Brexit : les conditions d'un accord "pas réunies", Paris menace d'un veto

Après une semaine de discussions intensives à Londres, le négociateur européen Michel Barnier a estimé, ce vendredi soir, que les conditions d'un accord post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni n'étaient pas réunies. La France, qui craint pour l'avenir de ses pêcheurs, a pour sa part agité la menace d'un veto.
Michel Barnier est le négociateur en chef de la Commission chargé de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni.
Michel Barnier est le négociateur en chef de la Commission chargé de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni. (Crédits : YVES HERMAN)

Les conditions d'un accord post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni "ne sont pas réunies" en raison de "divergences significatives", malgré une semaine de discussions intensives à Londres, a annoncé vendredi soir le négociateur européen Michel Barnier sur Twitter.

Les négociateurs ont convenu de faire "une pause" dans les discussions. Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen feront "un état des lieux" des discussions samedi après-midi, a-t-il ajouté.

Paris menace d'un veto

Londres et Bruxelles touchaient vendredi aux limites de leurs concessions pour trouver un accord post-Brexit, sous la menace d'un veto de la France qui craint pour l'avenir de ses pêcheurs.

"S'il y avait un accord qui n'était pas bon (...) nous nous y opposerions", a lancé le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, sur la radio Europe 1. Avec un veto ? "Oui. Chaque pays a le droit de veto", a-t-il averti.

La France fera sa "propre évaluation" d'un éventuel texte, a-t-il précisé. "Nous le devons aux Français, nous le devons à nos pêcheurs et à d'autres secteurs économiques", a souligné Clément Beaune, répétant que le risque d'un non-accord "existe" et qu'il "faut s'y préparer".

Ce coup de pression traduit l'inquiétude croissante de la France de voir l'UE accorder trop de concessions aux Britanniques par crainte d'un "no deal" au 31 décembre, jour de la rupture définitive de Londres avec le continent.

Selon un diplomate européen, cette appréhension est partagée par d'autres capitales, comme Rome, Madrid, Bruxelles et Copenhague. "Nous ne voulons pas nous enfermer dans une relation déséquilibrée pour les décennies à venir", explique-t-il.

Signe des divergences qui gagnent les Etats membres, plusieurs sources européennes affirment à l'inverse que l'Allemagne, qui occupe la présidence tournante de l'UE, et la Commission européenne poussent pour obtenir un accord.

"Il y a des lignes rouges, mais il y a malgré tout toujours de la marge pour des compromis", a affirmé vendredi le porte-parole d'Angela Merkel, assurant cependant que son pays n'accepterait pas d'accord "à n'importe quel prix".

"Nous allons tenir bon jusqu'au dernier moment, la dernière seconde de ce processus, pour garantir l'unité entre nous", a assuré vendredi le président du Conseil européen, Charles Michel.

Un accord "prématuré"

Les résultats des pourparlers pourraient être présentés par la Commission aux capitales dans "les prochaines heures ou les prochains jours", a-t-il ajouté, expliquant que les Etats membres prendront ensuite position "en fonction de ce qui est sur la table".

Un sommet européen réunissant en personne les dirigeants des 27 est prévu les 10 et 11 décembre à Bruxelles.

Le négociateur européen Michel Barnier, à Londres depuis le début de la semaine, devait continuer à négocier toute la journée de vendredi, renonçant à un point d'étape initialement envisagé dans l'après-midi avec les Etats membres.

Les Européens aimeraient parvenir à un accord avant la fin du week-end, condition pour qu'il soit ratifié à temps par le Parlement européen afin d'entrer en vigueur le 31 décembre. A cette date, les Britanniques, qui ont officiellement quitté l'UE le 31 janvier, cesseront d'appliquer les normes européennes.

"Il reste très peu de temps. Nous sommes à un moment difficile des négociations", a concédé le porte-parole du Premier ministre Boris Johnson, avertissant que Londres n'accepterait pas "un accord qui ne respecte pas les principes fondamentaux de la souveraineté".

Une source européenne a estimé qu'il était pour l'instant "prématuré" d'anticiper une conclusion des discussions durant le week-end.

Sans accord pour régir leur relation au 1er janvier, le Royaume-Uni et l'UE échangeront selon les règles de l'Organisation mondiale du commerce, synonymes de droits de douane ou de quotas, faisant courir le risque d'un nouveau choc économique s'ajoutant à celui de la pandémie de coronavirus.

Trois points bloquent toujours la conclusion d'un accord: l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence et la manière de régler les différends dans le futur accord.

