votes resteront en piste pour le dernier tour vendredi. Les 195 Etats membres devront ensuite entériner ce vote.

(avec Reuters)

Commentaires 4
à écrit le 13/10/2017 à 11:21
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plan de rigueur en perspective pour cette organisme peu utile .

à écrit le 13/10/2017 à 10:17
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Il est tout de même étonnant que les journalistes n'appellent pas un chat un chat et disent clairement pourquoi les USA se retirent de l'UNESCO.....il n'y a pas que "América first" et de vagues raisons financières.....

à écrit le 13/10/2017 à 8:40
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Combien il y a t-il d'organisations comme celle-là qui permettent des planques bien rémunérées à des sangsues de nos impôts ? il suffit de l'exemple français ! la Azoulay a été propulsé à l'Unesco au seul motif d'être la grande copine de la Julie du ...

à écrit le 13/10/2017 à 8:22
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Il semblerait que plusieurs décennies de guerre ininterrompue partout dans le monde a mis à mal les finances américaines et introduit le début de la fin de l'hégémonie américaine. A suivre donc :-)

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