"Le référendum britannique est une inquiétude pour les Irlandais"

Sean Sherlock, ministre irlandais du Commerce extérieur et de la coopération avec le nord de l'Irlande, est à Paris pour le salon du Bourget. Il évoque le dynamisme du commerce extérieur irlandais, la situation politique de l'île, l'Europe et le risque de Brexit.
Sean Sherlock, ministre irlandais du Commerce extérieur

Vous êtes à Paris pour visiter le stand irlandais du Salon du Bourget. L'aéronautique est-il un secteur important pour l'Irlande ?

Extrêmement important. Notre pays cherche désormais à se développer dans de nouveaux secteurs et je crois que les secteurs de l'aviation, de l'aéronautique et de l'espace présentent de réelles opportunités, notamment comme sous-traitants industriels dans ces secteurs. Et la destination évidente pour soutenir de telles initiatives est le Salon du Bourget. C'est un rendez-vous important, car le gouvernement et nos ambassades entendent soutenir les efforts de nos PME pour construire des relations d'affaires.

Lorsque l'on pense aux avantages compétitifs de l'Irlande, on pense d'abord à son taux d'imposition des entreprises qui est fort bas. Voulez-vous en développer d'autres ?

L'Irlande est une île. Pour survivre, elle a besoin de faire du commerce et pour faire du commerce, l'innovation est un facteur important. Notre premier avantage comparatif, ce sont les Irlandais eux-mêmes et leur capacité d'adaptation. L'impôt sur les sociétés est un élément important, mais la capacité à saisir de nouvelles opportunités, à se mettre au niveau de la concurrence internationale, l'est aussi. C'est pour cela que le gouvernement irlandais investit dans la recherche de nouveaux marchés. Notre besoin, en tant qu'île, de commercer nous oblige à agir ainsi et c'est aussi pour cela que nous ne pouvons pas nous contenter de quelques secteurs. Nous devons nous appuyer sur de nombreux secteurs et nous devons être flexibles.

Quels sont les points forts des exportations irlandaises aujourd'hui ?

Le secteur agroalimentaire a réalisé une belle performance au cours des douze derniers mois. Nous sommes également très présents dans les secteurs financiers, l'informatique et les instruments médicaux. Mais nous ne voulons pas mettre tous nos œufs dans le même panier. D'où ma présence au Bourget cette année.

L'Irlande va afficher une croissance de 4 % cette année grâce aux exportations, mais il reste beaucoup de mécontentements. N'est-il pas tant de « rééquilibrer » l'économie irlandaise vers les ménages ?

Les exportations doivent être le principal moteur de la croissance irlandaise. Il n'est pas possible de réaliser une telle croissance avec la demande intérieure. Certains secteurs intérieurs sont cependant importants, comme le tourisme qui est un secteur clé. Mais c'est en saisissant de nouvelles opportunités que nous soutiendrons la croissance. C'est pourquoi nous faisons des efforts pour favoriser le commerce dans le monde entier : ici à Paris, ou en Estonie, en Chine, au Japon, au Royaume-Uni... Nous travaillons partout avec toutes nos agences pour soutenir la capacité des entreprises irlandaises.

Pensez-vous que l'Irlande peut être un modèle pour d'autres pays européens ?

Je ne peux parler que du cas irlandais et je ne prescrirai jamais une solution pour d'autres pays. Néanmoins, mon expérience me permet de dire que lorsque vous êtres dans un gouvernement de coalition en période de crise, vous devez prendre des décisions extrêmement difficiles sur la consolidation budgétaire ou la baisse des dépenses publiques. Mais nous avons agi en ayant toujours à l'esprit qu'il fallait restaurer l'indépendance de l'Irlande, en tant que nation souveraine et sortir de la crise avec une économie plus forte. Et nous avons cherché à maintenir un « seuil social » en maintenant la protection sociale ou en restaurant le salaire minimum. Il existe pour chaque pays un moyen de gagner de la flexibilité dans le programme d'ajustement pour au moins protéger les plus vulnérables.

Vous êtes membre du parti travailliste qui est actuellement très bas dans les sondages. Regrettez-vous d'avoir participé à ce gouvernement ?

Il faut placer l'intérêt du pays en premier et l'intérêt du pays était de rétablir l'économie du pays en maintenant la stabilité de la société. En tant que politicien, vous ne pouvez pas placer l'intérêt de votre parti avant celui de votre pays. Ou bien, on ne fait pas de la politique pour la bonne raison. Nous mesurons le sacrifice de nos citoyens, mais il fallait assurer la soutenabilité de notre économie et de notre société. Je ne suis pas satisfait des sondages, mais je veux laisser le pays dans un état plus sain qu'il ne l'était en 2011. C'est notre devoir et c'est pour cela que je viens à Paris. Pour soutenir les entreprises irlandaises, donc les travailleurs irlandais et les emplois irlandais.

Un des principaux défis de l'Irlande l'an prochain sera le référendum britannique sur le maintien dans l'UE. Craignez-vous un « Brexit » ?

Les relations anglo-irlandaises n'ont jamais été aussi fortes. Nous sommes à un plus-haut historique dans ce domaine. Je crois fortement que la relation du Royaume-Uni avec l'Union européenne est vitale, sur le plan géopolitique, mais aussi pour tous les citoyens européens. Nous allons continuer à travailler avec notre partenaire britannique pour développer nos relations bilatérales, mais le mieux est que nous continuions de travailler tous ensemble comme des Européens.

Vous êtes aussi en charge des relations avec l'Irlande du Nord. Craignez-vous qu'un Brexit mette à mal le processus de paix dans cette région ?

La frontière entre le nord et le sud n'existe pas en termes commerciaux et notre relation avec le Royaume-Uni est marquée par un fort lien économique. On peut s'inquiéter que ce référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE peut avoir des effets sur toute une série d'aspects et cela est une inquiétude.

Commentaire 1
à écrit le 22/06/2015 à 19:22
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C'est sur qu'après s'être gavé de subventions européennes et d'avoir faussé les règles communautaires en faisant du dumping fiscal, l'Irlande perdrait gros à un brexit. Lorsque l'on voit l'étendu des moyens européens et les résultats obtenus le sold...

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