Scorsese, Di Caprio et Pitt à la rescousse de Macao, le temple du jeu

Macao, l'ancienne colonie portugaise rattachée à la Chine en 1999, inaugure ce mardi soir un nouveau casino en grande pompe, dans un contexte où la lutte anti-corruption du gouvernement chinois affecte le secteur.
Sarah Belhadi
En septembre, Macao a vu ses revenus tirés des jeux d'argent reculer pour le 16e mois d'affilée, et enregistrer un repli sur un an de 33%.

Après des années fastes, le temple historique du jeu a la gueule de bois : le territoire est frappé de plein fouet par une campagne anti-corruption en Chine menée par le président Xi Jinping. C'est dans ce contexte que les trois stars d'Hollywood, Leonardo DiCaprio, Martin Scorsese et Robert De Niro doivent inaugurer un nouveau casino sur l'île de Macao, ce mardi 27 octobre.

Remake de "Casino" à Macao

"Studio City"-le nouveau temple du jeu-, qui a coûté la modique somme de 3,2 milliards de dollars, sera donc marqué par la projection de "The Audition", un court-métrage d'un quart d'heure commandé... à Martin Scorsese, qui n'est autre que le réalisateur de "Casino". Sorti en salle en 1995, le film entraîne le spectateur dans l'univers du jeu à Las Vegas en compagnie d'un De Niro, qui campe -une fois n'est pas coutume- un parrain.

Plusieurs médias américains rapportent que le court-métrage projeté ce mardi soir aurait coûté 70 millions de dollars, et que les trois stars hollywoodiennes auraient touché chacune la bagatelle de 13 millions de dollars pour y faire une apparition - une information démentie par le promoteur du projet, Melco Crown Entertainment.

Jusque-là, l'événement pourrait paraître anecdotique et être relayé dans les pages people des journaux. Il est pourtant au cœur de la stratégie des magnats du jeu qui cherchent à pallier la baisse de leurs revenus, et à séduire à coup d'opérations commerciales.

Il y a quelques mois, Macao s'était déjà offert les services de l'ex-footballeur David Beckham pour tenter de se défaire de sa réputation sulfureuse. Et attirer de nouveau une clientèle qui se fait plus discrète.

Temple du jeu pharaonique cherchent clients fortunés mais

"Nous espérons que l'ouverture de Studio City servira de catalyseur pour augmenter les revenus des jeux d'argent", a plaidé Lawrence Ho, le co-président de la compagnie Melco Crown Entertainment, lors d'une conférence de presse lundi.

Les promoteurs de ce complexe hôtelier flambant neuf -qui revendique notamment la plus imposante grande roue d'Asie et un simulateur de vol tout droit sorti de Batman- se montrent optimistes quant à leur investissement. Mais leur détermination contraste avec le contexte.

En septembre, Macao a vu ses revenus tirés des jeux d'argent reculer pour le 16e mois d'affilée, et enregistrer un repli sur un an de 33%.


La croisade anti-corruption du gouvernement chinois...

Seul territoire chinois où les jeux d'argent sont autorisés, Macao a ravi dès 2002 la place de capitale mondiale du jeu en terme de chiffre d'affaires... à Las Vegas, quitte à rendre l'américaine ringarde. En 2013, le chiffre d'affaires de ce business atteint la bagatelle de 45 milliards de dollars, soit 7 fois plus que Las Vegas.

Macao compte aujourd'hui plus de 8.000 machines à sous, 32 casinos en activité, 8 en construction... mais aussi 100 milliards de dollars blanchis par an, d'après une enquête du Guardian.

... conduit à une chute des revenus du jeu et des cours de Bourse

Mais en 2013, le président chinois Xi Jinping sonne la fin de la récréation, et décide de faire le ménage. Il aspire alors, selon des termes rapportés par l'AFP, à "moraliser la nomenklatura".

Concrètement, Xi Jinping souhaite mettre un terme aux dépenses somptuaires des dignitaires du régime et au blanchiment d'argent. L'année suivante, l'argent coule moins dans les casinos de Macao, et la fréquentation des temples du jeu est en chute libre. Entre 2014 et 2015, les revenus baissent de 40%.

Les actions de six exploitants de casinos, y compris les compagnies de casinos américaines Las Vegas Sands Corp., Wynn et MGM Resorts International ont chuté en moyenne de 56% au cours des douze derniers mois, rapporte un article du Wall Street Journal début octobre.

Pourtant, la corruption aurait encore augmenté

Une autre mesure mise en place il y a quelques semaines ne devrait pas arranger les affaires des magnats du jeu. Pour mettre un terme à l'argent sale en circulation, les retraits de cash dans les distributeurs automatiques de billets sont désormais limités pour les touristes chinois. De quoi dissuader les plus flambeurs de dépenser dans les casinos de Macao.

Pour autant, et malgré les mesures adoptées pour lutter contre la corruption, la Chine ne parvient pas à se défaire de ce type de pratique. Ainsi, l'empire du milieu est passé du 80e au 100e rang dans le classement de Transparency International sur la corruption entre 2013 et 2014.

Sarah Belhadi
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