Scandale Wirecard : le cabinet EY savait depuis des années, affirme le FT

Quatre ans avant l'effondrement de Wirecard, le cabinet d'audit EY avait été informé de soupçons de fraude à l'encontre de l'entreprise allemande, selon de nouvelles révélations du Financial Times ce mercredi.
Le 25 juin 2020, la société se déclare en faillite et dépose le bilan.
Le 25 juin 2020, la société se déclare en faillite et dépose le bilan. (Crédits : Lisi Niesner)

Quatre ans avant l'effondrement de Wirecard, du nom de cette société allemande accusée d'une gigantesque fraude comptable, le cabinet d'audit EY avait été mis au courant d'irrégularités. C'est ce qui ressort des nouvelles révélations du Financial Times ce mercredi. Une information qui jette encore le doute sur les implications de divers protagonistes, responsables d'un trou de près de 2 milliards d'euros dans le bilan de la Fintech, autrefois qualifiée de championne de la Tech au niveau européen.

Selon nos confrères britanniques, qui citent une enquête de KPMG, l'autre cabinet d'audit membre des "Big Four" (avec Deloitte, PwC, et EY), et donc concurrent de ce dernier, "un lanceur d'alerte anonyme d'EY a déposé en mai 2016 une lettre au siège d'EY Allemagne à Stuttgart", alertant le cabinet sur le fait que "des cadres supérieurs de Wirecard ont pu commettre une fraude et que l'un d'entre eux a tenté de soudoyer un auditeur" en Inde.

Jusqu'en 2018, EY valide les comptes de Wirecard

EY, qui auditait les comptes de Wirecard depuis une dizaine d'années, n'a jamais rien trouvé à redire jusqu'en 2018, note le FT. Il faudra attendre 2019, et des premières révélations du FT, pour lever le voile sur de nombreuses dérives supposées de Wirecard. Plus tard cette même année, de nouvelles révélations du FT accablent un peu plus l'entreprise jusqu'à novembre 2019, lorsqu'EY refuse finalement d'apporter sa certification sur les comptes de 2017.

Depuis, le cabinet EY est sous le coup d'une investigation en Allemagne, diligentée par l'autorité de régulation et certification des comptes (Apas). Le mois dernier, le PDG d'EY Carmine Di Sibio avait déjà exprimé ses "regrets" que la fraude "n'ait été détectée plus tôt", tout en assurant qu"en fin de compte EY avait fini par réussir à détecter la fraude".

Dans la note produite par KPMG, d'autres suspicions de malversations sont pointées. Il serait aussi question de rachats d'entreprises par Wirecard en Inde via une entreprise basée à l'Ile Maurice et enregistrée sous le nom "Emerging Market Investment Fund 1A". Une entité opaque qui aurait permis aux dirigeants de Wirecard de se prêter à de nombreux conflits d'intérêts, comme l'écrivait le lanceur d'alerte cité par la note de KPMG.

Début août, le FT révélait également l'implication de la mafia italienne dans cette affaire, Wirecard ayant participé au blanchiment de l'argent reçu par un casino en ligne, basé à Malte, lui-même relié à un réseau mafieux.

Un effondrement brutal

Suite aux premières révélations du FT, le président et fondateur de Wirecard, Markus Braun, finira par démissionner le 19 juin 2020. Trois jours plus tard, l'entreprise admet qu'une somme de 1,9 milliard d'euros, bien qu'inscrite à son bilan, n'existait "très probablement" pas. Le 25 juin 2020, la société se déclare en faillite et dépose le bilan. M. Braun est actuellement en détention provisoire en Allemagne et il nie toutes les accusations.

Parmi les autres anciens dirigeants poursuivis, le responsable des opérations, Jan Marsalek, soupçonné d'être au cœur de détournement d'actifs de l'entreprise et de manipulation du cours boursier, est toujours en fuite.

Nouvelle perquisition à Munich

La veille de ces dernières révélations du FT, la justice allemande a mené mardi une nouvelle perquisition visant le siège de la société allemande de paiements. Les enquêteurs du parquet de Munich étaient accompagnés de fonctionnaires de l'Office fédéral de la police criminelle, et les perquisitions visent des soupçons de blanchiment d'argent au sein de la firme de Aschheim, dans la banlieue de Munich, écrit le quotidien Süddeutsche Zeitung. Interrogé par l'AFP, le parquet de Munich n'a pas voulu commenter ces informations.

Plus de la moitié des 1.300 employés restants en Allemagne chez Wirecard seront licenciés dans le cadre du démantèlement de la société financière.

Lire aussi : Scandale Wirecard : la gigantesque fraude de la fintech expliquée en 5 points

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 01/10/2020 à 9:15
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On commence à cumuler les preuves de la profonde nuisance que représente la finance non ? Un crime contre l'humanité.

à écrit le 30/09/2020 à 23:02
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Ahhh !! Le petit monde merveilleux des cabinets d'audit-commissaires aux comptes !!

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