Benoît Hamon se pose en candidat anti-Fillon

L'ancien ministre de François Hollande voit sa cote grimper dans les sondages. Dans le domaine économique, l'essentiel de ses propositions sont en opposition avec celles de François Fillon, le candidat de la droite et du centre.
Fabien Piliu
La Loi Travail est notamment dans la ligne de mire de Benoît Hamon, dont la cote grimpe dans les sondages.

Elle grimpe, elle grimpe, la cote de Benoît Hamon. « Petit » outsider au début de la campagne de la primaire de la Belle alliance populaire (BAP) pour les uns, candidat de second rang pour les autres, le député socialiste des Yvelines gagne des points dans les sondages d'opinion, au point d'être désormais un concurrent sérieux pour Manuel Valls et Arnaud Montebourg, les deux favoris du scrutin dont le premier tour sera organisé dimanche 22 janvier.

Il pourrait même être au second tour, le dimanche suivant. C'est ce qu'indique le sondage BVA-Midi Libre publié ce mercredi. Alors que la présence de Manuel Valls semble être assurée, le match entre Arnaud Montebourg et Benoît Hamon s'annonce serré, "si le sondage est conforme à l'état de l'opinion", explique BVA. "La qualification se joue dans un mouchoir de poche entre les deux anciens frondeurs du gouvernement", poursuit prudemment l'institut de sondage. Selon ce même sondage, il battrait - comme Arnaud Montebourg - Manuel Valls au cas où les deux hommes seraient les deux finalistes de la BAP.

Le plus net opposant à François Fillon

Dans le domaine économique, que propose l'ancien ministre de l'Economie sociale et solidaire puis de l'Education nationale de François Hollande ? Sans surprise, son programme est tout sauf libéral. Alors que Manuel Valls et Vincent Peillon teintent leurs plans de redressement de l'économie française de mesures qui prolongent la politique de l'offre lancée par François Hollande depuis 2014, Benoît Hamon ne fait pas de concession au libéralisme tel qu'il est porté et défendu par ses concurrents de la BAP. En clair, il est parmi les candidats à cette primaire celui qui s'oppose le plus nettement à François Fillon, le représentant officiel de la droite et du centre.

Quelques exemples ? Alors que François Fillon entend mettre fin aux 35 heures, Benoît Hamon entend organiser la baisse du temps de travail "par un droit inconditionnel au temps partiel accompagné d'une compensation salariale, et d'inciter financièrement les entreprises à valoriser la réduction du temps de travail, mesure pouvant être notamment financée par une réaffectation du CICE". "Les entreprises seront incitées à le faire selon des formes multiples (semaines de 4 jours, congé sabbatique, temps partiel)", poursuit-il dans son programme. Quant à la durée légale, elle sera maintenue à 35 heures, alors que François Fillon souhaite la porter à 48 heures au maximum.

Abroger la loi Travail, favoriser le mieux-disant

La loi Travail, péniblement lancée par l'actuelle majorité ? Benoît Hamon souhaite abroger le texte pour rétablir la hiérarchie des normes. L'idée du candidat Hamon est de faire en sorte que ce soit le code du travail qui continue de prévaloir sur les accords négociés par les branches et les entreprises, "sauf lorsque les accords apportent une protection supplémentaire aux salariés". De son côté, François Fillon ne considère la loi Travail que comme une étape vers un nouveau bouleversement du code du travail. Il veut le rebâtir sur ce qui relève des normes sociales fondamentales et renvoyer le reste des dispositions à la négociation en entreprise.

Sans surprise, ces propositions irritent le patronat, qui devrait -au cas où Benoît Hamon serait élu ou, à défaut, arriverait à faire passer ses idées- se faire également à l'idée que le burn-out soit considéré comme une maladie professionnelle. Pour l'instant, sous la pression des organisations patronales, cette initiative a toujours été bloquée par le gouvernement.

