Venezuela : le scrutin pour l'Assemblée constituante sous haute tension

Dans un contexte de défiance et de fortes tensions, les Vénézuéliens étaient appelés aux urnes ce dimanche pour se prononcer sur la création d'une Assemblée constituante visant à renforcer les pouvoirs de Nicolas Maduro, le président actuellement au pouvoir.
Les Vénézuéliens étaient appelés à se rendre aux urnes ce dimanche pour se prononcer sur la formation d'une Assemblée constituante, qui devrait donner les pleins pouvoirs à Nicolas Maduro, le président actuellement en place.

Après plusieurs mois de protestations et d'affrontements très violents entre les forces gouvernementales et l'opposition, le régime s'est félicité de la tenue du scrutin et de son résultat. Lors de cette élection, les Vénézuéliens étaient amenés à désigner les 545 membres qui occuperont les sièges de l'Assemblée constituante que Nicolas Maduro aimerait voir au travail dès mercredi. Cette dernière, dénoncée par l'opposition et par de nombreux acteurs internationaux, doit permettre au régime de Nicolas Maduro de garder une mainmise sur les institutions.

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A l'appel des principaux membres de l'opposition, des manifestations ont eu lieu dans tout le pays et ont été lourdement réprimées par les forces de l'ordre. Sur la seule journée de dimanche, le Procureur général du Venezuela a recensé 10 personnes décédées lors des affrontements, portant le nombre total de morts depuis le début des manifestations à plus de 110. Le président vénézuélien, qui avait appelé le peuple aux urnes, a jugé que la rédaction d'une nouvelle Constitution était la seule façon de mettre fin au conflit qui gangrène le pays depuis plusieurs mois.

Le scrutin accusé d'être une "fraude électorale"

Il n'y a pas que dans les rues que la tenue de ce vote était contestée : du côté des chiffres aussi, il y a polémique. Ceux-ci sont très différents entre les autorités et l'opposition. Selon les estimations du CNE, l'instance chargée d'organiser le scrutin, 41,53% des électeurs se sont déplacés pour voter, soit 8,1 millions de Vénézuéliens. Les membres de l'opposition ont aussitôt contesté ces chiffres officiels et estimé qu'entre 2 et 3 millions de personnes seulement s'étaient rendues dans un bureau de vote ce dimanche, remettant en cause la légitimité du résultat.

"Nous ne reconnaissons pas ce processus frauduleux. Pour nous, il est nul, il n'existe pas", a déclaré la figure de l'opposition Henrique Capriles, qui a invité à d'autres manifestations dès lundi.

Les leaders de l'opposition avaient appelé au boycott du scrutin en expliquant que le résultat était déjà connu d'avance. Ils se sont, d'autre part, félicités, ce dimanche, en fin d'après-midi, devant la faible participation populaire. L'opposition n'avait d'ailleurs présenté aucun candidat pour cette élection qualifiée de "massacre" et de "fraude électorale".

Des condamnations à l'international

Il n'y a pas que les membres de l'opposition qui se sont montrés hostiles à la tenue du scrutin et à ces résultats. De nombreux pays avaient dénoncé l'initiative, avec en tête les Etats-Unis qui ont instauré, à plusieurs reprises, ces derniers mois, des sanctions contre des proches de Nicolas Maduro. C'est le cas de l'ambassadrice américaine à l'ONU :

[Le simulacre d'élection organisé par Maduro est un nouveau pas vers la dictature. Nous n'accepterons pas un gouvernement illégitime. Le peuple vénézuélien et le démocratie prévaudront.]

Nombreux sont les pays qui ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas les résultats de la Constituante, à l'instar du Pérou, du Mexique et du Canada. Les pays de la région ont été les premiers à réagir et à dénoncer le scrutin estimant qu'il ne reflétait pas le choix du peuple vénézuélien.

Hausse du cours du pétrole

Par ailleurs, quelques heures après la tenue du scrutin et les différentes réactions des acteurs internationaux, le cours du pétrole connaissait une légère hausse alors que les marchés s'interrogent toujours sur le recul des réserves mondiales de brut.

Cette hausse du prix du pétrole s'explique notamment par les incertitudes autour des sanctions qui pourraient être imposées par les Etats-Unis sur le Venezuela et ce, notamment dans le domaine pétrolier.

(Avec agences)

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