Suisse, France, Danemark, qui détient la recette du bonheur ?

Une enquête du World Happiness Report publiée le 23 avril identifie la Suisse comme le pays le plus heureux au monde. Mais sur quels critères mesurer le bonheur ? Explications.
La course des couleurs, qui a eu lieu en avril 2015 dans le 29e pays le plus heureux au monde (la France), prône un mode de vie sain et soutient des associations charitatives.

Mi-avril, le PDG américain Dan Price décidait de porter à 65.800 euros le salaire annuel de chacun de ses 120 employés pour augmenter leur bien-être. Son argumentation : le bien-être émotionnel croît proportionnellement avec le revenu. Mais peut-on en conclure qu'ils seront heureux ? Et si le PIB par habitant des Sud-Coréens dépassait bientôt celui des Français, laissant penser que leur niveau de vie serait meilleur, faudrait-il penser de même ?

Six critères pour mesurer le bonheur

Sûrement pas, à en croire les auteurs du Rapport mondial sur le bonheur. Pour les professeurs américains John Helliwell, Richard Layard et Jeffrey Sachs, le produit intérieur brut par habitant - dans un sens plus large, le revenu - n'est que l'une des six principales composantes du bonheur.

Il faut aussi prendre en compte l'espérance de vie en bonne santé et le sentiment d'avoir quelqu'un sur qui compter en cas de problème (nommé "support social"). Avec le PIB par habitant, ce sont les trois principaux facteurs de bonheur. Mais la confiance d'avoir un gouvernement et des entreprises non corrompues, le sentiment d'être libre dans ses choix de vie, et enfin la générosité importent aussi.

C'est ce que montre le Rapport mondial sur le bonheur qui dresse le classement des pays dont la population est la plus heureuse au monde, classement construit par les trois chercheurs à partir des réponses aux sondages de l'institut Gallup World Poll, menés dans 158 pays entre 2005 et 2014. À noter que cette méthodologie diffère de celle du "bonheur intérieur brut" (BIB), qui prend en compte des critères de croissance et développement, de conservation de la culture, de sauvegarde de l'environnement et de gouvernance responsable.

Et les plus heureux du monde sont...

D'après les données compilées par les analystes du Rapport mondial sur le bonheur, ce sont les Suisses dont la vie s'approchait le plus, entre 2012 et 2014, de "la meilleure vie possible". Ces-derniers gratifient en effet leur existence d'une note de 7,6 sur 10. Tout en bas du classement, les Togolais ont été les plus malheureux, considérant leur vie proche de "la pire vie possible" avec une note de 2,8 sur 10.

World Happiness report 2015

World Happiness report 2015

Lecture : Sur une échelle allant de "la pire vie possible" (note de 0/10) à "la meilleure vie possible" (note de 10/10), les Français donnent à leur vie une note de 6,5/10. Le PIB par habitant (en bleu clair) ainsi que le sentiment d'avoir autour de soi quelqu'un sur qui compter (en jaune) contribue pour un peu plus d'un point au sentiment de bonheur. Mais l'espérance de vie en bonne santé (en rouge), la liberté dans les choix de vie (en bleu foncé), la générosité (en vert) et la perception de corruption (en violet), contribuent également à rendre les Français heureux. Crédits : World Happiness Report 2015.

Plus forte baisse de moral pour les Grecs

Pourtant, les Suisses n'ont pas toujours été en tête des peuples les plus heureux au monde. En 2013, c'étaient les Danois qui occupaient le haut de la liste, suivi des Norvégiens. Les Français, eux, étaient 25e, juste devant les Allemands, contre 29e aujourd'hui.

Les auteurs de l'étude ont d'ailleurs comparé le bonheur des individus entre 2012 et 2014 par rapport aux années 2005 - 2007, une façon de mesurer en termes non économiques, l'impact de la crise économique de 2008. D'après leurs calculs, c'est sur le moral des Grecs, puis des Égyptiens et des Italiens qu'elle a eu l'effet le plus dévastateur. Au Japon, où la centrale de Fukushima a explosé en 2011, le moral a aussi baissé. Mais à en croire les chercheurs, il aurait pu en être autrement.

Certaines populations ou gouvernement seraient en effet "capables de tirer partie des chocs économiques ou des catastrophes naturelles pour maintenir et même améliorer le bien-être subjectif".

Comment ? John Helliwell, Richard Layard et Jeffrey Sachs insistent notamment sur la nécessité de prendre en compte le concept de bonheur dans l'élaboration des politiques.

Deux recommandations pour des citoyens plus heureux

Pour tordre le cou à la traditionnelle analyse économique "coûts/bénéfices", les auteurs proposent par exemple, lors de l'évaluation des dépenses publiques, de se poser la question: "de combien augmente le bonheur de la population par euro supplémentaire dépensé dans ce secteur ?". Et pour répondre à cette question, rien de mieux que de faire participer les citoyens à la délibération politique :

"Peu importe le niveau de PIB, le bonheur réside plus dans l'inclusion de la population à la prise de décision que dans le résultat final", note l'étude.

Enfin, pour rendre les citoyens heureux, mieux vaut se préoccuper de leur bonheur dès leur enfance. N'en déplaise aux parents, les chercheurs concluent qu'il vaut mieux favoriser le développement émotionnel des enfants plutôt que leurs résultats académiques.

Commentaires 6
à écrit le 27/04/2015 à 12:00
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J'ai cessé de croire a la crédibilité de cette étude lorsque j'ai vu le Brésil a la 16eme place du classement. Quant on connait les inégalités sociales de ce pays, son système de santé et sa corruption généralisée, on rigole qu'il soit devant le Luxe...

le 27/04/2015 à 16:02
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Tout à fait d'accord. C'est de la bouffonnerie anglo-saxonne. Ce qui est dommage, c'est que les médias francais continuent à répercuter de telles sottises..quand vont-ils apprendre à ne plus se laisser manipuler par les anglo-saxons ?

à écrit le 27/04/2015 à 11:40
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Et l'ennui, cela fait partie des critères du bonheur, semble-t-il !!!! La Suisse et l'Islande ?? Quelle joie de vivre !!! Et puis le soleil, la Méditerranée, la culture, la convivialité, ah, oui !! Que voilà un bon choix !!! Tout le monde accourt, ma...

le 27/04/2015 à 17:10
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L'Islande pays splendide mais où 98,5% de la population tire une tête comme ça (il y a nettement plus accueillant). L'Argentine pays que je connais aussi très bien au même rang que la France avec la corruption généralisée un système de santé antédilu...

à écrit le 27/04/2015 à 11:18
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C'est peut-être pour cela que la Suisse est la première terre d'asile des français devant l'Angleterre, la Belgique et les EU. Ceci bien en plus des 200'000 frontaliers qui vont travailler en Suisse. Que du bonheur ce grand voisin!!!!

à écrit le 27/04/2015 à 10:12
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je ne dirais que : prix Nobel d'économie pour le pdg Dan Prince.

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