Emmanuel Macron a lancé ce mercredi à Strasbourg la présidence tournante de l'Union, que la France exercera durant 6 mois, par le traditionnel discours devant les 705 eurodéputés et la nouvelle présidente du Parlement, la conservatrice maltaise Roberta Metsola. A moins de trois mois de l'élection présidentielle, le chef de l'État a réitéré son attachement à la construction européenne, rappelant la "paix intangible" qu'elle apporte. Traçant à nouveau le nouveau partage idéologique, le président français se définit à nouveau comme un "progressiste" s'opposant aux "populistes" qui alimentent les "doutes" sur l'Union européenne dans les opinions publiques.
"Promouvoir la civilisation européenne"
Pour « refonder notre Europe », le locataire de l'Élysée a dressé les grands chantiers à venir et fixé son cadre reposant sur le triptyque : démocratie, progrès et paix. Emmanuel Macron souhaite en effet que les Européens puissent "continuer de promouvoir cette civilisation européenne faite d'universalisme, de cultures respectées et d'un projet commun respectueux des singularités et des identités de chacun". "Je souhaite que nous puissions actualiser cette Charte (des droits fondamentaux), notamment pour être plus explicites sur la protection de l'environnement ou la reconnaissance du droit à l'avortement", a-t-il précisé.
Quand à la philosophie politique, "nous serons au rendez-vous du combat pour la démocratie libérale (...) pour l'Etat de droit", a martelé le président français, en soulignant qu'il souhait(ait) que "l'on consolide nos valeurs d'Européens, qui font notre unité, notre fierté et notre force".
Au premier rang des défis qui attendent l'Europe, Emmanuel Macron a cité la question climatique, appelant les Européens à passer "des intentions aux actes" pour mettre en œuvre les engagements pris aux sommets pour le climat de Paris en 2015 et de Glasgow l'an dernier. "Durant les prochaines semaines, nous aurons des décisions importantes à prendre" en matière de lutte contre le dérèglement climatique et de protection de la biodiversité, a-t-il affirmé.
Redéfinir les relations avec la Russie
Plaidant à plusieurs reprises pour une Europe pleinement souveraine face au "retour du tragique" et aux agissements des régimes autoritaires aux portes du bloc, Emmanuel Macron a proposé aux Vingt-Sept de prendre l'initiative de redéfinir leurs relations avec la Russie. "La souveraineté est une liberté, elle est au coeur de notre projet européen, elle est aussi une réponse aux déstabilisations à l'œuvre sur notre continent", et notamment en Ukraine, a-t-il dit sous les applaudissements des eurodéputés.
"Ces prochaines semaines doivent nous conduire à faire aboutir une proposition européenne bâtissant un nouvel ordre de sécurité et de stabilité. Nous devons le construire entre Européens, puis le partager avec nos alliés, dans le cadre de l'Otan, et ensuite le proposer à la négociation à la Russie", a suggéré le président français. "L'Europe doit s'armer (...) pour assurer son indépendance dans ce monde de violence, pour ne pas subir les choix des autres", a-t-il insisté.
Réforme de l'espace Schengen
Promettant de porter au cours des six prochains mois une réforme de l'espace de libre circulation de Schengen, Emmanuel Macron a reconnu le besoin d'une "politique plus efficace mais respectueuse de nos principes pour lutter contre l'immigration irrégulière", un sujet qui fait écho à la campagne électorale en France à moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle. Sans en limiter l'enjeu aux questions migratoires, le chef de l'Etat a confirmé sur ce point l'organisation d'un sommet entre l'UE et l'Afrique en février. "Nous devons proposer une nouvelle alliance aux pays africains" en matière de sécurité, mais aussi d'investissements et de santé, a-t-il insisté.