Turquie : vols supendus et départ des touristes

Les Etats-Unis, l'Allemagne, la Russie et l'Iran, mais aussi les compagnies britannique et italienne ont suspendu leurs vols vers la Turquie suite au coup d'Etat manqué qui a fait 165 morts, dans l'attente d'y voir plus clair sur la situation. Le retour des touristes s'organise.

Une catastrophe pour le tourisme en Turquie. L'Allemagne, mais aussi les Etats-Unis, la Russie et l'Iran ont suspendu les vols avec la Turquie suite à la tentative de coup d'Etat manqué qui a fait 165 morts dans la nuit de vendredi à samedi.

Samedi, l'armée turque a annoncé qu'une tentative de putsch sanglante menée par des militaires rebelles contre le président turc Recep Tayyip Erdogan avait été déjouée. La situation en Turquie est "entièrement sous contrôle", a ensuite déclaré le Premier ministre turc Binali Yildirim. Le bilan de ces violences est de 161 morts (sans compter 104 putschistes tués) - et 1.440 blessés parmi les forces loyalistes et les civils, a indiqué M. Yildirim.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa a la première indiqué samedi qu'elle annulait huit de ses dix vols prévus dans la journée vers la Turquie, après la tentative de putsch militaire. Seuls deux vols vers les stations balnéaires de Bodrum et Antalya décolleront samedi, a indiqué à l'AFP un porte-parole du géant de l'aérien. La compagnie décidera dans la soirée si elle maintient ou supprime encore des vols dimanche, a-t-il ajouté.

Dans la nuit de vendredi à samedi, un porte-parole avait indiqué que Lufthansa avait décidé d'annuler "tous les vols "Turquie" jusqu'à (samedi) 12h". Cette mesure concernait initialement "au total dix vols", avait-il précisé. A la mi-journée, la compagnie a donc décidé d'en maintenir deux.

Vendredi soir, Lufthansa avait également rappelé un appareil parti de Francfort (ouest) à destination d'Ankara, selon l'agence DPA. Samedi à la mi-journée, Eurowings, la filiale de Lufthansa qui chapeaute la compagnie low-cost Germanwings et opère le gros des vols intérieurs et européens de Lufthansa, a annoncé qu'elle suspendait "jusqu'à nouvel ordre" tous ses vols entre l'Allemagne et Ankara et Istanbul, reconduisant une mesure déjà prise la veille au soir. La compagnie a annoncé un retour à la normale dimanche.

Eurocontrol, organisation intergouvernementale européenne basée à Bruxelles, à qui il revient d'organiser la sécurité aérienne sur l'espace européen, n'a annoncé aucune restriction officielle.

British Airways a également annulé ses liaisons avec la Turquie samedi alors qu'EasyJet, son concurrent britannique à bas coût, continuait à opérer normalement.

La compagnie italienne Alitalia a indiqué avoir suspendu tous ses vols vers et à destination d'Istanbul.

KLM a annulé deux vols pour Istanbul, après avoir dérouté un avion vendredi dans la soirée alors que les premières nouvelles d'un coup d'Etat arrivaient. Mais Transavia, la compagnie low-cost affiliée à KLM, a repris ses vols samedi. Air France devait assurer normalement sa liaison avec Istanbul samedi soir même si le vol a été retardé.

Le tour opérateur Jetair annonce que ses vols vers les stations balnéaires d'Antalya, de Bodrum, d'Izmir et de Dalaman samedi et dimanche sont maintenus et que les voyageurs sur le chemin du retour pourront aussi rentrer comme prévu.

Les voyagistes Alltours et TUI ont également annoncé le remboursement sans frais de tous les voyages à destination de la Turquie jusqu'à respectivement lundi et dimanche inclus.

Les Etats-Unis suspendent aussi leurs vols

Les autorités américaines ont suspendu les vols des compagnies aériennes américaines vers Istanbul et Ankara et interdisent tous les vols en provenance de Turquie qu'ils soient avec ou sans escale, après le putsch avorté, selon les services diplomatiques américains.

L'ambassade des Etats-Unis à Ankara, qui depuis le début de la tentative de putsch vendredi essaye d'informer en temps réel les ressortissants américains sur les réseaux sociaux, indique que les autorités américaines de l'aviation civile (FAA) ont "interdit tous les vols de ou vers Istanbul et Ankara".

