Réduire le coût du travail, est-ce suffisant ?

François Fillon, le candidat de la droite et du centre veut restaurer la compétitivité des entreprises en allégeant massivement les impôts et les charges. Cette stratégie est-elle suffisante ?
Fabien Piliu
S'il est élu, François Fillon veut réduire "immédiatement" de 50 milliards la pression fiscale pesant sur les entreprises.

François Fillon ne surprend personne. Pour restaurer la compétitivité des entreprises, le candidat de la droite et du centre veut appliquer un électrochoc fiscal aux entreprises de 50 milliards d'euros et ce, "immédiatement" comme il le précise noir sur blanc dans son programme.

Pour financer cette mesure, François Fillon reprend les recettes envisagées en 2011 et annulées (puis rétablies en partie) par François Hollande et son gouvernement une fois le palais de l'Elysée conquis. "Au regard de la situation de nos finances publiques, le seul moyen de financer cet électrochoc de croissance est d'augmenter les deux taux supérieurs de la TVA de 2% sans toucher au taux de base s'appliquant aux produits de première nécessité. À plus long terme, il est impératif de réformer l'Etat et de maîtriser ses dépenses de manière afin de ne pas faire supporter le poids de la mauvaise gestion des finances publiques aux entreprises. J'ai formulé des propositions en ce sens conduisant à 110 milliards d'économie en cinq ans ". Dont acte.

Cette stratégie a à coup sûr les faveurs du patronat qui juge dans son ensemble que le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les allègements de charges contenus dans le pacte de responsabilité lancé en 2014 ne compensent  pas les hausses d'impôts et de taxes subies depuis... 2011.  A noter, cette volonté de réduire les charges est largement partagée, même au sein du gouvernement. Ainsi, le projet de loi de finances prévoit une baisse importante de l'impôt sur les sociétés d'ici 2020. La politique de l'offre et en particulier son volet fiscal sont donc dans l'air du temps.

Une stratégie calibrée

Mais cela est-il suffisant ? Le coût du travail est-il la seule variable qu'il faille ajuster pour relancer durablement l'activité et créer massivement des emplois ? Faire remonter le taux de marge au niveau de 2007, soit 41% de l'excédent brut d'exploitation, est certes utile pour l'investissement et l'emploi.

Mais différents travaux indiquent que cette stratégie doit être affinée. C'est notamment le cas de la dernière étude de la Fabrique de l'Industrie. Selon le think tank de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) coprésidé par Louis Gallois et Denis Ranque et entièrement dédié aux questions industrielles, appliquer une politique différenciée est nécessaire. En fonction de la taille de l'entreprise ? En fonction du secteur économique ? La Fabrique de l'industrie suggère de réfléchir différemment et de mettre de côté ces curseurs traditionnellement utilisés par les ministres de l'Economie qui se sont succédés ces dernières années. Elle propose que l'action publique en faveur des entreprises soit calibrée selon l'exposition à la concurrence internationale. "La logique sectorielle ne tient plus. Au sein d'un même secteur, une entreprise peut être confrontée à la concurrence mondiale quand une autre n'a que des adversaires locaux", a indiqué Louis Gallois lors de présentation des dernières études de ce cercle de réflexion.

Un effet multiplicateur local

Que représente l'emploi exposé ? Selon le think tank, l'emploi exposé, dont un poste sur deux appartient aux services, a reculé ces dernières années. Il est passé de 30% à 26,8% de l'emploi total entre 1999 et 2013, perdant 204.000 postes. De son côté, le secteur non exposé à la concurrence internationale a permis de créer 2,37 millions d'emplois sur la période. Dans ce contexte, faut-il privilégier l'emploi non exposé et sacrifier une partie du secteur exposé et notamment l'industrie ?

Selon la Fabrique de l'Industrie, ce serait une formidable erreur de ne pas prendre en compte cette distinction, en raison du « multiplicateur d'emploi local » de l'emploi exposé. Lorsque 100 emplois exposés ont été créés entre 2004 et 2013 dans une zone de la France métropolitaine, environ 64 emplois abrités ont vu le jour au sein de cette même zone explique le think tank.

Pas encore de solutions concrètes

Pour faire reculer le chômage, il est également nécessaire d'adapter l'action publique. Si la baisse du coût du travail permet de redresser la compétitivité-prix des entreprises exposées à la concurrence internationale, elle est assez inefficace pour améliorer la productivité du secteur non exposé, jugée moins élevée que celle du secteur exposé, comme le rappelle la Fabrique de l'Industrie. Pour atteindre cet objectif, il faut revoir la formation initiale, la formation continue pour relever leurs compétences et améliorer la compétitivité-coût de ce secteur.

