Alexis Tsipras privatise 14 aéroports, la majorité au bord du crash

Après avoir suspendu le programme de privatisation de la législature précédente, Alexis Tsipras le relance sous la pression des créanciers avec qui il a fini par s'accorder... Avec le soutien des voix de l'opposition. Sa majorité, mais également de nombreux ministres estiment que des élections anticipées sont inéluctables...
Nabil Bourassi
Alexis Tsipras pourrait être contraint de convoquer des élections anticipées.

C'est une question lancinante depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir en janvier dernier. Le programme de privatisations engagé par la majorité précédente, avait été suspendu par le nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras. Celui-ci jurant tantôt que celui-ci ne serait pas remis en cause, tantôt voulant renégocier les termes d'un tel programme dans le cadre d'une renégociation de la dette. Six mois plus tard, le voici annonçant la privatisation de 14 aéroports régionaux dans les mêmes termes que ce qui avait été décidé par la précédente législature. Le gouvernement a beau préciser que les discussions sont toujours en cours. Il semblerait néanmoins que c'est le consortium Fraport-Slentel qui met la main sur cet ensemble pour la somme de 1,23 milliard d'euros. Il versera un loyer annuel de 22,9 millions d'euros. La durée de la concession est de quarante à cinquante ans.

Les privatisations qualifiées de "crime" par Syriza

Pourtant, Syriza avait fait campagne sur ce programme de privatisations contre Antonis Samaras. Le précédent premier ministre grec avait lancé la vente de véritables bijoux de famille comme le port du Pirée, les compagnies d'électricité et de gaz, ou encore des mines d'or. En tout, c'est près de 28 privatisations d'un montant de 50 milliards d'euros qui étaient inscrites dans l'agenda. Pour le parti de gauche radical, ce programme était qualifié de "crime".

Mais à peine élu, Alexis Tsipras a soufflé le chaud et le froid sur ces privatisations tentant d'en faire une variable d'ajustement des exigences des créanciers. Dès le mois de mai, il revenait sur s décision de suspendre la vente du port de Pirée, la première infrastructure portuaire du pays, en annonçant la cession de 51% de son capital par l'Etat. Certes, c'est moins que les 67% prévus précédemment. Il n'empêche, le gouvernement avait alors reconnu, par la voix de son porte-parole Gabriel Sakellaridis, que cette vente était une "concession" faite aux créanciers. Surtout, l'accord du 13 juillet avec les institutions (Europe, FMI), impliquait ces privatisations.

Gagner du temps

Pourtant, les privatisations ont été au cœur des discussions avec les créanciers. Si Alexis Tsipras n'a pas réussi à obtenir une révision profonde du programme, il a néanmoins obtenu un délai plus large. Un gain de temps qui devrait lui permettre de ne pas brader ses actifs. Pour les 14 aéroports régionaux, il était déjà trop tard puisque la négociation était faite. L'organisme chargé des privatisations, Taiped, a ainsi recommandé au gouvernement d'officialiser la vente à Fratport-Slentel, qui avait remporté l'appel d'offres en 2014 contre le français Vinci.

Sauf qu'en procédant à ces privatisations, Alexis Tsipras se met en porte-à-faux avec sa propre majorité. Déjà, une partie de ses députés a dénoncé cette décision à travers un communiqué : "c'est la première action du mémorandum (plan d'aide) en vue d'une vente générale de la Grèce".

Syriza au bord de l'explosion

Pour Alexis Tsipras, l'exercice du pouvoir est de plus en plus précaire. Vendredi, il avait eu, encore une fois, recours aux voix de l'opposition pour faire adopter le troisième plan d'aide qui doit rapporter 86 milliards d'euros à la Grèce. Sur 149 députés Syriza, 43 se sont abstenus ou ont voté contre. De plus en plus, la presse et même certains membres du gouvernement s'attendent à ce qu'Alexis Tsipras convoque un vote de confiance au Parlement.

"Des élections sont impératives pour des raisons de stabilité politique. Etant donné les problèmes dans la majorité (parlementaire) du gouvernement, la situation est tout sauf stable" actuellement, a considéré le ministre de l'Energie, Panos Skourletis, sur Skai TV.

Un autre ministre, Alekos Flambouraris, a jugé possible des élections anticipées pour le 20 septembre prochain, dans le cas où un vote de confiance désapprouverait Alexis Tsipras la semaine prochaine.

Des élections hautement périlleuses?

Plus pessimiste, la ministre de la santé a jugé que même, dans un souci de disciplinarité, si la majorité se rassemblait pour voter la confiance à Alexis Tsipras, les élections étaient inévitables puisque certains d'entre eux persisteraient à ne pas voter les mesures du gouvernement.

