Un accord à l'OCDE sur la suppression des aides au charbon est peu probable

Depuis plus d'un an, l'OCDE essaie de mettre sur pied un accord préconisant la suppression des aides publiques dans le secteur du charbon, l'énergie fossile la plus polluante après le pétrole. Mais pour l'instant c'est la discorde qui règne entre gouvernements de la zone, sans parler des ONG. Petit aperçu de la situation à un mois de l'échéance.
Les aides à l'exportation des centrales au charbon auront peu de chances d'être supprimés le mois prochain. La conférence de Paris, en décembre, sur le changement climatique ne semble pas très bien engagée.

Les pays les plus industrialisés du monde auront sans doute du mal à conclure le mois prochain un accord sur la suppression des aides à l'exportation de centrales au charbon, ce qui risque de compliquer la recherche d'un compromis global sur le changement climatique lors de la conférence de Paris en décembre, disent les responsables politiques et organisations non-gouvernementales.

L'assurance-crédit à l'export permet aux pays développés de favoriser la construction de centrales à charbon et l'extraction de charbon dans les pays pauvres, une pratique de plus en plus critiquée par les promoteurs d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le charbon : l'énergie fossile qui pollue le plus

L'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) cherche depuis un an à conclure un accord sur la suppression de ces aides publiques au secteur du charbon, l'énergie fossile la plus polluante.

Mais responsables politiques et ONG jugent difficile de conclure un compromis lors des discussions au niveau ministériel la semaine prochaine et lors d'une réunion du groupe de travail sur le sujet prévue du 9 au 12 juin. L'OCDE n'était pas disponible pour un commentaire.

Un responsable de l'Union européenne, qui a requis l'anonymat, a expliqué que les pays au sein de l'OCDE les plus défavorables à un compromis étaient le Japon au plan mondiale et l'Allemagne au sein de l'UE.

"Une honte pour les pays riches"

La France, qui accueillera la COP21, veut limiter les aides à l'export aux technologies permettant de capturer et de stocker les émissions de carbone, une position que l'Allemagne juge irréaliste. Berlin plaide pour la fin du soutien public aux technologies liées aux énergies renouvelables.

Les utilisateurs de crédit à l'export, comme le français Alstom, assurent contribuer à la limitation des émissions globales en favorisant le recours à des technologies plus efficaces que celles utilisées dans des pays tels que l'Inde.

Rachel Kyte, vice-présidente et envoyée spéciale pour le changement climatique de la Banque mondiale, a déclaré à Reuters que la construction de nouvelles centrales au charbon pourrait être justifiée dans les pays les moins développés si une partie importante de la population n'avait aucune autre option en termes de sources d'énergie.

"Un échec signifierait maintenir le statu quo de la politique pro-charbon obsolète de l'OCDE, une honte absolue pour les pays riches l'année de la Conférence des parties", a déclaré Sébastien Godinot, économiste du WWF.

En l'absence d'accord à l'échelle de l'OCDE, le WWF prévoit de faire campagne au niveau des Etats et de l'UE.

Les énergies renouvelables beaucoup moins subventionnées que les énergies fossiles

Les pays du G20 accordent environ 70 milliards d'euros par an pour l'exploration des énergies fossiles, selon un calcul réalisé par un think tank indépendant et une ONG pro-environnementale, Overseas Development Institute et Oil Change International, publié dans un rapport, le mardi 11 novembre 2014.

Les deux organisations ont distingué les subventions versées par des entreprises d'Etat (estimées à 49 milliards de dollars par an), les fonds versés via des aides publiques directes et des exemptions fiscales (23 milliards de dollars) et des financements via des banques publiques et des institutions internationales dont la Banque mondiale (16 milliards de dollars).

A contrario, les prometteuses énergies renouvelables seraient beaucoup moins subventionnés que le charbon, le pétrole et le gaz, étant à peu près 500% plus subventionnés que l'éolien ou l'énergie solaire, selon les chiffres (2012) de l'agence internationale de l'énergie (AIE). Les opposants à cette analyse sont nombreux, qui arguent du fait que les énergies fossiles sont bien plus taxées que les renouvelables voire qu'elles ne sont pas subventionnées.

(Avec Reuters)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.