Grèce : la droite échoue à former un gouvernement

Evangelos Meimarakis, le chef du parti conservateur, renonce à créer un gouvernement de coalition. A son tour, Panagiotis Lafazanis, le nouveau leader de la 3e formation politique, Unité populaire, va s'atteler à la tâche. Ces tractations lassent les Grecs autant que les Européens - car, pendant ce temps, la mise en oeuvre du plan de renflouement attend.
Aprés l'échec des conservateurs, l'ancien ministre de l’Énergie a trois jours pour former son gouvernement. Panagiotis Lafazanis a prévenu qu'il excluait toute entente avec quiconque soutient le nouveau plan de renflouement, à hauteur de 86 milliards d'euros.

Le chef du parti conservateur grec a renoncé, lundi 24 août, à former un gouvernement de coalition et a rendu au chef de l'Etat le mandat que celui-ci lui avait confié après la démission du Premier ministre, Alexis Tsipras, rapprochant le pays d'élections anticipées le mois prochain.

Trois jours pour créer son gouvernement, un délai impossible

Comme le prévoit la Constitution en pareilles circonstances, le président Prokopis Pavlopoulos avait confié au chef de file de Nouvelle démocratie (ND), deuxième force politique au Parlement, un mandat pour essayer de trouver une coalition. Son échec prolonge la situation de vacance du pouvoir à Athènes et entrave donc la mise en œuvre de l'accord conclu avec ses créanciers.

Evangelos Meimarakis disposait de trois jours pour mener à bien cette mission. Laquelle s'est avérée impossible, compte tenu des rapports de force dans le Parlement issu des législatives de janvier et des oppositions irréductibles sur le troisième plan de renflouement financier accordé à la Grèce en échange de nouvelles mesures d'austérité. Le délai a expiré dimanche.

Panagiotis  Lafazanis va tenter à son tour de former un gouvernement

Pour autant, cette phase de consultations n'est pas terminée puisque Panagiotis Lafazanis, ancien ministre de l'Energie du gouvernement Tsipras à l'origine de la scission de 25 députés du groupe parlementaire Syriza, va à son ton tour s'atteler à la tâche.

Avec 25 députés, son nouveau groupe, Unité populaire, est devenu la troisième force parlementaire. Et la Constitution prévoit, en cas de démission d'un gouvernement moins d'un an après des élections législatives, que la troisième force politique dispose, elle aussi, de trois jours.

Lafazanis a prévenu qu'il excluait toute entente avec quiconque soutient le nouveau plan de renflouement, à hauteur de 86 milliards d'euros. Ce critère limite ses possibilités aux seuls communistes du KKE (15 élus) et aux néo-nazis d'Aube dorée (17 élus). Et ces trois groupes, qu'on imagine de toute façon mal cohabiter, ne disposerait que de 57 élus sur 300.

Des consultations qui lassent en Grèce et en Europe

Mais Lafazanis a aussi indiqué qu'il entendait bien utiliser les trois jours pleins qui lui seront alloués à compter de lundi. S'il échoue à son tour, alors seulement le président Prokopis Pavlopoulos nommera un Premier ministre chargé d'expédier les affaires courantes et convoquera des élections anticipées.

Ces tractations, a priori inutiles, lassent et épuisent la patience tant en Grèce que chez ses partenaires européens, d'autant qu'Athènes doit mettre en œuvre les mesures liées au plan de renflouement financier - un premier examen, ou "revue", du respect des engagements pris dans ce cadre est prévu en octobre. Vendredi dernier, lors du vote au Parlement sur le troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros, 32 députés de Syriza sur 149 ont voté contre, 11 ont préféré s'abstenir.

L'afflux de migrants, l'autre urgence de la Grèce

La Grèce doit faire face également à une autre urgence, celle de l'arrivée en grands nombres de réfugiés dans les îles de la mer Égée. De janvier à juillet 2015, près de 130.500 migrants ont été appréhendés à la frontière, cinq fois plus qu'à la même période l'année dernière

"Notre pays a besoin d'un Premier ministre intérimaire expérimenté", a réclamé le quotidien Kathimerini. "La mise en œuvre de l'accord conclu avec les créanciers, la recapitalisation des banques et la crise des migrants sont des questions brûlantes qui ne peuvent attendre, pas même un mois."

Tsipras, dont la cote de popularité reste forte et qui peut espérer être reconduit à la tête du gouvernement à l'issue des prochaines élections, a dénoncé les tactiques dilatoires de la droite et de ses anciens alliés transfuges de Syriza.

"Ne vous inquiétez pas, ces combines visant à repousser les élections ne mèneront nulle part, et le peuple le sait", a dit Tsipras lors d'une réunion samedi avec de hauts responsables de son parti.

Le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, a exprimé son espoir que cette procédure soit rapidement expédiée pour "que le moins de temps possible soit perdu", a-t-il dit à la presse.

(Avec Reuters)

Commentaires 6
à écrit le 25/08/2015 à 17:12
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Il serait effectivement irresponsable d'organiser de nouvelles élections législatives sans un accord préalable des principaux partis - notamment gauche et droite modérées - sur un plan interne de redressement économique, administratif et social accom...

à écrit le 24/08/2015 à 14:08
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on va bientôt voir les colonels pointaient le bout de leur nez? c'est malheureux mais trop de démocratie tue la démocratie...

le 24/08/2015 à 15:29
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@dany: quand chacun fait ce qu'il veut, ce n'est pas la démocratie, mais la jungle. Une société doit, pour être viable et fiable, respecter des règles communes qui prennent en compte les intérêts généraux et non les intérêts particuliers. La Grèce es...

le 24/08/2015 à 21:45
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A Patrick B. Je veux bien qu'il y ait des règles communes pour tous ! Pouvez vous me dire où vous voyez des règles communes en Europe ? La seule règle commune "imposée" c'est celle de l'Allemagne !

le 25/08/2015 à 0:18
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@Mediator : l'Allemagne étant l'un des seuls pays fonctionnels d'Europe (les migrants ne s'y trompent d'ailleurs pas en s'y précipitant en masse), la règle allemande doit être plutôt bonne...

à écrit le 24/08/2015 à 13:44
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L'afflux de migrants, l'autre urgence de la Grèce il y a une solution, La Grèce et l'Italie n'ont qu'à délivrer des passeports aux migrants avec comme destination unique le bâtiment de la commission de Bruxelles

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