Le gouvernement redoute la réaction des marchés en cas de nouvelles élections anticipées dont l'issue sera incertaine. L'absence de majorité claire contreviendra à la poursuite des réformes exigées par les créanciers. Une nouvelle crise grecque en perspective ?

Nabil Bourassi
Commentaires 36
à écrit le 29/08/2015 à 15:37
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Ce n'est pas une privatisation ). Etant donné que le "FRA" de Fraport signifie Francfort, et que cette société est une entreprise publique allemande. Ce n'est même pas une ré-étatisation : vu le prix vraiment bradé, c'est plutôt une confiscation de...

à écrit le 19/08/2015 à 17:58
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La pression sur la France se précise : " Il ne peut pas être possible que la France ne maîtrise pas encore son déficit budgétaire ! Il existe une limite pour cela : 3 %. Si elle est dépassée, il doit y avoir des sanctions. » Cette déclaration ...

le 19/08/2015 à 22:05
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Il est temps d ouvrir les yeux !! Les Francais ont le choix : Le Pen, Melanchon ... ou la Troika !

le 20/08/2015 à 8:21
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..." semble donner raison à Varoufakis ..." pas besoin d'etre devin , ni de s'appeler Varoufakis ...ce dernier aurait mieux fait d'etreplus perdictif pour son pays !

à écrit le 19/08/2015 à 17:47
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Heureusement que ceux qui ont fait la fête pendant 10 ans aux frais des autres soient contraints à un moment donné de payer l'addition. Les grecs c'est des mecs qui se sont tapés un restaurant trois étoile menu gastronomique 7 plats et vins inclus et...

à écrit le 19/08/2015 à 17:20
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(Excellent article sur un ton plus mesuré que les précédents sur la Grèce ...) Quel que soit le résultat des prochaines élections, le Parlement devra construire un gouvernement d'union nationale cad de large coalition chargé de mettre en oeuvre un...

à écrit le 19/08/2015 à 17:20
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(Excellent article sur un ton plus mesuré que les précédents sur la Grèce ...) Quel que soit le résultat des prochaines élections, le Parlement devra construire un gouvernement d'union nationale cad de large coalition chargé de mettre en oeuvre un...

à écrit le 19/08/2015 à 15:04
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Et pourtant Syriza a le soutien de Martine et de Mélenchon; Pas suffisant pour éviter un explosion, pas possible ils se prennent pour des Verts ! ! !

à écrit le 19/08/2015 à 13:38
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a richard 78 l'allemagne est assie sur deux dettes non rembourse et maintenant a cause de president incompetent et lache il vont piller l'europe deja la france a abandonner son industrie et maintenant son agiculture il nous faut un representant ...

à écrit le 19/08/2015 à 12:45
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L'Allemagne, après avoir perdu la guerre en 1945, a trouvé une nouvelle forme de domination. La dette. Cela permet de contrôler un pays entier, a durée illimitée. Et de faire ces emplettes (aéroports, et après?), sans tirer une cartouche. Aube do...

à écrit le 19/08/2015 à 11:12
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Ce n'est pas en privatisant les services publics sans changer les modes de fonctionnement qu'on y arrivera.Exemple en France:l'eau,l'élelectricité,le gaz et l'aéroport de Toulouse entres autres,tous les prix des services publics ont explosé a la limi...

le 19/08/2015 à 20:21
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C'est vrai ça..

à écrit le 19/08/2015 à 10:07
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Franchement je ne vois rien d'humiliant à privatiser les aéroports, au contraire c'est même une bonne chose à partir du moment ou ces sociétés payent des impôts. Quand on n'a flambé avec l'argent public, on le paye à un moment donné !

le 19/08/2015 à 11:35
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+1000

le 19/08/2015 à 16:19
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Dit moi ou tu habite je vais privatiser ta maison, c'est marrant.

le 19/08/2015 à 17:45
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Rien d'humiliant sauf que les aéroports privatisés sont ceux qui rapportent, les 17 autres, déficitaires, resteront à la charge des contribuables grecs... Privatisons les profits, socialisons les charges dit en substance le libéralisme !

à écrit le 19/08/2015 à 9:47
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14 aéroport regionaux contre 1,23 milliards et cela pour un bail 40 ans ?? C est irrealiste considérant qu il s´agit d aéroports touristiques qui ne fonctionnent réellement que 4 –5 mois de l´année.

