Libre-échange : « Un accord avec l'UE faciliterait l'accès aux métaux stratégiques » (Don Farrell, ministre australien du Commerce)

Après le Royaume-Uni et l'Inde, l'Australie espère conclure prochainement un accord de libre-échange avec l'Union européenne. Outre ses produits et ses services, Canberra propose des ressources minières et des métaux stratégiques, ainsi que la sécurisation de leurs chaînes d'approvisionnement indispensables à la production de batteries électriques sur le Vieux Continent, comme l'explique à La Tribune Don Farrell, ministre australien du Commerce et du Tourisme.
Robert Jules
Don Farrell, ministre australien du Commerce et du Tourisme.
Don Farrell, ministre australien du Commerce et du Tourisme. (Crédits : Reuters)

Si la géographie compte dans le commerce, la géopolitique aussi. Les relations commerciales marginales entre l'Union européenne et l'Australie, du fait des distances, pourraient en effet connaître un coup de fouet si l'accord de libre-échange était conclu.

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En ce début de semaine, Don Farrell, ministre australien du Commerce et du Tourisme, était à Bruxelles pour un dernier round de négociations.

« Évidemment, nous souhaiterions vendre tous nos produits, notamment alimentaires et nos vins. Mais nous ne voulons pas inonder le marché européen, seulement y avoir un accès équitable pour offrir un plus grand choix au consommateur. C'est ce que nous venons d'obtenir avec le Royaume-Uni », explique Don Farrell à La Tribune.

« Il faut plus de commerce international »

De passage à Paris ce mercredi pour assister à une réunion des ministres du Commerce de l'OCDE, il entendait d'ailleurs plaider que face à certaines tentations protectionnistes, « il ne faut pas moins, mais plus de commerce international pour assurer la prospérité et le bien-être des Australiens ».

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Depuis le refroidissement des relations avec la Chine, son premier client international depuis le début des années 2000, qui avait imposé des embargos sur son charbon, mais aussi sur des produits de consommation comme le vin, l'Australie a mesuré combien la dépendance à l'égard de son puissant voisin pouvait le fragiliser, notamment dans un contexte de tensions régionales entre la République populaire et les Etats-Unis.

« Nous avions une bonne relation commerciale avec la Chine, mais dernièrement, nous avons rencontré quelques obstacles. Nous sommes en train de stabiliser cette relation », assure le ministre.

L'Australie multiplie ainsi les accords de libre-échange. Outre celui signé la semaine dernière avec le Royaume-Uni dans le cadre du Commonwealth, Canberra vient d'en conclure un autre avec l'Inde, l'autre géant asiatique qui connaît une des meilleurs croissances économiques au monde et se positionne comme un rival de la Chine dans la région.

Quant à l'Union européenne, elle pourrait bénéficier de plusieurs opportunités : « L'accès à un marché de biens et de services très varié provenant d'une économie sophistiquée et de qualité, ainsi que d'un secteur numérique développé. Ensuite, d'un accès à des minéraux et métaux critiques, et des chaînes d'approvisionnement sûres et sécurisées, ce qui est aujourd'hui essentiel pour l'Union européenne. Enfin, une diversification des échanges qui va bien au-delà d'une liste de produits, puisque cela permet de générer de la croissance, améliorer nos relations et générer des opportunités pour nos consommateurs », résume Don Farrell.

Deuxièmes réserves mondiales de lithium, de cuivre, de nickel, de cobalt

Les pays du Vieux continent veulent créer leurs propres filières de batteries pour véhicules électriques, des éoliennes et des panneaux solaires pour profiter de la nouvelle industrie liée à la transition énergétique. Ils ont donc un besoin vital de métaux qu'ils importent, dont le marché mondial est dominé par la Chine notamment dans le raffinage.

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 « L'Australie est un pays qui a de la chance, son sous-sol recèle d'importantes réserves mondiales de métaux critiques, dont des terres rares. Nous voyons là une formidable opportunité pour nous de travailler avec l'Union européenne pour décarboner l'économie », explique le ministre.

Le pays compte aujourd'hui les deuxièmes réserves mondiales de lithium, de cuivre, de nickel, de cobalt, ou encore de manganèse. Or, ces métaux se révèlent indispensables à la transition énergétique. Résultat, la demande mondiale explose. Le secteur minier de l'Australie est mature avec des géants internationaux comme BHP Billiton ou Rio Tinto.

Si l'accord de libre-échange était signé avec l'UE, l'Australie faciliterait l'accès à ce secteur aux investisseurs. « La semaine dernière, j'étais aux Etats-Unis dans une usine Ford qui s'apprête à investir 5 milliards de dollars dans une mine de lithium en Australie. Ce que nous voulons avec un accord avec l'UE c'est que cet accès puisse être facilité pour permettre aux pays européens de pouvoir produire leurs véhicules électriques », promet le ministre.

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Relations normalisées avec la France

Quant à la relation avec la France, l'arrivée des travaillistes au pouvoir en 2022, a changé la donne. Le nouveau Premier ministre, Anthony Albanese, s'est attaché à résoudre les différends dès sa prise de sa fonction, à commencer par le litige avec Naval Group, dont l'annulation de la commande de sous-marins au profit d'une commande étasunienne. Un dédommagement financier et la rencontre entre Anthony Albanese et le président Emmanuel Macron ont permis de normaliser les relations.

Ce dont se réjouit Don Farrell, francophile assumé : « La France, qui a des intérêts dans la région Pacifique, est un allié essentiel pour l'Australie, nous partageons les mêmes valeurs. Il est important d'entretenir cette relation de longue date ».

Robert Jules
Commentaires 3
à écrit le 09/06/2023 à 8:29
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Après le coup des sous marins, comment leur faire confiance et surtout qui avons nous d'intelligent et de stratège pour sauver la noix France de la tenaille économique Australie-Usa dont le marteau serait l'Angleterre. Avant de construire des gigaf...

à écrit le 08/06/2023 à 9:10
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Comment peut on être résilient quand on dépend toujours des autres, pour s'enfoncer dans la facilité avec de l'inutile ! ;-)

à écrit le 07/06/2023 à 19:25
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Bonjour, Avant de voulour signé un accords de libres échange entre l'Australie et l'union européenne... Les australiens doivent surtout favoriser les échange commerciaux avec les européenne... Actuellement, je constate que les américains ou ang...

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