Libye : attaques meurtrières de Daech pour s'emparer des deux principaux ports pétroliers

Daech ouvrant un front sur l'autre rive de la Méditerranée ? La menace se précise. Depuis lundi, l'organisation terroriste assiège les terminaux pétroliers d'Es Sider et de Ras Lanouf, indispensables pour l'économie du pays. Cinq énormes cuves de stockage sont en feu. Une dizaine de morts est à déplorer parmi les gardes de ces installations. Et hier, jeudi, une terrible attaque au camion piégé à Zliten (sud de Tripoli), non encore revendiquée, a tué près de quarante personnes.
Situés dans la région du "croissant pétrolier" de la côte, ces deux terminaux sont cruciaux pour l'exportation du pétrole libyen. (Photo: en décembre 2014, le port d'Es Sider (ou al-Sidr ou al Sidra) avait subi l'attaque de la milice islamiste Aube de la Libye qui s'était soldée par près de 20 morts et des dizaines de blessés)

Le danger que l'Etat islamique profite du chaos interne devient de plus en plus concret en Libye. Dans le nord du pays, où deux sites portuaires pétroliers situés à l'est de Syrte ont été attaqués par Daech lundi (le terminal d'Es Sider, plus grand site de stockage de pétrole en Libye, ainsi que celui de Ras Lanouf), cinq vastes cuves de stockage sont en flammes, a annoncé mercredi 6 janvier un représentant des services chargés de la sécurité des sites, cité par l'agence Reuters.

Quatre incendies se sont déclarés à Es Sider (ou al-Sedra, es Sidra, al Sidr selon les graphies) et un autre fait rage à Ras Lanouf (Lanuf), précise l'agence. Selon Reuters, qui cite  un membre de l'administration locale, chaque cuve contient entre 420.000 et 460.000 barils de pétrole.

Ces combats entre des gardes des installations pétrolières et le groupe Etat islamique (EI) ont par ailleurs été meurtriers. L'AFP fait état de dix morts du côté des gardes des installations pétrolières, Reuters mentionne neuf morts et une quarantaine de blessés, ainsi que de 30 corps récupérés du côté des assaillants.

L'urgence d'une entente nationale

Les affrontements ont lieu alors que l'ONU s'efforce de mettre en place un gouvernement d'union nationale en Libye, où deux autorités rivales -l'une basée dans l'Est et reconnue par la communauté internationale, l'autre siégeant dans la capitale Tripoli- se disputent le pouvoir. Un accord politique a été signé sous l'égide des Nations unies le 17 décembre au Maroc entre des membres des deux Parlements rivaux et des représentants de la société civile libyenne, prévoyant notamment la formation d'un gouvernement d'entente nationale basé à Tripoli. Il doit être entériné avant le 17 janvier par le Parlement.

L'émissaire de l'ONU Martin Kobler a de nouveau souligné mercredi la nécessité pour le Parlement libyen légitime, basé dans l'Est, d'approuver rapidement la formation de ce gouvernement, en avertissant dans un communiqué:

"Chaque jour qui passe sans que l'accord (politique signé à Skhirat) ne soit entériné, est un jour de gagné pour l'EI".

Le chef de la NOC Mustafa Sanalla, dépendant des autorités de Tripoli, a aussi dit espérer que les violences de l'EI "pourront faire réaliser aux leaders politiques de tous bords l'ampleur de la menace".

"Je les encourage de façon urgente à mettre de côté leurs différences. Nous avons besoin de nous unir contre cet ennemi commun, pas demain ou la semaine prochaine, mais maintenant", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le bassin de Syrte en ligne de mire?

Daech contrôle déjà la ville de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et a annoncé le 4 janvier avoir pris le contrôle de la ville de Bin Jawad, entre Syrte et Es Sidar.

Selon l'analyste Ludovico Carlino d'IHS, les attaques menées contre Es Sidar et Ras Lanouf, prennent deux sens. D'une part, elles entrent dans la stratégie explicite de Daech d'isoler et contrôler les ressources stratégiques de la Libye: situés dans la région du "croissant pétrolier" de la côte, ces deux terminaux sont en effet cruciaux pour l'exportation du pétrole libyen. De l'autre, ces attaques ont aussi servi à créer une diversion pendant la prise de Bin Jawad, prioritaire pour Daech car elle pourrait lui permettre prendre ensuite le contrôle de tout le bassin de Syrte.

La Libye dispose des réserves pétrolières les plus importantes d'Afrique, estimées à 48 milliards de barils. Sa production était évaluée à 1,6 million b/j en 2011 mais a chuté d'un tiers depuis.

Jeudi, une quarantaine de jeunes recrues tuées dans l'attentat à Zliten

Selon Reuters, les gardes des installations pétrolières tiennent toutefois toujours les ports d'Es Sider et de Ras Lanouf, qui étaient d'ailleurs fermés depuis plus d'un an. Cité par l'agence de presse proche des autorités de l'Est, le porte-parole de la NOC Mohamad al-Manfi a fait état mercredi en fin de journée d'un "retour au calme après deux jours d'affrontements dans la région du Croissant pétrolier", rapporte l'AFP.

Mais jeudi matin, un attentat terroriste au camion piégé visant un centre d'entraînement de la police libyenne a fait au moins une quarantaine de morts, sans doute plus, à Zliten, à 160 km à l'est de Tripoli, a déclaré le maire de la ville. Le maire, Miftah Lahmadi, a précisé que le camion avait explosé alors que des centaines de jeunes recrues étaient rassemblées. Selon la presse libyenne, la détonation a été entendue jusqu'à Misrata, à une soixantaine de kilomètres de distance.

Commentaires 5
à écrit le 08/01/2016 à 14:40
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Mais comment Daesch a t il pu passer de Syrie en Lybie avec des armes lourdes ? Par la mer ? Peu probable vu que la Méditerranée est bourrée de navires militaires occidentaux et Russes, par la terre ? Alors il aurai fallu qu'ils traversent par Israel...

le 08/01/2016 à 16:54
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c'est très simple mon cher Watson lorsque Kadhafi est tombée l'armement qu'il possédait dans son armée est tombé dans les mains des rebelles qui ont fait allégeance à dahesh ce qui n'empêche pas de se poser des questions sur le financement de cette g...

à écrit le 07/01/2016 à 19:21
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Passez devant on vous rejoint

à écrit le 07/01/2016 à 18:25
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Le chef du Gouvernement Italien n'a de cesse de tirer la sonnette d'alarme, s'agissant de la Libye : il fallait intervenir depuis septembre. Combien de tortures de crimes d'hommes, de femmes, d'enfants sont en cours, combien de monde vont devoir fuir...

le 08/01/2016 à 10:35
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exact...il le faut

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