à écrit le 19/08/2015 à 9:46
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14 aéroport regionaux contre 1,23 milliards et cela pour un bail 40 ans ?? C est irrealiste considérant qu il s´agit d aéroports touristiques qui ne fonctionnent réellement que 4 –5 mois de l´année.

à écrit le 19/08/2015 à 8:44
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Mesures absurdes, pertes de crédibilité, humiliations, fermeture des banques, plongée dans la misère, braderie, ... la Grèce aura tout subi. Tout ce remue ménage pour quelques milliards jette un sérieux doute sur les capacités de gouvernance de l'Eur...

à écrit le 19/08/2015 à 8:37
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Alexis Tsipras a inventé un nouveau genre politique et comme le rappelle l' UPR : organiser un référendum pour bien s’assurer qu’une majorité de votants est contre les réformes que l’on va quand même lui imposer une semaine après. Cet incroyable c...

le 19/08/2015 à 10:15
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la commission est consultative , les décisionnaires sont les gouvernements. Quand le gvt français parle de la faute de la commission c'est pure hypocrisie .Si on ne veut pas de décision, on y met un véto et c'est parti pour un nouveau tour. on ne f...

le 19/08/2015 à 11:49
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@Grémillon "c’est à la Commission européenne de fixer les « Grandes Orientations de Politique Economique » de chaque État membre" Tout est dit, hélas oui..

à écrit le 18/08/2015 à 23:03
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ca fait un peu mafieux ce genre de vente en paquet, pas loin de l'extorsion de type1930 ...

à écrit le 18/08/2015 à 23:01
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Le pillage à commencé.......

à écrit le 18/08/2015 à 22:14
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et le système s'enfonce inexorablement... les élections vont voir monter encore plus haut les extrêmes. Triste Europe qui oublie bien vite son passé !

à écrit le 18/08/2015 à 21:46
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L'euro vaut-il ce prix là, j'en doute ?

le 19/08/2015 à 3:18
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Le Gouvernement grec a fait faire des études sur cela après le référendum. Depuis il a changé de position ... Les études n'ont pas fuité mais les rares lecteurs connus (tous proches du Gouvernement grec) étaient terrorisés par le seul fait d'évoqu...

le 19/08/2015 à 6:25
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@Réponse de toto, tout simplement on ne paye plus les dettes des banquiers vautours et on repart de zéro et surtout on sort de l'euro.

le 19/08/2015 à 10:14
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@BRI Vous avez tout compris, sortir de cette union mortifère car il n'y a pas d'autre alternative, après ce sera bien évidement le tour des pays du sud de se prendre la même banane..

à écrit le 18/08/2015 à 19:09
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Cette privatisation est une "prior action" du mémo. Quant aux élections, elles semblent inévitables car il ne faut pas tergiverser et perdre du temps puisque dans l'accord, certaines dates ne doivent pas être dépassées. Sur le papier, l'accord est...

à écrit le 18/08/2015 à 18:42
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Ce n'est qu'une question de temps avant que la Grèce n'implose, elle a été poussé dans ce sens par l'UE et ca sera tant pis pour le crash. L'Allemagne joue double depuis le début de la crise en s’efforçant de garder la tête de son partenaire sous l'e...

le 18/08/2015 à 19:22
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Qui vous a dit que les actifs Grecs seront bradés ? Avez vous compris que la Grèce est proche du défaut et que ce qui aurait du être fait depuis longtemps dans les privatisations et enfin fait. Qui vous a dit que cette crise était ridicule ? Qui v...

le 18/08/2015 à 20:57
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Les actifs Grecs seront bradés pour respecter les multiples échéances de court-termes auxquelles le pays devra faire face durant les prochaines années. Pourquoi croyez-vous que les créanciers ait souhaité disposer d'une main mise dans l'administratio...

le 19/08/2015 à 0:42
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@Habemus Comme développé dans d autres articles. Vous vous trompez lourdement sur la situation actuelle. Sziriza à travers son ancien ministre des finances à a fait du chantage. Vous payez ou je mets le feu en Europe en me suicidant. .. Sauf...

le 19/08/2015 à 8:52
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@Habemus "Pourquoi croyez-vous que les créanciers ait souhaité disposer d'une main mise dans l'administration des actifs publics grecques ?" --> Parce qu'ils n'ont pas confiance. Posez vous aussi la question de savoir pourquoi la privatisation des ...

à écrit le 18/08/2015 à 18:37
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Il vaux mieux privatiser partiellement des actifs valables mais non finançables par le gouvernement plutôt que de les fermer purement et simplement. Par contre il faut que l’État grec garde une minorité de blocage pour les structures privatisées afi...

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