Pourquoi la réforme des 500 parrainages suscite des inquiétudes

La chasse aux 500 signatures pour se présenter à l'élection présidentielle démarre ce samedi 25 février. Les élus locaux vont être fortement sollicités par les candidats. Mais la réforme validée en 2016 suscite des inquiétudes chez les élus et les candidats des "petits partis" notamment.
Grégoire Normand
Plusieurs "petits" candidats, dont Pierre Larrouturou (Nouvelle donne), ont organisé une conférence de presse commune, jeudi 23 février.

La collecte des parrainages pour les candidats à l'élection présidentielle démarre ce week-end. Les élus locaux (maires, députés, sénateurs, députés européens, conseillers régionaux, conseillers départementaux) vont ainsi recevoir un formulaire qui doit leur permettre de parrainer un prétendant à la fonction présidentielle. Ils auront jusqu'au 17 mars à 18 heures pour envoyer ce formulaire au Conseil constitutionnel, ce qui  fait un peu moins de trois semaines.

>> Lire aussi : Election présidentielle : vers un "verrouillage" du système ?

Quelles nouveautés dans les parrainages ?

Lors des précédentes élections présidentielles, seuls 500 parrainages tirés au sort par le Conseil constitutionnel étaient rendus publics. Depuis la réforme des règles de l'élection présidentielle adoptée en avril 2016, l'ensemble des noms des élus qui parrainent les candidats sera rendu public deux fois par semaine le mardi et le vendredi au fur et à mesure des réceptions des parrainages et doivent faire l'objet d'une publication finale par le Conseil constitutionnel. Ce qui mettra fin à tout faux suspense des prétendants dans la course aux 500 signatures. Les porteurs du texte avaient déclaré : "Le principe de responsabilité politique et l'exigence de transparence devraient conduire à ce que les élus ayant décidé de présenter un candidat assument ce choix devant leurs électeurs."

L'autre innovation majeure intervenue dans cette réforme concerne une mesure technique. Les candidats et leurs équipes ne vont plus devoir transmettre eux-mêmes les 500 signatures rue de Montpensier. Les formulaires de parrainage doivent être envoyés par les élus uniquement par voie postale comme l'indique le site du Conseil constitutionnel :

"Les parrainages ne pourront plus être déposés physiquement au siège du Conseil constitutionnel ; ils devront exclusivement être envoyés par voie postale, à l'aide du formulaire et de l'enveloppe qui seront transmis aux élus concernés en même temps que la publication du décret de convocation des électeurs."

Une fois la réception du courrier effectuée, le Conseil constitutionnel doit en vérifier la validité selon une décision prise de manière collégiale.

 >> Lire aussi : Présidentielle 2017 : parrainages, patrimoine... ces règles qui changent

Quels sont les candidats à la peine ?

Cette réforme allant dans le sens d'une plus grande transparence a évidemment suscité des inquiétudes notamment chez les petits candidats. Après avoir exprimé de vives inquiétudes à la fin de l'année 2016, Jean-Luc Mélenchon a affirmé au début du mois de janvier avoir ses 500 signatures. Après avoir obtenu la certitude de ces 500 parrainages, le candidat de la France insoumise avait déclaré : "Ces parrainages stoppent un débat : je serai candidat quoiqu'il arrive et quelque coup de téléphone qu'on veuille me passer."

>> Lire aussi : Mélenchon : son programme de relance économique en cinq chiffres

Du côté des autres candidats , les incertitudes règnent.  Philippe Poutou (NPA), Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), Christian Troadec, Charlotte Marchandise-Franquet (laprimaire.org), Alexandre Jardin (mouvement Bleu Blanc Zèbre) et l'indépendantiste polynésien Oscar Temaru ont lancé un appel commun ce jeudi 23 février à travers un communiqué et devant une soixantaine de journalistes.

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Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste Philippe Poutou. Crédits : Charles Platiau/Reuters.

Ces prétendants à la présidentielle ont ainsi dénoncé le fait que les parrainages soient rendus publics. Cela rend les candidatures "toujours plus difficiles, si bien qu'il est devenu quasiment impossible de porter une candidature hors des grands partis". Ils ont également évoqué les pressions possibles exercées par les maires qui "ne peuvent accorder leur parrainage librement en raison des retombées négatives qu'ils ou elles pourraient subir". Arthur Keller en charge du programme de Charlotte Marchandise-Franquet a déploré que "certains maires disent qu'ils aimeraient bien nous apporter leur signature, mais ils craignent de devoir se justifier devant leur conseil municipal. Des élus de petites communes redoutent aussi des pressions de la part de leurs intercommunalité". M.Keller a tenu rappeler que "parrainer ce n'est pas soutenir un candidat, c'est soutenir la démocratie". D'autres qui n'ont pas participé à cette conférence de presse comme Henri Guaino ou Rama Yade pourraient également éprouver des difficultés. En revanche, la représentante de Lutte ouvrière s'est dite confiante sur la collecte de ces 500 parrainages indispensables pour se présenter à la présidentielle. "Nous sommes présents depuis 1974 et je pense que je serai présente pour faire entendre les intérêts des travailleurs, des ouvriers, des classes populaires," a-t-elle confié à l'antenne de BFM-TV.

