Aucun chiffre indépendant concernant la mobilisation n'était disponible, mais elle a été bien supérieure à celle de la semaine passée, des sources sécuritaires faisant état de "plusieurs dizaines de milliers de personnes" dans la capitale.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, la télévision nationale algérienne a ouvert vendredi son journal par des images des manifestations du jour. Il n'a toutefois été fait aucune référence à leurs motivations.
A proximité de la présidence à Alger, après dispersion dans le calme de la plupart des manifestants, des affrontements ont opposé vendredi 1er mars policiers et groupes de jeunes leur jetant des pierres.
Selon des journalistes de l'AFP présents sur place, plusieurs vitrines de boutiques ont été brisées, une agence bancaire et une voiture incendiées. Une dizaine de personnes ont été blessées par matraque, pierres renvoyées par les policiers, éclats de grenade lacrymogènes ou gaz. La police a annoncé 56 policiers et 7 manifestants blessés et l'interpellation de 45 personnes.
Un manifestant de 56 ans est décédé lors d'une bousculade déclenchée par une intervention de la police contre des casseurs, a annoncé sa famille sur les réseaux sociaux, sans préciser les causes exactes de son décès.
Nombreuses manifestations dans le calme en province
En province, notamment dans près des deux-tiers des préfectures du nord du pays, à Oran et Constantine, deuxième et troisième villes du pays, mais aussi à Annaba, Blida, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Skikda, Annaba, Bouira, M'sila, Sétif, Biskra, Batna, Médéa, Tiaret et Sidi Bel Abbès, les nombreuses manifestations se sont déroulées sans incident.
C'est une contestation d'une ampleur inédite en 20 ans qu'a déclenchée M. Bouteflika, président depuis 1999, en annonçant le 10 février sa candidature à la présidentielle du 18 avril. Handicapé par les séquelles d'un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, il est pour la première fois victime de manifestations le visant directement. Le camp présidentiel a jusqu'à dimanche minuit heure locale (23H00 GMT) pour déposer dans les délais son dossier de candidature.
« L'Algérie, c'est pas la Syrie »
Dans le centre d'Alger sur la Place de la Grande-Poste, des dizaines de milliers de manifestants (hommes et femmes de tous âges) rassemblés en début d'après-midi brandissaient des drapeaux algériens, aux cris de "Pouvoir assassin". Parmi les slogans entendus : "Le peuple veut la chute du régime", "Non au 5e mandat!", "On ne va pas s'arrêter!".
A coups de dizaines de grenades lacrymogènes, La police a dispersé par grenades lacrymogènes le millier de manifestants regroupés aux cris de "Ce peuple ne veut pas de Bouteflika!" devant l'entrée de l'enceinte du Palais du gouvernement proche, siège des bureaux du Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
Bouteflika hospitalisé à Genève
Les forces de l'ordre ont jusqu'ici largement laissé faire, même à Alger où toute manifestation est interdite depuis 2001, "Nous sommes là pour encadrer la manifestation et éviter tout éventuel débordement", a ainsi indiqué un officier de police.
Mais cette semaine, le camp présidentiel a déclaré qu'il ne reculerait pas face à la rue. Face au Premier ministre Ahmed Ouyahia agitant le spectre de la sanglante "décennie noire" de guerre civile (1992-2002) en Algérie et du chaos syrien, les manifestants ont répondu en scandant "Ouyahia, l'Algérie c'est pas la Syrie!".
"La candidature de M. Bouteflika sera déposée le 3 mars, a annoncé son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal. "Personne n'a le droit d'empêcher un citoyen algérien de se porter candidat. C'est un droit constitutionnel".
Mais aucune date n'a encore été annoncée pour le retour en Algérie du chef de l'Etat, hospitalisé depuis dimanche à Genève, officiellement "pour des examens médicaux périodiques".
(avec AFP)