Agriculture : réunion de crise à Bruxelles

Les 28 ministres de l'Agriculture se rencontrent pour trouver une issue aux importantes difficultés que traversent les éleveurs. Les propositions françaises rejoignent en partie les demandes des syndicats agricoles, FNSEA en tête, qui attendent davantage d'outils de régulation, mais aussi une solution à l'embargo russe.
Mobilisés depuis le mois de janvier, les éleveurs jugent nécessaire de passer par l'échelon européen.

Rendez-vous décisif pour les éleveurs français. Les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne ont rendez-vous lundi à Bruxelles alors que la France espère obtenir des mesures susceptibles d'apaiser l'exaspération des éleveurs, frappés par une série de crises.

"Ça va bouger", avait promis François Hollande peu avant le précédent conseil, mi-février, d'où il était ressorti que rien ne serait tranché avant celui du mois suivant.

"En l'espace de quatre-cinq semaines, on a fait bouger l'ensemble des pays européens, la Commission et la présidence néerlandaise pour déboucher, je l'espère, sur des propositions qui tiennent compte de notre analyse", a déclaré cette semaine son ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

Un plan d'urgence insuffisant

Mobilisés depuis le mois de janvier, les éleveurs jugent nécessaire de passer par l'échelon européen, d'où pourront venir selon eux des solutions plus utiles sur le long terme que les seules mesures d'urgence du gouvernement. Pour désamorcer le mouvement, le gouvernement a promis le mois dernier de nouvelles aides sous la forme d'une baisse de sept points des cotisations sociales, un effort pour l'Etat évalué à 500 millions d'euros. Mais il s'agit là, pour les syndicats, d'un simple pansement sur une plaie béante, en attendant un traitement européen.

"La Commission est déterminée à trouver des solutions qui tiennent réellement compte de la gravité de la crise actuelle", a assuré Phil Hogan, le commissaire européen conspué par les éleveurs, dans un communiqué publié y a une dizaine de jours, après avoir écouté les doléances des syndicats.

Mais rien ne dit que la position française l'emportera. Car les 28 ministres arriveront lundi avec des propositions parfois difficilement compatibles, certains demandant une meilleure régulation et d'autres posant le diagnostic inverse. Le Royaume-Uni, l'Irlande, le Danemark ou la Suède sont par exemple réticents à l'idée d'adopter des mesures de régulation des marchés.

Dérogation aux règles de concurrence et limitation de la production

Les propositions françaises rejoignent en partie les demandes des syndicats agricoles, FNSEA en tête, qui attendent davantage d'outils de régulation, mais aussi une solution à l'embargo russe et un meilleur étiquetage de la viande. Parmi ses requêtes, Stéphane Le Foll demandera ainsi l'activation d'une clause encore jamais utilisée qui permettrait de déroger aux règles de la concurrence et de limiter provisoirement la production dans certaines filières. Il proposera également de relever le plafond d'intervention pour la poudre de lait et le beurre, de 109.000 à 160.000 tonnes pour l'ensemble des 28. C'est-à-dire la limite de production au-delà de laquelle l'UE ne peut plus intervenir efficacement sur les prix.

     | Lire Pourquoi le lait bout entre l'Allemagne et la France

Le ministre français, qui s'est rendu ces derniers jours en Allemagne, aux Pays-Bas et en Slovénie, souhaite par ailleurs obtenir le droit de relever le montant maximum des aides que le gouvernement peut allouer aux agriculteurs, de 15.000 euros à 30.000 euros par exploitation sur trois ans.

Parmi les autres propositions soumises par les Etats membres, plusieurs pays demandent aussi des crédits à l'exportation, auxquels l'exécutif européen ne ferme pas la porte. Mais la Commission n'a pas l'intention d'accepter de nouvelles dépenses financées par de "l'argent frais", et a des réticences à utiliser "la réserve de crise" européenne.

(avec AFP et Reuters)

Commentaires 2
à écrit le 14/03/2016 à 13:26
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Tant que la FNSEA, syndicat pieds et poings liés à l'agro-industrie, dictera aux agriculteurs et aux ministres la politique à appliquer, les agriculteurs et éleveurs continueront de courir à leur perte. Facile de manipuler des agriculteurs qui po...

à écrit le 14/03/2016 à 11:12
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Et tout ceci aux dépens des autres français. Nos agriculteurs bourrés de subventions, sont ultra-libéraux quand cela s'applique aux autres, mais pas à eux....

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