Grégoire Normand

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Commentaires 19
à écrit le 16/04/2017 à 10:09
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De toutes façons la présidentielle au suffrage universel est une élection qui rend fou, surtout depuis le quinquennat qui a présidentialisé le régime à outrance et transformé, du moins dans les cas "classiques" (puisqu'il est probable que ni Le Pen, ...

à écrit le 26/02/2017 à 11:15
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Deux parties uniques qui ont monopolisé la démocratie et les postes pendant 40 an , pour preuves le cadena effectivement des parrainages par leurs élus et le front Républicain en cas de risque de perdre Région département ou région et même vu à la Pr...

à écrit le 25/02/2017 à 18:09
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ce système est révélateur de la dictature des grands partis en plus ils viennent de se voter une amnistie sur mesure

à écrit le 25/02/2017 à 14:52
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Il est inconcevable que N. Arthaud qui représente un parti présent depuis plus de 40 ans ne puisse obtenir les parrainages nécessaires, et de la même manière un H. Guaino ou une R. Yade doivent pouvoir se présenter si ils le souhaitent. Et afin d’évi...

à écrit le 25/02/2017 à 14:43
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Dans une démocratie ce système de parrainage ne devrait pas exister, mais sommes nous encore dans une vrai démocratie. On nous laisse nous exprimer tant que cela ne les dérange pas, mais à part au moment des élections notre opinion ne compte guère.

à écrit le 25/02/2017 à 10:49
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Les parrainages c'est le cadenas pour ne pas s'écarter des partis institutionnels subventionnés .

à écrit le 25/02/2017 à 10:36
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Je trouve toujours surprenant de ne jamais voir cité François Asselineau ou l'UPR dans les articles évoquant les candidats à la présidentielles. On retrouve régulièrement des noms de partis ou de candidats comme Nouvelle donne (Laroutourou), le NPA,...

le 25/02/2017 à 12:00
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C'est en défendant tous les petits partis que vous défendrez asselineau, votre nombrilisme politique, voir narcissisme centré autour de votre leadeur est improductif au possible et en plus lui fait une vraiment très mauvaise publicité. Merci en t...

le 25/02/2017 à 13:32
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La loi Urvoas est un pur scandale destiné à verrouiller le pouvoir et le débat autour des grands partis installés, LR, PS et FN (l'assurance élective des 2 premiers). Maintenant concernant Asselineau et l'UPR, 1: je ne suis pas militant de ce part...

le 25/02/2017 à 13:33
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Stephane ne fait qu'exprimer une réalité: Les hommes politiques cpables de porter une alternative mais mal vue par la cours des médias sont systèmatiquement black listé ce qui les empéche de se batir une notoriété. Au contraire des micros partis bi...

le 25/02/2017 à 18:22
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Attaquer le système en s'affirmant plus gros parti que les petites partis stigmatisés par l'oligarchie c'est délégitimer tous les petits partis vous compris. Mais pour ça il faut en effet ne pas avoir de ressentiments contre les petits c'est sûr. ...

le 25/02/2017 à 19:28
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Discuter ? parler ? quand ? Avec ton et des propos très supérieurs et suffisants, sans me connaître, vous me taxez de nombrilisme politique et de narcissisme centré sur Asselineau et vous dénoncez je ne sais quelle mentalité... Ce n'est pas exactem...

le 28/02/2017 à 21:27
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Boycott médiatique ! Tout les medias et la plupart des politiques font comme s'il n'existait pas......

à écrit le 25/02/2017 à 9:53
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C'est le scandale oligarchique qui perdure, non seulement ce nouveau système de parrainage désavantage les petits partis mais en plus la nouvelle Loi du CSA n'impose plus un temps égal de présence médiatique entre tous les candidats, les médias pouva...

à écrit le 25/02/2017 à 9:13
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Ce système de Parrainage est une barrière bien trop dure à franchir et cet réforme ne va pas arranger les petit candidat contre les machine de guerre électorales. Je me souviens que Hollande avait déposé plus de 5000 parrainage en 2012 ce qui fait qu...

le 25/02/2017 à 9:56
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Et non seulement hollande est responsable de ce gaspillage démocratique flagrant mais en plus les maires qui donnent leur parrainage alors que la sélection de leur candidat est déjà validée sont vraiment des bons à rien. Tout ça pour frimer à la ...

le 25/02/2017 à 10:14
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Il y a environ 42000 personnes physiques (pour 47000 mandats, il y a des cumulards) susceptibles d'apporter un parrainage, donc dans l'idéal jusqu'à 84 candidats possibles. Même si certains abusent, la barrière des 500 signatures n'est pas totalemen...

le 25/02/2017 à 12:03
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Vous êtes en train de nous dire là que la démocratie c'est vraiment nase et que l'oligarchie c'est quand même vachement génial. C'est vrai que notre système nous démontre ses hautes performances et son progressisme tous les jours...

à écrit le 25/02/2017 à 8:28
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il est normal que la maffias prennent des mesures de protection quand elles en ont l'occasion , c'est une question de survie !

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