Les Eurosceptiques allemands confirment leur virage à droite

Le fondateur d'Alternative für Deutschland, Bernd Lucke, a subi une nette défaite lors du congrès du parti à Essen. C'est aussi une défaite de l'aile libérale du parti.
Frauke Petry (à droite) est devenu leader d'AfD en battant Bernd Lucke, fondateur du parti (à gauche).

Le parti eurosceptique allemand Alternative für Deutschland (AfD) entame ce samedi 4 juillet un changement majeur. Le fondateur du parti, l'économiste Bernd Lucke, a subi lors du congrès du parti à Essen, dans la Ruhr, une nette défaite pour la présidence (officiellement le porte-parolat) de la formation qui a obtenu 4,7 % des voix en 2013 lors des élections au Bundestag. C'est sa rivale, Frauke Petry qui a été élue avec 59,7 % des voix des délégués.

Lutte interne

Cette défaite signe la fin d'une lutte interne qui était devenue très vive depuis un an entre l'aile libérale d'AfD incarnée par Bernd Lucke et qui voulait faire du parti une formation cherchant à renouveler autour du refus de l'euro la pensée ordolibérale du début de la République fédérale. Mais rapidement, il a dû faire face à une aile droite qui s'est montrée favorable à une critique de la mondialisation et de l'immigration. Notamment dans les Länder de l'est, comme la Saxe, dont est issue Frauke Petry.

Comme l'a souligné Bernd Lucke après sa demande, « les choses [lui] ont échappé » et lorsqu'il a pris la parole pour saluer les délégués au début du congrès d'Essen, il a été accueilli par des sifflets et des huées. L'aile droite l'a donc clairement emportée. Désormais, la question est de savoir si Bernd Lucke qui, en début d'année avait créé un mouvement « Weckruf 2015 » (« réveil 2015 »), quittera à présent le parti pour former sa propre formation. Il a laissé cette option ouverte.

Vers un « Front National » allemand ?

AfD est donc désormais en voie de devenir un « Front national » allemand, même s'il s'appuie toujours sur la pensée libérale d'outre-Rhin en matière économique. Il risque d'insister davantage sur les problématiques d'immigration. Le défi sera cependant de pouvoir reprendre la main sur le plan électoral. Après plusieurs succès en septembre 2014 dans trois Länder orientaux où AfD avait obtenu entre 9 et 13 % des voix, le parti a commencé à pâtir de ses divisions internes. En février et en mai, cependant, AfD est parvenu à franchir le seuil des 5 % à Hambourg et à Brême. Mais les sondages réalisés au niveau national ne lui attribuent plus que 4 % à 5 % des voix, alors que les libéraux de la FDP remontent lentement vers les 5 %. Bref, AfD commence à perdre sa base d'électeurs libéraux déçus. Dans ce cadre, regagner du terrain ne sera pas chose aisée. Les partis de droite extrême en Allemagne n'ont jamais réellement réussi à s'implanter historiquement en Allemagne fédérale.

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Commentaires 4
à écrit le 07/07/2015 à 7:21
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Le FN allemand va surgir et avoir des scores de 30% comme le FN de France, c'est la logique de l'histoire... En 2017 le Fn prendra le pouvoir en France.

à écrit le 05/07/2015 à 8:32
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Je ne sais pas si il s'agit d'un FN allemand, car on a toujours tendance en France à projeter notre modèle sur ce qui nous entoure. Ce qui est certain, c'est qu'à l'heure actuelle de nombreux gouvernements européens mettent en danger la construction...

le 05/07/2015 à 9:33
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Je ne vois pas trop le rapport entre l'Europe et les réformes. Pour l'instant il n'y a pas d'autorité politique européenne (et heureusement). Chaque pays est donc complètement responsable de sa situation et il n'y a aucune volonté de mutualiser les r...

le 05/07/2015 à 10:53
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C'est le fonctionnement et les motivations des instances européennes qui détournent les gens de l'Europe! Il faut redonner le pouvoir aux élus, éradiquer les influences néolibérales et mondialisantes "Goldman Sachs" et états-uniennes, mettre les bri...

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