L'ambassade souligne en particulier que la sécurité à l'aéroport Ataturk d'Istanbul "est considérablement diminuée". Elle a interdit à tout fonctionnaire américain de l'utiliser. L'ambassade indique également que "toutes les compagnies aériennes, quelle que soit leur nationalité, sont interdites de se rendre de Turquie aux Etats-Unis que ce soit avec ou sans escale". Contactée samedi la FAA n'avait pas encore répondu aux sollicitations de l'AFP pour savoir quand ces restrictions pourront être levées.

La Russie organise le retour de ses touristes

Le président Vladimir Poutine a ordonné samedi au gouvernement russe d'aider au retour dans leur pays des touristes russes se trouvant actuellement en Turquie, à la suite de la tentative de putsch militaire manquée. "Le président Poutine a ordonné au ministère des Transports et aux autres agences d'informer correctement les passagers et d'organiser leurs vols retour depuis les aéroports turcs", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l'agence Interfax.

Les compagnies aériennes russes n'opèrent pas actuellement de vols vers la Turquie mais en rapatrient les touristes vers la Russie. M. Poutine a également demandé aux autorités de prendre en charge les touristes attendant des vols vers la Turquie dans les aéroports russes.

L'agence d'aviation civile russe a indiqué samedi qu'il n'y aurait aucun vol vers la Turquie "jusqu'à ce que la situation devienne claire". La compagnie aérienne russe Aeroflot a annulé ses vols vers Istanbul et Antalya pour samedi et dimanche. Le directeur de l'agence russe de tourisme Oleg Safronov a indiqué pour sa part qu'il y avait près de 5.000 Russes actuellement en vacances en Turquie.

La Russie a levé début juillet les restrictions qu'elle avait imposées sur les voyages organisés vers la Turquie après des excuses du président turc Recep Tayyip Erdogan pour la destruction l'année dernière d'un bombardier russe par l'aviation turque, un incident qui avait provoqué une grave crise diplomatique entre les deux pays.

10.000 touristes iraniens en Turquie

L'organisation responsable du tourisme en Iran a décidé samedi de suspendre l'envoi de touristes en Turquie voisine après la tentative de coup d'État dans ce pays contre le président Recep Tayyip Erdogan. "Les agences de voyage doivent cesser d'envoyer des touristes en Turquie ou de vendre des séjours dans ce pays jusqu'à nouvel ordre en attendant le retour du calme et de la sécurité", a annoncé l'Organisation iranienne du tourisme dans un communiqué publié par les médias iraniens.

La Turquie est la principale destination des touristes iraniens qui n'ont pas besoin de visa pour s'y rendre. En 2014, près de 1,6 million d'Iraniens se sont rendus en Turquie, mais ce nombre a fortement baissé en 2015 en raison des attentats qui ont frappé ce pays, selon des chiffres publiés par les médias à Téhéran.

Par ailleurs, tous les vols d'Iran vers la Turquie ont été suspendus. Mais une autorisation a été donnée aux compagnies aériennes d'y envoyer des avions vides pour rapatrier les Iraniens qui s'y trouvent, a annoncé Reza Jafarzadeh, porte-parole de l'aviation civile à la télévision d'État.

Quelque 10.000 Iraniens se trouvent actuellement en Turquie, selon l'Organisation iranienne du tourisme, et le ministère iranien des Affaires étrangères leur a demandé de ne pas quitter leurs hôtels.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, avait exprimé la "grande inquiétude" de son pays concernant la situation en Turquie, affirmant que "les coups d'État n'ont pas leur place dans la région et qu'ils sont voués à l'échec". Il s'est depuis entretenu au téléphone à au moins trois reprises avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu.

Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN), a de son côté déclaré que "toutes les frontières" entre l'Iran et la Turquie étaient étroitement "surveillées et contrôlées". Le CCSN s'est réuni samedi pour examiner les derniers développements en Turquie, selon la télévision d'État iranienne.

Commentaires 2
à écrit le 17/07/2016 à 9:51
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Quelle idée d'aller passer ses vacances en Turquie en ce moment sous ce dictateur Erdogan !

le 17/07/2016 à 18:35
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@dilembue: quelle idée de partir en retraite ou d'aller en vacances dans tous ces pays où "l'infidèle" est une cible privilégiée !! Et pourtant :-)

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