Sous pression, l'Arabie saoudite se défend d'asphyxier le Qatar

Riyad se défend de tout "blocus" contre le Qatar après que plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la Russie, ont émis des critiques sur la situation créée par le royaume wahhabite.
Le Kingdom centre de Riyad.

L'Arabie saoudite s'est défendue mardi de toute volonté d'imposer un blocus au Qatar, mis au ban pour son soutien supposé au "terrorisme", en réponse aux inquiétudes de nombreux pays, dont les Etats-Unis et la Turquie.

En rompant le 5 juin avec Doha, Riyad et des pays arabes ont interdit leurs espaces aériens à ce pays et imposé des restrictions au commerce et au déplacement des personnes, l'Arabie saoudite fermant sa frontière terrestre avec le Qatar.

"Il n'y a pas de blocus contre le Qatar [...], les ports sont ouverts, les aéroports sont ouverts", a souligné le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Jubeir, en visite à Washington. "Nous leur avons interdit notre espace aérien, ce qui est notre droit souverain", a-t-il dit, ajoutant que "les limitations d'utilisation de l'espace aérien saoudien ne concernent que les compagnies qataries et les appareils qui sont la propriété de Qatariotes".

"Techniquement, cela n'est pas un blocus. Le Qatar peut importer et exporter des biens quand il veut. Ils ne peuvent juste pas utiliser nos eaux territoriales", a ajouté Adel al-Jubeir. "Nous sommes prêts à approvisionner (le Qatar) en vivres et en médicaments, si nécessaire", a-t-il poursuivi.

Etats-Unis, Turquie, Russie et Iran critiquent la position saoudienne

  • Le secrétaire d'Etat américain demande un "allègement" des sanctions

Le ministre saoudien a tenu ses propos après avoir rencontré son homologue américain, Rex Tillerson, qui avait souhaité "l'allègement" des mesures économiques contre le Qatar en dépit de la position plus dure du président, Donald Trump, qui avait, lui, sommé ce pays d'"arrêter immédiatement" son financement des mouvements "terroristes".

  • La Turquie juge "inhumain" le choix de Riyad

Sans critiquer frontalement le royaume wahhabite avec qui il veut développer des relations bilatérales, le président turc Recep Tayyip Erdogan a défendu Doha comme à son habitude. Il a assuré que le Qatar était un pays contre lequel "une peine de mort avait en quelque sorte été prononcée""S'efforcer d'isoler un pays dans tous les domaines [...] est inhumain, contraire [aux valeurs de] l'islamJe pense qu'en tant qu'aîné du Golfe, le roi d'Arabie saoudite devrait résoudre cette affaire, faire preuve de leadership", a-t-il déclaré.

Le président turc a aussi indiqué mardi qu'il devait avoir un entretien par téléconférence avec le président français, Emmanuel Macron, et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. La Turquie entretient des rapports privilégiés avec le Qatar, richissime émirat gazier avec lequel elle a des relations commerciales importantes.

  • La Russie pointe des effets néfastes sur la situation en Syrie

Le président russe, Vladimir Poutine, s'est entretenu par téléphone avec le roi Salmane. Il a évoqué, selon le Kremlin, "l'aggravation de la situation au Qatar qui, malheureusement, n'est pas propice à la consolidation des efforts conjoints pour le règlement de la situation en Syrie".

  • L'Iran propose d'établir un "mécanisme" de résolution des conflits

L'Iran, autre soutien du Qatar, a proposé par la voix de son chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, "d'établir un mécanisme permanent de consultation, de conversation et de résolution des conflits dans notre région". L'Iran a déjà envoyé des tonnes d'aide alimentaire au Qatar, ostracisé par ses voisins en raison notamment de son rapprochement avec Téhéran.

Doha pointe l'hypocrisie de ses détracteurs sur l'Iran

Le Qatar reste quant à lui sur une ligne dure en réaffirmant son indépendance, notamment en matière de politique étrangère, jugée favorable aux islamistes par ses voisins, et en défendant ses liens avec l'Iran. "Les accusations [contre le Qatar] n'ont aucun fondement et aucune logique", a affirmé l'ambassadeur du Qatar auprès de l'Union européenne, Abdel Rahmane al-Khulaïfi.

Il a toutefois souhaité "un succès" de la médiation menée par l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, dont le pays n'a pas rompu avec le Qatar, et s'est dit certain qu'elle sera soutenue par d'autres pays, notamment les Etats-Unis.

Monsieur Khulaïfi a souligné que son pays ne pouvait pas tourner le dos à l'Iran, avec lequel il partage le deuxième champ gazier du monde. "Comment peut-on créer de l'animosité avec un pays qui partage avec nous un champ gazier ?" s'est-il demandé, relevant que les pays arabes qui reprochent à Doha son rapprochement avec Téhéran ont parfois des liens économiques plus solides avec l'Iran. "Le Qatar peut être considéré comme le cinquième partenaire commercial de l'Iran mais le premier est la Chine et le deuxième sont les Emirats arabes unis".

(avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 14/06/2017 à 17:01
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Le monde des affaires aimerait bien que les signataires de gros chèques continuent de faire des gros chèques et arrêtent de se chamailler pour des "broutilles", il y a une seule chose importante en ce monde, l'argent, le reste ne mérite pas qu'on y p...

le 16/06/2017 à 10:53
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Le monde de l'armement occidental aimerait bien "pigeoner" ces arabes remplis de fric à ne pas savoir quoi en faire.

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