L'industrie, autre point de divergence avec Fillon

Point de divergence entre le candidat socialiste et celui des Républicains, Benoît Hamon s'intéresse à l'industrie, lui. Alors qu'il faut attendre la page 302 de son ouvrage intitulé "Faire" pour connaître la "vision" de François Fillon en matière de politique industrielle, que le mot "industrie" est absent de son abécédaire des 50 mots qui comptent, le député de Trappes développe une série de mesures pour relancer, selon lui, l'industrie. Benoît Hamon propose ainsi notamment la mise en place d'une taxe sur les robots, contre laquelle s'insurge les industriels, "afin de financer notre protection sociale":

« Lorsqu'un.e travailleur.euse est remplacé.e par une machine, la richesse créée bénéficie essentiellement aux actionnaires. Je propose donc de taxer cette richesse - en appliquant les cotisations sociales sur l'ensemble de la valeur ajoutée et non plus seulement sur le travail - pour qu'elle finance prioritairement des mesures telles que le revenu universel plutôt que les dividendes. »

Un Etat stratège dans la transition énergétique

Il souhaite également que l'Etat joue un rôle de stratège pour enclencher la révolution énergétique qui permettrait notamment aux énergies renouvelables de représenter 50% de la production d'électricité d'ici à 2025, contre à peine 10% aujourd'hui.

Sur le même thème, qui mêle relance de l'industrie et développement durable, Benoît Hamon entend mettre la finance « au service de la transition écologique pour trouver les 60 milliards d'euros nécessaires sans attendre le bon vouloir du marché ». « J'instaurerai une TVA différenciée pour les produits à faible empreinte carbone afin de les rendre plus attractifs. Je rendrai la fiscalité incitative pour guider l'épargne des Français vers des investissements verts », indique son programme.

On le voit, il existe donc beaucoup de points de divergence entre les deux programmes. C'est ce qui fait la richesse du débat républicain. Toutefois, un sujet les rassemble : la formation. Sur ce point, leurs propositions convergent, donnant la priorité au droit à la formation pour tous et au rapprochement entre la formation initiale et continue.

Fabien Piliu
Commentaires 25
à écrit le 23/01/2017 à 15:49
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Anti-Fillon ? A-t-il un autre choix ? Le système français fait qu'au 2e tour, on vote contre l'autre, ce qui rend impossible l'élection de LePen. Alors qui reste-t-il sinon Fillon :-)

à écrit le 23/01/2017 à 11:57
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effectivement c'est le combat des contraires mais pas plus crédibles l'un que l'autre ; n'ayant vécus grassement que de politique ils n'ont jamais connus la vie active en entreprise alors pour ce qui est le redressement du pays il vaut mieux voir ai...

à écrit le 19/01/2017 à 21:09
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Ce pauvre mr Hamon n'a jamais travaillé en usine, comme si un robot permettait de produire plus, au contraire des lignes parfaitement automatisés, optimisées n'en ont pas :bien trop lents! Et rajoutant des pannes à la (___!) et obligeant l'opérateur...

à écrit le 19/01/2017 à 16:26
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Erreur involontaire ou volontaire : apportez moi preuve et source honnète, s'agissant de la durée du travail, dans le cadre de François Fillon. 48H n'est clairement pas !!! la durée légale, mais la durée MAXIMALE, et ce dans le cadre d'heures supp, ...

le 19/01/2017 à 17:23
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Je vous renvoie au site officiel du candidat, qui au titre des principales mesures préconise la fin des 35 h comme durée légale pour les salariés du privé. Alors qu'il évoque les 39h comme durée légale pour les agents de l'état, il est muet sur ce...

le 19/01/2017 à 18:55
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Mensonge Absolu.

le 23/01/2017 à 14:30
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@ Erreur 48h est bien évidemment la limite maximale. Ceux qui disent autre chose ne savent pas lire et/ou sont des menteurs. Fillon propose de supprimer la durée légale. Le verbe supprimer a un sens, à ma connaissance, et ce n'est pas le même que ...

à écrit le 19/01/2017 à 15:58
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C'est la politique totalement française: on ne vote pas pour un proggarmme intelligent, mais contre l'autre. La dernière fois, c'était contre Sarko et la prochaine fois probablement contre LePen (comme en 1995). Avec ce genre de mentalité, le pays se...

le 19/01/2017 à 17:01
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Depuis 36 ans, les français votent chaque cinq ans, pour le contraire du coup d'avant, comme un paquebot français qui changerait constamment de cap, nord sud et sud nord. Qui ? investirait dans pareille croisière à part des français. Le gros problème...

à écrit le 19/01/2017 à 13:08
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des programmes attrape tout qui vont rien changer dans l'ornière ouverte par toutes ces familles politiques, des mots et des mots pour simplement prendre les places libres , on le voit bien avec les verts capable de se renier si un poste est offert.E...

