Les inégalités de revenus salariaux entre hommes et femmes dans l'UE ont la vie dure. En moyenne, une Européenne gagne 16 % de moins que ses collègues masculins, soit 84 centimes pour chaque euro gagné par un homme.
Les femmes sont également plus susceptibles de travailler à temps partiel, une tendance accentuée par l'arrivée d'enfants dans un couple, selon les chiffres publiés le 7 mars par Eurostat.
Ce problème n'est pas particulier aux pays moins développés, puisque l'Allemagne, qui est pourtant l'économie la plus forte de l'UE, affiche un les écarts les plus marqués. Alors que 25,3 % des femmes allemandes sans enfants travaillaient à temps partiel en 2014, contre 9,6 % des hommes, 59,4 % des femmes avec un enfant ne travaillaient pas plein temps.
Les États membres ont été invités par l'exécutif européen à signaler toute mesure en place obligeant les entreprises à rendre les salaires publics d'ici fin 2015. Selon un fonctionnaire européen, la plupart des pays ont répondu à cette invitation.
En 2014, la Commission avait déjà recommandé l'adoption de lois sur la transparence des salaires, des mesures « essentielles pour l'application efficace du principe d'égalité salariale ».
Le bon, la brute et le truand
À ce jour, les États membres ayant suivi cette recommandation sur la transparence des revenus salariaux sont rares.
La Commission doit se repencher sur l'impact (modeste) de sa recommandation et décidera si elle doit aller plus loin, éventuellement en proposant une nouvelle loi, selon ce fonctionnaire européen.
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L'Estonie est le pays de l'UE où la différence des revenus salariaux des hommes et des femmes est la plus frappante : les femmes gagnent 28,3 % moins que les hommes, soit 72 centimes par euro gagné par un homme, contre un écart européen moyen de 16,1 %
« Le niveau d'éducation des femmes est généralement plus élevé que celui de leurs collègues masculins. Pourtant, les femmes se retrouvent souvent coincées à des postes moins bien rémunérés, dans des secteurs économiques moins prestigieux et moins rentables », explique Yana Toom, eurodéputée estonienne ALDE membre de la commission parlementaire sur l'emploi et les affaires sociales.
« Il ne fait aucun doute que les conditions obtenues par les Estoniennes sur le marché du travail sont le résultat d'une discrimination systémique fondée sur le sexe », estime-t-elle.
L'année dernière, la Commission a demandé à l'Estonie de faire des efforts pour améliorer cette situation catastrophique. C'était la première fois que l'exécutif faisait une recommandation individuelle sur l'inégalité des revenus salariaux.
Pour les militants pour l'égalité, l'action de la Commission n'est pas suffisante.
« [Sa recommandation] devrait être légalement contraignante. Il faut mettre en place des sanctions, des contrôles et des plans d'action. Les entreprises devraient être obligées de montrer comment elles combattent l'inégalité salariale », défend Mary Collins, coordinatrice pour les politiques au Lobby européen des femmes.
Selon le Lobby européen des femmes, la disparité des revenus a des conséquences extrêmement lourdes sur l'indépendance financière des femmes : en moyenne, les pensions et les revenus totaux des femmes européennes sont 40 % et 41 % moins élevés que ceux des hommes.
Les parents encore plus inégaux
Dans une étude publiée cette semaine, l'organisation internationale du travail (OIT) a souligné que les activités liées aux soins et à la garde des enfants creusent encore l'écart salarial, alors que la rémunération nette et les prestations sociales augmentent en fonction de l'ancienneté professionnelle.
Les mères qui s'occupent le plus des enfants finissent donc en général par gagner vraiment moins d'argent. Cela crée un écart salarial négatif pour les mères, alors que les hommes ont plus d'avantages à être pères.
Les politiques visant à promouvoir un meilleur partage des responsabilités en matière de soins peuvent contribuer à réduire les écarts de salaires entre hommes et femmes, selon l'OIT.
Lors d'une interview pour EurActiv, Michael O'Flaherty, directeur de l'agence européenne des droits fondamentaux, rappelle que le nombre de femmes ayant un emploi reste relativement bas et que les femmes ont plus tendance à travailler à mi-temps, pour un salaire moins élevé et à des postes moins prestigieux.
| Lire : L'UE à la traine en matière d'égalité des genres
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PLUS D'INFORMATION
Organisation internationale du travail (OIT)
Eurostat
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Par EurActiv.com (Traduit par Manon Flausch)
(article publié mercredi 9 mars 2016 à 7:00)
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