Législatives 2017 : un record de candidatures depuis 2002

Avec près de 8.000 candidats pour 577 sièges à conquérir, la moyenne des prétendants par circonscription a quasiment battu un record pour les prochaines législatives. Cette explosion du nombre de candidats à la députation promet de rudes batailles politiques dans certaines circonscriptions qui comptent parfois plus de 20 candidats.
Grégoire Normand
Parmi les candidats aux législatives de juin prochain figurent 3.344 femmes, soit un peu plus de 42% du total et 4.538 hommes.
Parmi les candidats aux législatives de juin prochain figurent 3.344 femmes, soit un peu plus de 42% du total et 4.538 hommes. (Crédits : Photo AFP)

La bataille promet d'être difficile. A quelques semaines du premier tour des élections législatives, le ministère de l'Intérieur a publié, ce mardi 23 mai, la liste complète des candidats à la députation. 7.882 candidats devraient s'affronter sur les 577 circonscriptions du territoire français. Ce nombre reste néanmoins inférieur au record de 2002 qui avait vu s'affronter 8.221 candidats.

Un record depuis 2002

Au regard des chiffres mis en ligne par le ministère, le nombre de candidats a explosé en 30 ans (comme l'illustre le graphique ci-dessous). Alors qu'il y avait seulement près de 2.800 candidats en 1988, le nombre de prétendants à l'Assemblée nationale a plus que doublé (x 2,8) pour les prochaines échéances électorales de juin. Et surtout, le nombre de candidatures pour 2017 est largement supérieur à la moyenne des dernières décennies qui se situe à 6.260.

En ce qui concerne la moyenne du nombre de candidats par circonscription, la tendance est plutôt à la hausse. En 1988, les prétendants aux élections étaient environ 5 à se présenter par circonscription. En 2017, ils sont près de 14, soit presque trois fois plus. Sur les trois dernières décennies, la moyenne se situe à 11.

 [Graphique interactif] Vous pouvez changer d'indicateur grâce au sélecteur situé en haut à gauche du graphique. Les circonscriptions sont celles de la métropole et de la Corse jusqu'en 2012 et à l'exclusion des Français de l'étranger pour 2012. Pour 2017, toutes les circonscriptions sont prises en compte.

La moyenne d'âge des candidats est de 49 ans. La candidate la plus jeune Morgane Guerreau a 18 ans et se présente dans la 4ème circonscription du Val-de-Marne sans étiquette. Du côté des candidats les plus âgés, la doyenne Odette Simmonet aura 90 ans au mois de septembre prochain. Elle se présente dans la 2ème circonscription des Français établis hors de France sous l'étiquette divers droite. Parmi les candidats figurent 3.344 femmes, soit un peu plus de 42% du total et 4.538 hommes.

Des circonscriptions très disputées

Certaines circonscriptions vont faire l'objet de batailles électorales très disputées. En France métropolitaine, le record du nombre de candidatures se situe dans la 18ème circonscription de Paris avec plus de 26 candidatures dont celle de l'ancienne ministre du Travail Myriam El Khomri. La seconde circonscription de Paris devrait être également très disputée avec 24 candidats et les candidatures de Nathalie Kosciusko-Morizet et Henri Guaino. A Paris, la lutte promet d'être rude avec 374 postulants pour seulement 18 sièges. A l'inverse, la circonscription qui compte le moins de candidats se situe en Corse du Sud avec sept prétendants.

> Lire aussi: Candidatures aux législatives : petits arrangements entre amis... et ennemis

Des candidatures fantômes

Cette surabondance des candidats aux législatives fait souvent l'objet de critiques. Dans leur ouvrage, publié en 2015 et intitulé "Le financement de la vie politique", les universitaires Abel François et Eric Phélippeau soulignent:

"Cet accroissement des candidatures s'explique par des raisons opportunistes et non par une dynamisation de la vie politique. Si, parmi, la masse des candidats, on s'intéresse à ceux n'ayant effectué aucune dépense de campagne, on peut distinguer les candidats 'fantômes', c'est-à--dire des candidats qui ne mènent aucune bataille électorale, ce que retrace l'absence totale de dépenses, et qui ne se déplacent dans la circonscription que pour aller signer leur acte de candidature à la préfecture. Ces candidats fantômes qui ne représentent que 3% des candidats en 1993 forment 44% des candidats lors des dernières élections législatives de 2012."

Par ailleurs, les élections législatives peuvent représenter une véritable manne financière pour les partis. Dans son livre intitulé "Argent, morale, politique", le député spécialiste des dépenses de l'Etat René Dosière rappelait que "les suffrages obtenus lors du premier tour des législatives constituent la base de calcul pour le financement public des partis politiques" pour les cinq prochaines années. Par ailleurs, une aide est attribuée aux partis et groupements politiques proportionnellement au nombre de suffrages obtenus au premier tour grâce à une loi de 1988. Les partis dont les candidats ont obtenu chacun au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions peuvent bénéficier de cette aide. Les organisations politiques ont donc fortement intérêt à multiplier les investitures.

> Lire aussi: Elections législatives: enjeux et mode d'emploi du scrutin

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 25/05/2017 à 16:31
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C'est-à-dire que dans les temps lointains, il fallait avoir des compétences et que maintenant, il suffit simplement d'être adoubé par le parti et qu'en plus, la soupe est excellente à l'Assemblée. Alors tout le monde se dit "pourquoi pas moi". Reste ...

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