à écrit le 19/01/2017 à 12:43
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A quoi servent M Hamon dans le champ politique français ? A rien, sinon exprimer une ..présence, sans objet, next .. A quoi sert le champ politique français entièrement dévoué à la cause européïste à l' heure du Brexit et de la trumpisation des e...

à écrit le 19/01/2017 à 10:55
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Simple remarque: Difficile de tenir en haleine les lecteurs en supposant des situations qui sont hautement improbables.. Ce que peut penser ou dire Benoit Hamon n'a, n'aura, aucun impact sur les 20 prochaines années. dès lors, pourquoi devrait-on s'y...

à écrit le 19/01/2017 à 10:52
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"le député de Trappes développe une série de mesures pour relancer, selon lui, l'industrie. Benoît Hamon propose ainsi notamment la mise en place d'une taxe sur les robots, " C'est confondant de stupidité et d'incompréhension des mécanismes économiq...

le 19/01/2017 à 14:12
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Bruno_bd : bien entendu, vous avez raison, mais qui sont les gens assez absurdes pour suivre des âneries pires que celles de Chavez ??? Même l'URSS ,dans ses excès les plus extrêmes, du style Trotski, n'avait pas envisage la "retraite au berceau", ni...

à écrit le 19/01/2017 à 10:35
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BENOIT A BIEN ASSIMILE LES BONNES IDEES POUR TRANSFORME LA SOCIETE? JE RETROUVE DANS C EST IDEES BEAUCOUP DE MES IDEES? ET JE CROIE FERMEMENT QUE AVEC SES IDEES ON PEUT ESSAYE DE CHANGE LA SOCIETE??? POUR CES DECTRACTEURS///LA RACINE DE TOUS LES MAUX...

le 19/01/2017 à 17:31
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Laissez la société tranquille SVP . (et pas la peine d'ecrire en majuscules)

le 19/01/2017 à 17:31
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Laissez la société tranquille SVP . (et pas la peine d'ecrire en majuscules)

à écrit le 19/01/2017 à 10:04
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De bonnes idées. Une taxe sur les robots, en fait, une taxe sur l'énergie qui alimente les robots. Une TVA différenciée, en fait, une taxe différenciée sur chaque terme de la TVA, le travail, le capital et l'énergie. Il faut taxer l'énergie. Il faut ...

à écrit le 19/01/2017 à 10:01
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A l'auteur qui nous explique que Benoît Hamon "s'intéresse à l'industrie, lui" : proposer de taxer les machines ce n'est pas proposer une vision industrielle de la France. C'est simplement faire ce que font les socialistes : trouver de nouvelles taxe...

à écrit le 19/01/2017 à 9:57
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Ce sont plutôt des propositions antiéconomiques. S'il est élu, autant aller résider à Bogota ou Caracas, on aura au moins le soleil, faute d'avoir une économie viable. . "J’a travaillé chez Ipsos, ai fondé une société d’études et ai été chargé de ...

le 19/01/2017 à 21:06
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Euh...Bogota est en Colombie, pays qui a échappé au désastre chaviste. Et qui par conséquent se porte incomparablement mieux économiquement que le Venezuela.

à écrit le 19/01/2017 à 9:51
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Le programme de BH est le plus régressif des 50 dernières années et même davantage !!!! Avec cela , la France est franchement condamnée à un désastre économique, social, sociétal, politique !!!

le 19/01/2017 à 10:15
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et expliquer qu'il n'y aura plus de croissance ou d'emplois. C'est à dire que dès le départ, il a déjà décidé de ne rien faire pour l'emploi. Même à gauche, je n'avais jamais entendu de tels propos. Alors effectivement, comme Fillon est la machine...

à écrit le 19/01/2017 à 8:55
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C'est la personnalité la plus régressive que l'on ait vu sur 50 ans. Puissions-nous éviter un tel désastre ,ou alors en route pour le sous-développement. Toutes les mesures qui peuvent ruiner notre économie et notre société sont réunies. Évidemment, ...

à écrit le 19/01/2017 à 8:52
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Fillon est le candidat de la droite, ce que nous pouvons que féliciter, enfin quelqu'un qui assume son côté réactionnaire et conservateur à fond, qui ne fait pas semblant d'être progressiste, qui est un arriériste et le clame haut et fort. Hamon ...

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