Lire aussi : Accord post-Brexit: les trois sujets de blocage

La pêche apparaît depuis le début des discussions comme un sujet aussi symbolique qu'explosif pour une poignée d'Etats membres, France et Pays-Bas en tête. Le Premier ministre français Jean Castex a d'ailleurs rappelé jeudi que la pêche française ne pouvait pas être "sacrifiée comme variable d'ajustement" dans les négociations.

Lire aussi : Brexit : la France ne sacrifiera pas la pêche française et bloquera tout mauvais accord

Commentaires 17
à écrit le 09/12/2020 à 10:18
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il faut que les droit soit les memes pour l'Angleterre et les suisses pour l'europe point finale le reste est du chantage de part et d'autre et tout cela pour l'intransigeance allemande comme pour la grece mais quand l'allemagne souffre il faut...

à écrit le 09/12/2020 à 10:17
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il faut que les droit soit les memes pour l'Angleterre et les suisses pour l'europe point finale le reste est du chantage de part et d'autre et tout cela pour l'intransigeance allemande comme pour la grece mais quand l'allemagne souffre il faut...

à écrit le 06/12/2020 à 14:43
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C'est que d'emotion et du bluff pour gagner. Le chiffre d'affaire de la peche francais dans les eaux brittaniques ne signifique plus qu' un bagatelle en relation de chiffre d'affaires total entre la France et le Royaume-Uni.

à écrit le 05/12/2020 à 23:06
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c'est la moindre des choses que de refuser un accord ou on refuse de ramasser la savonnette bojo n'a rien dans on jeu les ex colonies ne veulent ps faire le grand common wealth prevu mister toupet n'est plus en place et ne le soutient plus; biden ...

à écrit le 05/12/2020 à 11:40
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Notre pouvoir en place menace d'un veto qui n'a d'autre signification que de râler, comme un adolescent boutonneux, de son appartenance a l'UE de Bruxelles!

le 06/12/2020 à 10:52
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Vous n avez rien compris ... ce message ne vous étiez pas destiné mais en direction de l Allemagne: la France ne signera pas un accord qui laisse sur le v’carreay ses pêcheurs.... sinon out la finance anglaise du continent out la compensation de l e...

à écrit le 05/12/2020 à 10:31
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Bah alors je ne comprends pas, il me semblait que les Anglais allaient voir les 10 plaies d'Égypte s'abattre sur eux, que l'Angleterre allait être ruinée, et que l'Europe en sortirait renforcée en montrant qu'on ne peut pas se passer d'elle. Et final...

le 06/12/2020 à 19:00
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Sans offense Jeje, mais ce n'est pas la clairvoyance qui vous habite...

à écrit le 05/12/2020 à 10:28
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Ds cette dernière ligne droite, sur les 3 pts de désaccord, des concessions st surtout demandées au RU en échange d'un deal. Sachant que le compromis sur la pêche n'intéresse essentiellement que 4 pays dt la France sur les 27 et que les 2 autres con...

à écrit le 05/12/2020 à 9:22
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Les anglais ont toujours été d'habiles négociateurs, et nous rarement, surtout à l'international. Avec un Barnier, c'est pas gagné pour l'UE. Et donc, la France, patrie des droits de l'homme, montre encore une fois qu'elle méprise les principes dém...

le 05/12/2020 à 11:30
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Si je comprends bien vous préférez qu'on accorde un deal sympa au anglais en sacrifiant les intérêts français ?

à écrit le 05/12/2020 à 8:40
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"l'inquiétude croissante de la France de voir l'UE accorder trop de concessions aux Britanniques par crainte d'un "no deal" au 31 décembre" Et c'est exactement ce qu'il se passe, l'UE pour laquelle la France a sacrifié ses citoyens n'est qu'une e...

à écrit le 05/12/2020 à 0:45
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Il vaut toujours mieux pas d'accord qu'un accord bancal, quitte au fil du temps et tête froide à négocier dans le calme et la sérénité.

à écrit le 04/12/2020 à 23:57
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La GB doit pouvoir pleinement profiter de son brexit aussi, seul un non est cohérent. Ils nous ont fait c...pendant 47 ans, laissons les à leurs délires de grandeurs passées. Je vote pour un no deal car le futur traité que nous aurons à honorer est t...

le 05/12/2020 à 9:42
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Tout à faut d'accord .

à écrit le 04/12/2020 à 23:08
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Quelle galère pour sortir de l’UE. Tout est à problème dans cette Europe

le 05/12/2020 à 11:32
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Il n'y a que les pro brexit qui ont fait croire que c'était simple. comme quoi il ne faut pas croire tout ce que les populiste raconte.

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