Mais pour l'instant, les solutions concrètes ne sont pas encore clairement définies. " Reste à déterminer comment parvenir à cette augmentation de la productivité dans le secteur abrite. En particulier, comment combiner politiques d'intensification de la concurrence domestique au sein du secteur abrité afin d'y réduire certaines rentes inefficaces, et politiques de formation, de soutien à l'innovation et de diffusion des technologiques ", conclut la Fabrique de l'Industrie.

Fabien Piliu
Commentaires 33
à écrit le 01/12/2016 à 11:58
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Le cout du travail c'est surtout les incertitudes indirectes. Cela va me couter combien d'établir une feuille de paye ? Que va t'il falloir déclarer à l'URSSAF ? Quid de la médecine du travail ? Que se passe t'il en cas de rupture ? Quelle caisse d...

le 02/12/2016 à 10:23
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Il faudrait surtout que tu sois formé sur ces sujets avant de vouloir être un petit patron.

à écrit le 01/12/2016 à 9:58
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Créer un cadre fiscal et réglementaire stable sur 3, voir 5 ans afin de donner de la visibilité aux entrepreneurs pour investir . Donner aux administrations pour mission de faciliter et d'aider les entreprises plutôt que de les entraver et les sanct...

à écrit le 01/12/2016 à 8:21
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L'état demande aux entreprises de réduire leurs coûts alors qu'il est incapable de réduire ses propres dépenses. Il privatise la santé alors qu'il ne privatise pas l'éducation, notre plus grand gouffre financier (17% du budget en 2015), loin derrière...

à écrit le 01/12/2016 à 7:42
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Quand les sans - dents n'ont pas de quoi acheter une voiture pourquoi augmenter la production : pour exporter vers Mars ???

à écrit le 30/11/2016 à 20:50
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Et bien moi je pense que les tge n'ont aucun sens civique celles qui créeront les emplois en France ce sont les TPE et les PME les artisans et commerçants le tissu économique du bout de la rue et pas celui du bout du monde

à écrit le 30/11/2016 à 20:10
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Certes. Il n'y a pas de crise économique pour les ... plus riches.

à écrit le 30/11/2016 à 18:00
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Tout les gens qui ont travaillé dans le monde de l'industrie savent parfaitement que la fiscalité et le coût du travail, même si ils représentent deux paramètres importants de la compétitivité des entreprises, sont loin être les seuls éléments! La s...

le 30/11/2016 à 19:50
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Je partage votre avis et avec le recul rien n'est simple, on le voit bien. Il y a aussi la confiance perdue et la fiscalité qui change au gré du vent ainsi que le droit du travail. Tout ça est déstabilisant ! Les entreprises ont besoin de visibilit...

le 30/11/2016 à 23:31
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Le management en France est catastrophique même si il s'améliore un peu grâce a des jeunes qui importent des bonne pratiques. Le manque de confiance, la culture du chef, l'organisation hiérarchique sont des facteurs qui expliquent la faiblesse de ...

à écrit le 30/11/2016 à 17:07
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Le problème est plus dans le positionnement de l'industrie française que dans les coûts excepté les avions et quelques niches On peut rajouter la médiocrité de certains dirigeants qui ont coulé Alcatel_Alsthom, Areva, etc..la liste est longue. On pe...

à écrit le 30/11/2016 à 17:07
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Il vaudrait mieux en effet augmenter de 5 points la TVA sur les produits et ne pas augmenter la TVA sur les services. On pourrait a contrario annuler les cotisations de retraite du régime général partout et concentrer la CVAE sur le tertiaire et le B...

à écrit le 30/11/2016 à 16:41
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et si commençait par restaurer la compétitivité de l'état par une baisse du coût des élus plutôt qu'une augmentation de la TVA pour les citoyens payeurs ce serait un excellent message d'exemplarité pour les réformes suivantes

à écrit le 30/11/2016 à 15:54
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Quand ça ne rapporte rien d'embaucher et bien on embauche pas. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif.Il n'est pas nécessaire d'avoir de bas salaires,il faut juste que malgré le salaire élevé il reste un surplus pour l'employeur qui l'incite à ...

à écrit le 30/11/2016 à 15:51
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Quand ça ne rapporte rien d'embaucher et bien on embauche pas. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif.Il n'est pas nécessaire d'avoir de bas salaires,il faut juste que malgré le salaire élevé il reste un surplus pour l'employeur qui l'incite à ...

à écrit le 30/11/2016 à 15:45
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laissons maintenant l équipe au pouvoir continuer son travail !!! et haro sur les médias et cette politique médiatique qui nous gave

à écrit le 30/11/2016 à 15:35
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Pour résumer, au 21eme siecle ,éviter absolument tout les" emplois exposés" pour soi même mais aussi ses enfants dans leur education car cela amenera irrémédiablement à la misère.

