Pour pallier les effets de la crise, l'OCDE exhorte les Etats à miser sur l'éducation

Des bénéfices "énormes" pourraient être dégagés d'ici à 2030 si les Etats réformaient leurs systèmes éducatifs, estime l'institution. Depuis la crise de 2008, le nombre de jeunes ni employés ni scolarisés a augmenté de 5 millions dans les Etats membres de l'OCDE.

39 millions: tel est le nombre des jeunes âgés de 16 à 29 ans qui, en 2013, dans les 34 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pouvaient être considérés comme des "Neet": "neither employed nor in education or training", à savoir "ni employés, ni scolarisés". Un phénomène aggravé par la crise, puisque, avant 2008, on en comptait 5 millions de moins, et que, dans les pays les plus frappés, tels la Grèce et l'Espagne, le nombre de jeunes "Neet" atteignait en 2013 la redoutable proportion de 25%, relève l'OCDE dans un rapport publié mercredi 27 mai.

Résultat: au lieu d'être une ressource pour leurs pays respectifs, ces jeunes représentent un gâchis, voire une charge, s'inquiète l'organisation, d'autant plus qu'une bonne moitié d'entre eux - environ 20 millions - ne cherchent ni d'emploi ni de formation et disparaissent donc en quelque sorte du système.

"Sans les bonnes compétences, les gens finissent dans les marges de la société, le progrès technologique ne se transforme pas en croissance économique", met-elle en garde.

L'école, cause et remède

Parmi les principales causes de ce fléau, figurent notamment un abandon trop précoce du système scolaire, mais aussi une intégration insuffisante de l'apprentissage via le travail dans les parcours formatifs proposés, analyse l'institution.

Ainsi, 40% des jeunes ayant quitté l'école avant de compléter le cursus secondaire supérieur dispose de pauvres compétences en mathématiques comme en lecture.

Mais même ceux qui poursuivent leurs études finissent souvent par être regardés avec méfiance par les entreprises, puisque plus de la moitié des élèves du tertiaire de 22 pays de l'organisation ne bénéficient d'aucune forme de "work-based learning" (d'apprentissage) et n'ont donc aucune expérience du marché du travail.

Face à des estimations peu encourageantes du nombre des Neet en 2014, et à des prévisions encore mornes quant à la croissance des Etats membres dans les années à venir, la meilleure solution consiste donc à repartir de l'éducation, à partir du pré-primaire et jusqu'aux premiers emplois, conclut l'OCDE.

Elle considère en effet crucial que les élèves maîtrisent "au moins" les compétences et les savoirs fondamentaux, notamment en lecture et en calcul, définis dans les études "Pisa" sur les performances des élèves de 15 ans dans les pays membres, dévoilées périodiquement par l'institution.

Le Ghana pourrait tripler son PIB tous les quatre ans

En travaillant à des systèmes éducatifs plus performants, capables de doter tous les élèves de ces bases indispensables avant 2030, l'économie mondiale pourrait en effet dégager des bénéfices "énormes" en termes de croissance et de développement durable, estime le rapport.

Aux Etats-Unis par exemple, où 24% des jeunes de 15 ans échouent aux tests fondamentaux des études Pisa, un tel effort permettrait à l'économie d'engranger "27 milliards de dollars supplémentaires" durant la vie professionnelle de ces jeunes, affirme-t-il. Les pays riches de l'OCDE verraient quant à eux leur PIB global augmenter de 3,5% d'ici à 2030.

L'OCDE cite aussi l'exemple du Ghana. Si les élèves parvenaient à maîtriser les compétences de base, ce pays d'Afrique de l'Ouest serait en mesure de "tripler son PIB tous les quatre ans, pendant la vie professionnelle de ces élèves".

(Avec AFP)

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>>Voir aussi: les résultats pays par pays (site de l'OCDE)

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