Pourquoi l'Arabie saoudite mise sur Uber

Le fonds souverain de Ryad a annoncé mercredi un investissement à hauteur de 3,5 milliards de dollars dans le service américain de réservation mobile de voiture avec chauffeur. Cette annonce marque le premier coup de force d'un pays désireux de réduire sa dépendance au pétrole.
Sarah Belhadi
Uber est présent dans 5 villes d'Arabie saoudite.

Mohamed Ben Salmane, 30 ans, vice-prince héritier, s'est donné pour mission de transformer le modèle économique de l'Arabie saoudite qui tire la quasi totalité de ses revenus de la manne pétrolière. Certes, même avec la chute des prix, la production de brut est toujours rentable pour les Saoudiens, mais Ryad a conscience que son niveau de production est amené à décroître dans les années à venir. "Nous sommes en train de changer de paradigme, et avec le développement des énergies renouvelables dans le futur, l'Arabie saoudite sait qu'elle ne pourrait pas éternellement produire autant de pétrole", résume Jean-Pierre Favennec, spécialiste de l'énergie, ancien directeur du Centre Economie et Gestion de l'IFP School.

Diversifier les investissements

Fin avril, celui que l'on surnomme MBS a présenté Vision 2030, un vaste programme pour sortir l'Arabie saoudite de sa dépendance à l'or noir. Pour concrétiser ses ambitions, il s'est entouré d'une équipe choisie "plutôt sur la base du mérite qu'en fonction de considérations politiques", rappelle le Financial Times.

Parmi les architectes du projet, Yasir Al Rumayyan, banquier d'investissement, diplômé d'Harvard et ex-CEO de Saudi Fransi Capital, a été débauché en février 2015, puis missionné par le vice-prince héritier pour donner un nouveau souffle au fonds d'investissement public, le Public Investment Found (PIF). A l'origine, ce fonds, créé en 2008, était destiné à l'économie locale du Royaume. Il ambitionne désormais d'atteindre 2.000 milliards de dollars dans 20 ans (contre 80 milliards de dollars actuellement) et d'élargir son périmètre d'investissement. Le but : obtenir des rendements élevés dans des secteurs porteurs pour se défaire peu à peu des pétrodollars.

Un moyen de maintenir les traditions

En misant sur Uber - Ryad prend 5% de la valeur de la société américaine-, l'Arabie saoudite marque son premier point dans sa recherche de diversification, et apporte à la société américaine son plus gros montant jamais levé. Yasir Al Rumayyan va intégrer le conseil d'administration de la startup désormais valorisée 62,5 milliards de dollars. Il avance qu'il s'agit d'un "important investissement stratégique". Et pour cause, l'Arabie saoudite est un marché rentable. En juillet 2015, Courrier International rapportait que l'application Uber, disponible depuis 2013 sur ce marché, faisait un tabac dans le Royaume...

Si l'entrée de l'Arabie saoudite dans le capital d'Uber illustre le virage économique saoudien, elle risque aussi de conforter le pays dans ses traditions. Les femmes représentent presque 80% de sa clientèle saoudienne, note l'entreprise, se gardant bien de rappeler que l'Arabie saoudite est le seul pays du monde où elles ne sont pas autorisées à conduire...

>>>LIRE AUSSI : Pétrole : Mohamed Ben Salmane, le prince qui voulait changer l'Arabie saoudite

Sarah Belhadi
Commentaires 2
à écrit le 03/06/2016 à 19:21
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Pourquoi l'arabie saoudite coupe des têtes au sabre et crucifie en place publique? A combien se monte l'investissement de l'arabie saoudite pour l'état islamique? Combien pour la mort d'innocents?

le 11/06/2016 à 23:14
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L'Arabie coupe les têtes des tueurs des assassins quand les familles des victimes ne leurs pardonnent pas, mettez vous a la place des victimes et non des meurtriers, si vous n'êtes pas assassins ou trafiquant de drogue vous ne risquez pas la peine d...

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