à écrit le 30/11/2016 à 15:22
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"Selon le think tank, l'emploi exposé, dont un poste sur deux appartient aux services" Je me souviens encore qu'on nous racontait dans les années 90 que la disparition progressive de l'industrie n'était pas grave et que les services compenseraient...

le 30/11/2016 à 17:37
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EXAT? ??MEME SI ONT RENPLACE CERTAINE CHARGES PATRONALE PAR DE LA TVA? L EMPLOIES NE REPARTIRAS PAS POUR AUTANT.. POUR REUSSIR CELA ILS FAUT METTRE TOUS LES PARTENAIRES ECONOMIQUE AUTOUR DUNE TABLE ET FAIRE UN GRAND DEBAT NATIONNALE ET ENSUITE LE FAI...

à écrit le 30/11/2016 à 13:52
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Vu que les salaires dans l industrie allemande (et je parle pas de la suisse) sont nettement superieur aux salaires francais, c est assez clair que le probleme en france n est pas uniquement sur les cotisations sociales. Surtout que Fillon va se reto...

le 30/11/2016 à 15:44
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" comment définir çà dans une loi ? " par une 100 000 ème usine à gaz, dont la France est leader mondial : qui malheureusement ne connait aucun succèà l'export. Ainsi avec une usine à gaz, les Hauts Fonctios des Ministères consolideront leur pouvoir....

le 30/11/2016 à 23:40
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L'industrie allemande a surtout des bas salaires qui sont bien plus bas qu'en France. Alors, certes il reste une aristocratie industrielle qui gagne bien sa vie grâce a un positionnement haut de gamme, notamment dans l'automobile. Du fait de son posi...

le 01/12/2016 à 14:17
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Il y a tres peu de bas salaire dans l industrie allemande (je le sais j y ai travaille). Le gros des bas salaires c est les mini job et c est dans les services (typiquement la serveuse du resto). Apres c est vrai qu il reste des exceptions ou vous al...

à écrit le 30/11/2016 à 13:30
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Le Taux Supérieur de T.V.A devrait plutot passer de 20 à 27% que de 20 à 22%, Pour Moitié Affectée à Baisse de l'impot sur le Revenu et Baisse de C.S.G. Celà fait contribuer les Importations et ne touche pas l'exportation. Dans ce cas un jean's passe...

à écrit le 30/11/2016 à 13:11
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Il faut raisonner "à niveau constant". Si on veut baisser le cout du travail, il faut augmenter le prix de l'énergie. Vous ne comprenez pas? A niveau constant.

à écrit le 30/11/2016 à 12:32
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Peut-on concurrencer des pays qui n'ont pas ou peu de charges sociales? Concernant ceux qui font du dumping fiscal dans l'UE, Pologne, Irlande par exemple, il est urgent d'harmoniser la fiscalité et les charges dans la zone UE. Pour les autres, la ...

le 30/11/2016 à 17:15
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Le mieux est de compenser l'ISF par des droits de succession élevés au delà d'un seuil approprié : pour les héritiers, une "remise à zéro" s'impose car chacun doit faire ses preuves.

à écrit le 30/11/2016 à 11:59
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Je ne pense pas que cela suffise. Il faut clairement retablir l'esclavage. Inconvenient on perd en productivité à cause des coups de fouet, mais gros avantage, la vie et la mort du travailleur est gratuite..... et arrêter de présenter les programmes ...

le 30/11/2016 à 13:02
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Le retour de l'esclavage, oui et vite! Une question cependant: le mécontentement est bien là, on le ressent quotidiennement. Mais pourquoi aucun mouvement ne se lance? Rien ne se passe... tous (moi y compris) derrière un écran.

le 30/11/2016 à 15:14
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"Car leurs enfants, en bossant 48 heures, ne pourront plus les aider" ils ont les moyens de leur donner des études qui vont leur éviter un emploi exposé.C'est pour cela que ces retraités aisés sont favorable à Fillon.

le 30/11/2016 à 15:41
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D'un point de vue économique, il a été démontré qu'un esclave revient plus cher qu'un employé:l 'employé c'est l'ubérisation de l'esclave comme l'auto entrepreneur est l'ubérisation du salarié.

le 30/11/2016 à 18:22
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Non, l'esclavagisme c'est pas moderne comme type d'exploitation, ca laisse trop de responsabilités aux maitres. Pourquoi s'embêter à avoir des esclaves qu'il faut acheter, nourrir, loger, blanchir, former, soigner essayer de revendre quand il est ...

à écrit le 30/11/2016 à 10:57
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Sachant que nos chefs d'entreprise ne veulent plus que devenir rentiers on peut supposer sans trop se tromper que l'essentiel de cet apport massif d'argent sera financiarisé et donc entreposés dans des paradis fiscaux qui ne profiteront à personne. ...

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