La BCE tente de freiner la hausse des taux

Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a annoncé mardi matin une accélération des rachats d'actifs publics en mai et juin. Une volonté de contrer la récente évolution des marchés.
La BCE veut maîtriser la remontée des taux

La BCE tente de reprendre la main sur les marchés. Ce mardi 19 octobre, Benoît Cœuré, membre du directoire de l'institution de Francfort, a ainsi annoncé que les rachats de dettes publiques allaient s'intensifier en mai et juin. Depuis le 1er mars, le BCE s'est lancée dans une politique d'assouplissement quantitatif (QE) prévoyant le rachat mensuel de 60 milliards d'euros de titres obligataires publics de maturité longue et moyenne pendant 11 mois.

Accélération des rachats, certes, mais "extension"?

Officiellement, l'annonce de Benoît Cœuré ne vise pas à modifier le montant global du QE, mais à gérer les rachats en fonction de la liquidité disponible sur le marché. Concrètement, puisque l'été, les marchés sont moins liquides, maintenir le rythme des rachats sera plus complexe. L'institution entend donc « prendre de l'avance » en intensifiant ses rachats en mai et juin.

Benoît Cœuré a également indiqué que, si nécessaire, des rachats complémentaires pourraient avoir lieu en septembre. Mais, au final, l'enveloppe totale du QE ne bougera pas.

Sauf que, ce même mardi 19 mai au matin, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a indiqué que "la BCE était prête à étendre ses rachats d'actifs si besoin".

Une trop forte hausse des taux n'est pas souhaitable

Cette offensive de communication de la BCE intervient après une forte remontée des taux et de l'euro face au dollar. Si ces deux éléments sont, en partie, les conséquences du succès du QE - puisque les marchés, anticipant la reprise de la croissance et de l'inflation, se détournent des obligations d'Etat à faible rendement et investissent à nouveau en euros -, ils posent des problèmes à la BCE.

Une trop forte remontée des taux longs n'est pas souhaitable parce qu'elle affaiblirait la reprise et qu'elle laisserait la BCE quasiment seule sur le marché, laissant ouvert un risque de "krach obligataire". De même, la remontée de l'euro réduira l'effet sur l'inflation des changes et réduira l'effet positif sur la compétitivité de la zone euro. Il faut donc maîtriser cette hausse, d'autant qu'elle s'explique aussi par des rumeurs qui ont laisser croire que la BCE allait cesser prématurément son QE. D'où la réaction de ce mardi.

Prévenir les « bonnes surprises »

Comme le souligne dans un tweet Frédérik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole, ces déclarations pourraient aussi chercher à "contrer les effets d'une révision à la hausse des prévisions de croissance des équipes de la BCE ou d'une surprise positive de l'inflation de mai le 2 juin".

De telles « bonnes surprises » pourraient en effet accélérer le désengagement des investisseurs des obligations d'Etat et donc la hausse des taux.

La BCE ne se contente donc pas de racheter des titres, elle tente de maîtriser les évolutions du marché. Dans un premier temps, ces déclarations ont conduit à un recul de l'euro qui est passé de 1,13 dollar moins de 1,12 dollar dans la matinée. Reste à savoir si ce mouvement sera durable.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 8
à écrit le 19/05/2015 à 19:41
Signaler
Déja un succés pour un QE cela se saurait un QE n'a jamais ramené de croissançe, dixit Japon et EU, sinon cela serait trop façile de faire du PQ. a part servir a nous racheter des entreprises genre Alstom ou Norbert D'entresangle.

à écrit le 19/05/2015 à 17:19
Signaler
les autres zones monétaires vont certainement accueillir le diktat de la BCE avec bienveillance : la reprise européenne bridant l´expansion des autres zones... á moins qu´ un chapitre nouveau ne voit le jour : "La guerre des devises"...où chaque zone...

à écrit le 19/05/2015 à 16:18
Signaler
Si les taux montent, la France est cuite. Comment financer alors la gabegie publique? Le jour où ça arrivera, ce sera terrible.... et le socialisme disparaitra.....

à écrit le 19/05/2015 à 15:26
Signaler
La BCE vole les épargnants au profit des états. Au lieu d'avoir des taux longs autour de 3/4%, elle maintient artificiellement ces taux en dessous de 1%. Les gagnants sont les états, les banques, et les marchés actions, les perdants sont les épargn...

le 20/05/2015 à 11:28
Signaler
Les perdants sont les retraités ? Ça permet aux jeunes de leur acheter leur immobilier moisi et hors de prix. On verra avec des taux plus élevés et une explosion de la bulle immo la tronche que vont tirer vos chers retraités.

à écrit le 19/05/2015 à 14:40
Signaler
Ce timing est troublant: faut-il prendre en compte la thèse de la réaction face à la volatilité des taux longs, ou celle d'une mise en place d'un amortisseur pour faire face à un défaut de paiement inéluctable de la Grèce ?? On peut douter du fait...

à écrit le 19/05/2015 à 12:51
Signaler
Tout ce temps perdu pour finalement faire comme les autres... Sont fins nos dirigeants européens, très fins !

à écrit le 19/05/2015 à 11:53
Signaler
Une remontee des taux est inevitable, tout le monde le sait y compris la BCE. Le QE de la BCE a ete tardif et ses effets seront donc moindres dans le meme temps l'environnement est globalement plus favorable. La vraie difficulte est d'arriver a une r...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.