Tianjin, la catastrophe industrielle censurée par le gouvernement chinois

Alors que la Chine est encore sous le choc de la catastrophe industrielle de Tianjin, le gouvernement -embarrassé par les révélations et interrogations des médias et internautes- a procédé à la fermeture de 50 sites Internet. De nombreux messages de Weibo, le réseau social chinois, ont également été supprimés.
Le gouvernement souhaite garder le contrôle sur ce qui est dit sur la toile à propos de la catastrophe. D'autant que 650 millions de Chinois, en moyenne, se connectent sur le réseau.

L'information a été révélée par le Quotidien du Peuple, l'organe de presse officiel du Comité central du Parti communiste chinois, deux jours seulement après la catastrophe. Du cyanure de sodium, à un niveau 27,4 fois plus élevé que la normale, était entreposé sur le site portuaire où se sont produites les trois gigantesques explosions. Si le produit est en contact avec le feu, il se décompose à la chaleur et libère alors du cyanure d'hydrogène et des oxydes d'azote. Les individus en contact avec ce produit peuvent développer différents types de pathologies: cela peut aller de l'intoxication légère jusqu'à la mort, en fonction de l'exposition.

Afin d"éviter la propagation de ces substances, les autorités chinoises ont évacué, samedi, la zone proche du site de la catastrophe de Tianjin. Mais elles n'apprécient pas pour autant le traitement médiatique sur le sujet.

Ainsi, l'article du journal les Nouvelles de Pékin, affirmant qu'au moins 700 tonnes de cyanure de sodium étaient entreposées sur le site et que des doses importantes se trouvaient dans les eaux usées des environs, n'était plus disponible le vendredi 14 août sur l'Internet chinois.

La Chine ferme 50 sites Internet pour propagation de "rumeurs"

Depuis la catastrophe de jeudi dernier, le gouvernement surveille, et n'hésite pas à prendre des mesures fortes. Ainsi, 50 sites ont été fermés par le bureau de censure pour avoir colporté des "rumeurs" qui ont incitées les internautes "à la panique", selon le magazine Quartz. L'administration de l'internet chinois a clôt 18 d'entre eux "pour un temps indéfini" tandis que 32 sont suspendus temporairement.

Le gouvernement souhaite démentir les révélations faites par les médias auprès de la population en les faisant passer pour des rumeurs. Officiellement le bilan, provisoire, de la catastrophe serait de 114 morts et 70 disparus, mais les sites chinois estiment que plus de 1.000 personnes sont décédées. Cette information est relayée par l'agence de presse indépendante Boxun, qui affirme avoir eu accès à un rapport de police faisant état d'au moins 1.400 morts et 700 disparus. L'agence connait bien la pression exercée par l'autorité, Xiang Nanfu, un de leurs journalistes avait été arrêté, en mai dernier, selon l'organisation Amnesty International.

Ce n'est pas la seule "rumeur" que les journaux sont accusés de rependre à leur compte. Certains relais d'informations affirment qu"il n'y avait pas un survivant à un kilomètres de l'explosion", ou évoquent le pillage des centres commerciaux aux alentours du site. Fait ironique, si les autorités n'admettent pas la présence des pillards dans les magasins, ils apprécient les articles sur leurs arrestations.

Ce n'est pas la première fois que la Chine contrôle la représentation médiatique des événements qui secouent le pays. A Hong Kong, en octobre dernier, 20 journalistes de la chaîne locale Television Broadcast dénoncent dans une lettre ouverte, l'autocensure dans la couverture du passage à tabac d'un participant au mouvement "Occupy Central", comme le rapporte Amnesty International.

Des réseaux sociaux sous surveillance

Les sites de partage et de micro-blogging font aussi l'objet de cette censure. Le gouvernement cherche à maîtriser les publications sur Weibo, le twitter chinois et troisième réseau social du pays avec 600 millions d'utilisateurs en 2015. De nombreux commentaires négatifs sur la catastrophe industrielle présents sur le site de microblogging ont été supprimés. D'autres utilisateurs n'ont juste pas pu publier leurs messages.

La surveillance des autorités fait partie intégrante de l'internet chinois, peu-être une des raisons au fait que 62% des 650 millions d'utilisateurs ne révèlent pas leurs vraies identités. Les réseaux sociaux occidentaux ( Facebook, Twitter, Instagram, Google, et YouTube) étant interdits, les internautes utilisent RenRen, Tencent QQ, Weibo, QZone et We Chat, leurs équivalents locaux.

Garder son anonymat sur la toile semble nécessaire dans le pays. Selon Amnesty International, en 2013, le Parti communiste met en place un groupe chargé de "coordonner la sécurité de l'internet", dont la mission consiste à lutter "contre la pénétration idéologique" des "forces étrangères hostiles". Depuis les autorités ont procédé à l'arrestation et l'emprisonnement de militants dont les publications sur internet avait été vues plus de 5.000 fois ou partagés plus de 500 fois.

Commentaires 3
à écrit le 19/08/2015 à 5:15
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Censuré hein ? Beurkkkkk ! Ah ! C'est pas chez nous qu'une chose pareille pourrait arriver ? Tenez par exemple, lorsqu'on nous a dit qu'il N'Y AVAIT AUCUN DANGER DE RETOMBÉE SUR LE TERRITOIRE français APRÈS TCHERNOBYL ? Ben c'était vrai ! D'aille...

à écrit le 18/08/2015 à 21:46
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Je me suis déjà étonné et je m'étonne encore que l'on ne dénombre "que" 114 Morts quand on constate l'ampleur des dégâts. La Chine ne fait pas exception à la règle, tous les Etats ont tendance à minimiser les chiffres, C'est un peu comme pour le nomb...

le 19/08/2015 à 13:06
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Ben moi je suis avec une grande curiosité sur ce site les articles écrits à partir des communications économiques officielles de la Chine et je suis toujours "épaté" (pour ne pas dire autre chose !) : depuis octobre 2013, la croissance baisse toujour...

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