Les dirigeants du FTSE 100 augmentés de 10% en 2015 : Theresa May veut du changement

Selon le think tank britannique High Pay Centre, les Pdg du FTSE 100 ont été augmentés de 10% en 2015. Le ratio entre rémunération de ces dirigeants et salaire moyen britannique est également en hausse depuis 2010, constat qui a conduit la nouvelle Première ministre Theresa May à vouloir durcir les règles du jeu.
Sasha Mitchell
Le Pdg de Lloyds Banking Group Antonio Horta-Osorio a lui vu sa rémunération baisser, preuve d'importantes disparités dans les packages des dirigeants du FTSE 100.

"Il ne semble pas y avoir de limite à l'augmentation sans fin des rémunérations globales des Pdg du FTSE 100." Dans une note publiée sur le site internet du High Pay Centre, lundi, son directeur Stefan Stern fait part de son inquiétude, et d'une certaine lassitude. "Malgré le sursaut occasionnel de certains actionnaires plus revendicatifs, les directoires continuent d'attribuer des 'packages' toujours plus élevés à leurs directeurs généraux."

Plus 10% en moyenne sur un an, selon le dernier rapport de ce think tank "indépendant et non partisan", tandis que le salaire moyen au Royaume-Uni a augmenté de 2% seulement. En 2015, les patrons du FTSE 100 - l'indice des entreprises les mieux capitalisées cotées à la Bourse de Londres - ont ainsi perçu, bonus compris, 5,48 millions de livres (6,45 millions d'euros), pour 4,96 millions de livres (5,8 millions d'euros) un an plus tôt. Le montant médian des rémunérations globales n'a lui progressé que de 100.000 livres, preuve pour le High Pay Centre que le montant moyen est tiré vers le haut par un petit groupe de Pdg, au sommet de l'échelle.

De fortes disparités au sein du top 10

Le mieux payé, le patron du groupe publicitaire WPP Sir Martin Sorrel, a par exemple été augmenté de 27,5 millions de livres entre 2014 et 2015. Les septième, huitième et dixième CEO les mieux rémunérés ont en revanche vu leur "package" sensiblement baisser sur la même période, comme exposé dans le tableau ci-dessous.

FTSE 100 salaires

La dynamique outre-Manche est sensiblement similaire à celle observée en France, où les dirigeants du CAC 40 ont vu leurs rémunérations globales augmenter de 11,4% sur un an, à 4,2 millions d'euros en moyenne. Parmi les plus hauts salaires la différence est difficilement comparable : Pdg (de loin) le mieux payé en France avec 16,7 millions d'euros engrangés chez Sanofi en 2015, Olivier Brandicourt est à des années lumières de Sir Martin Sorrel et de ses 70,4 millions de livres (82,9 millions d'euros). Lui-même étant payé des dizaines de fois mieux que ses propres salariés.

Les ratios bientôt rendus publics ?

Car c'est là l'un des principaux problèmes (récurrents) soulevé par le rapport : la différence entre les rémunérations des Pdg et des travailleurs britanniques. Alors que les "packages" des dirigeants du FTSE 100 étaient 160 fois supérieurs au salaire médian britannique en 2010, le ratio est passé à 183 quatre ans plus tard. Le High Pay Centre regrette d'ailleurs dans son rapport l'absence de communication officielle des entreprises du FTSE 100 sur le ratio entre les packages des Pdg et les salaires moyens de leurs propres employés - selon les calculs du think tank, il serait de 129:1. "Ces groupes pourraient s'éviter beaucoup d'ennuis et redorer leur blason s'ils écoutaient davantage les employés avant de valider de telles rémunérations", affirme le président du High Pay Centre.

Sur ce sujet, la nouvelle première ministre Theresa May est attendue au tournant. Lors de son premier (et unique) discours de campagne le 11 juillet, la conservatrice avait plaidé pour davantage de transparence dans le mode d'attribution des bonus ainsi que pour la publication, justement, de ce fameux ratio au sein des entreprises. Une position partagée par un groupe de dirigeants de la City, pour qui le système actuel provoque du "scepticisme et une perte de confiance au sein de l'opinion publique".

Le bilan de May jugé peu crédible

Autre piste évoquée par Theresa May : la présence au Conseil d'administration de salariés "ordinaires", comme au sein du groupe de tourisme TUI, seule entreprise du FTSE 100 à avoir adopté la pratique. Enfin, rendre contraignant le vote des actionnaires - une loi en ce sens a été votée en France avant l'été - est également envisagé depuis ce discours du 11 juillet.

Des paroles prononcées alors que Theresa May était encore en campagne, malgré le retrait quelques heures avant de son unique concurrente Andrea Leadsom, et cherchait donc à convaincre toutes les sensibilités de son parti. Reste à voir ce que la première ministre proposera dans les faits, elle qui, comme le rappelle The Independent, avait refusé en 2011 de financer des emplois pour les jeunes grâce à une taxe sur les bonus des banquiers et dont bon nombre d'observateurs doutent de la capacité à s'attaquer aux excès du capitalisme, chose qu'elle s'est globalement abstenue de faire en tant que députée.

Sasha Mitchell
Commentaires 2
à écrit le 09/08/2016 à 16:05
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Pauvre pays de miséreux qui croupissent dans leurs banlieues froides et humides, plein de riches qui ne payent pas ou peu d’impôts, vraiment pas un modèle a suivre !

à écrit le 08/08/2016 à 18:22
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Deuxième effet positif du Brexit donc ? Bientôt la marge bénéficiaire parasite des actionnaires ? Là faut pas rêver je crois mais sait on jamais à priori de sortir de l'UE oblige le gouvernement anglais à penser autrement...

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