Robots : les propos alarmants de la Banque mondiale sur l'emploi

Par latribune.fr  |   |  541  mots
"En pleine crise et avec ces aspirations, nous devons changer nos manières de travailler dans une finance en développement", a déclaré le directeur de la Banque mondiale.
"Deux tiers des emplois pourraient être détruits à cause de l'automatisation des tâches" selon le directeur de la Banque mondiale Jim Yong Kim. Ce constat, qui concerne les pays en développement, risque de relancer la polémique sur la place des robots sur le marché du travail.

Ces déclarations risquent de susciter des inquiétudes sur la destruction des emplois liée à l'automatisation. Invité à une conférence à Los Angeles par le Milken Institute ce lundi premier mai, le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim a déclaré que "deux tiers des emplois pourraient être détruits à cause de l'automatisation dans les pays en développement".

L'Ethiopie et la Chine très menacées

Dans son intervention, le médecin de formation a pris en exemple quelques pays où les risques de destruction d'emplois sont particulièrement marqués. En Ethiopie, 85% des emplois pourraient être détruits contre 77% en Chine ou 72% en Thaïlande d'après des propos rapportés par Business Insider. Selon le responsable de l'institution internationale, ce sont surtout les pays les plus pauvres, les plus industriels ou ceux qui ont bénéficié de délocalisations des sites de production qui seraient les plus touchés

De multiples avertissements

Le docteur en anthropologie avait déjà prononcé de multiples avertissements, notamment lors d'une rencontre organisée entre la Banque mondiale et le FMI le 20 avril dernier :

"Nous estimons que deux tiers des emplois qui existent actuellement dans les pays en développement risquent d'être anéantis par l'automatisation. En même temps, internet, les smartphones et les réseaux sociaux permettent à chacun de voir ce que les autres vivent, ce qui pourraient faire naître des aspirations chez les gens pour parcourir le monde. Je le vois partout où je vais. En pleine crise et avec ces aspirations, nous devons changer nos manières de travailler dans une finance en développement. Nous devons trouver de nouvelles façons d'innover pour atteindre les plus pauvres et rendre le monde plus sûr et plus stable pour l'aider à grandir".

Par la suite, il a expliqué que les risques liés à l'automatisation s'ajoutent aux autres crises que connaissent certains de ces pays : conflits, changement climatique, réfugiés et famines. Jim Yong Kim insiste donc pour que la Banque mondiale entame des discussions avec le secteur privé pour trouver des solutions pour le marché du travail dans les années à venir.

Des projections très diverses

Il est complexe d'avoir une estimation consensuelle de l'impact de l'automatisation sur le marché du travail.

"Personne ne peut prévoir l'impact du changement technologique [sur le marché du travail] dans les prochaines décennies [...] Ce qui est clair en revanche, c'est que les élus doivent faire face à une course entre la technologie et l'éducation, et les gagnants seront ceux qui vont encourager à l'amélioration des compétences et tout ce qui pourrait être bénéfique pour le monde numérique". soulignait justement la Banque mondiale dans un rapport publié l'an passé.

Plusieurs projections et études proposent des chiffres inquiétants sur la destruction d'emplois dans les prochaines années. A l'inverse, d'autres études d'économistes ont souligné dans le même temps que l'automatisation avait créé plus d'emplois qu'elle n'en n'avait détruit sur les 140 dernières années au Royaume-Uni par exemple. La vraie différence sur le marché du travail pourrait donc s'observer entre les niveaux de développement des pays.

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