Madrid envisage d'user de la force contre le référendum en Catalogne

Le gouvernement espagnol envisage un plan concret pour bloquer le vote sur l'indépendance de la Catalogne prévue par le gouvernement. Il souhaite prendre le contrôle de la police catalane pour fermer les bureaux de vote.
Mariano Rajoy veut empêcher le référendum catalan.

Madrid semble déterminée à empêcher la tenue d'un référendum d'autodétermination en Catalogne, comme l'a promis le président du gouvernement catalan, la « Generalitat », Carles Puigdemont. Selon des informations publiées dans le quotidien conservateur madrilène El Mundo, le gouvernement espagnol a mis sur pied un plan pour empêcher la tenue du vote qui sera sans doute déclaré illégal par le Tribunal constitutionnel espagnol. Le gouvernement du Royaume entend éviter la répétition du scrutin « consultatif » du 9 novembre 2014, qui s'était tenues avec l'appui du gouvernement catalan. Cette fois, à la différence de ce qui s'est passé trois ans plus tôt, Carles Puigdemont a prévenu : il respectera le résultat du vote et si l'indépendance obtient 50 % plus une voie, il la proclamera et engagera le divorce avec l'Espagne.

Appliquer l'article 155

Pour contrer l'organisation de ce scrutin, prévu dans la deuxième quinzaine de septembre, Madrid pourrait enclencher la procédure prévue à l'article 155 de la constitution espagnole qui donne au gouvernement central la possibilité de « prendre les mesures nécessaires pour contraindre une communauté autonome (région) à respecter ses obligations ou pour protéger l'intérêt général ». Cet article n'a jamais été utilisé, mais permettrait de suspendre en partie l'autonomie régionale. Selon El Mundo, évoquant une réunion gouvernementale sur le sujet, Madrid prendrait alors le contrôle des ministères catalans de l'Éducation et de l'Intérieur. Le premier permettrait de fermer les bureaux de vote dans les établissements scolaires, le second permettrait de prendre le contrôle de la police catalane, les Mossos d'Esquadra. Ces derniers seraient chargés de surveiller les lieux et d'empêcher l'ouverture des bureaux de vote. Désormais donc, le gouvernement espagnol se dit prêt à prendre des mesures « coercitives » contre la tenue du référendum d'autodétermination catalane.

Problèmes d'application

Cette procédure de l'article 155 est lourde, elle suppose une mise en demeure du président de la Generalitat et l'approbation de la majorité absolue du Sénat, acquise au gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Cette option semble sérieuse dans la mesure où elle a été évoquée ce 2 février par le ministre de la Justice espagnol, Rafael Catalá. El Mundo affirme que cette stratégie vise à faire « respecter la loi » constitutionnelle espagnole qui interdira par le Tribunal constitutionnel le référendum, tout en étant une réponse « proportionnelle ». L'autonomie catalane ne serait pas ainsi suspendue entièrement, mais uniquement dans les domaines nécessaires. Elle reste cependant très risquée sur le plan pratique. Il faudra s'assurer du loyalisme des Mossos et éviter des troubles aux abords des bureaux de vote. Le gouvernement espagnol dispose de forces limitées qui relèveraient directement de lui et il ne peut empêcher la tenue du vote sans les Mossos.

Dialogue de sourds

En réalité, cette annonce doit être comprise dans l'actuel bras de fer psychologique entre les exécutifs espagnol et catalan. Une « opération dialogue » est actuellement menée par Madrid vers Barcelone, mais exclut de toute discussion le référendum d'autodétermination. En retour, le gouvernement catalan propose une discussion à Madrid, sur les modalités du référendum... Face à ce dialogue de sourd, chacun assure donc ne pas vouloir céder. Carles Puigdemont affirme que « l'on votera quoi qu'il arrive », tandis que Madrid martèle que l'on ne « votera en aucun cas ». Face à cette situation bloquée, chacun tente donc d'impressionner l'autre le plus possible. L'évocation concrète de l'usage de l'article 155 entre dans ce cadre.

En fait, en faisant usage de la coercition, Madrid risque d'approfondir la crise en la faisant descendre dans la rue, devant les bureaux de vote. Il risque aussi de faire basculer avec un coup de force une partie des indécis du côté des Indépendantistes. La clé du succès du référendum réside dans l'attitude de la gauche non indépendantiste, favorable à la consultation, mais pas à l'indépendance. Si Madrid use de violence, l'attitude de cette constellation politique pourrait pencher vers l'indépendance. Mais à Madrid et parmi les unionistes, on est certain qu'en montrant les muscles, on empêchera la tenue du référendum et que l'on aura prouvé l'impasse de la voie indépendantiste. Là encore, le dialogue de sourds est complet.

Commentaires 15
à écrit le 16/02/2017 à 19:26
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Le nationalisme catalan n'existe pas. Il existe un mouvement populaire catalan qui exprime fortement son angoisse de voir sa culture,sa langue ,son économie étouffée ,asphyxiée par des mesures insidieuses prises par l'état espagnol PP contre le gou...

à écrit le 07/02/2017 à 13:48
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On évoque dans ces commentaires, un nationalisme espagnol. Le nationalisme espagnol n'existe pas; laminé par le franquisme. Par contre il y a un chauvinisme régional unique en Europe, et un nationalisme basque et catalan. le nationalisme espagn...

le 07/02/2017 à 17:37
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J'ai pris la peine de lire ce tissu d'inexactitudes (disons ça comme ça) jusqu'au bout, mais il m'a fallu pas mal de courage. On dirait du Cardona pur jus. Le nationalisme espagnol, ou plutôt castillan, réside dans le refus d'accepter la particular...

à écrit le 07/02/2017 à 6:55
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La liberté ne se demande pas,elle se prend.

à écrit le 04/02/2017 à 20:32
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Le gouvernement ne fera qu'appliquer légitimement sa constitution, la loi du peuple.

le 05/02/2017 à 19:01
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En premier lieu il ne s'agit pas de "sa" Constitution: elle n'appartient pas au gouvernement. En deuxième lieu il faut remarquer que la Constitution de 78 a été en tout cas pervertie et abusée par le gouvernement et les quelques juges nommés...

le 05/02/2017 à 22:31
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Le gouvernement espagnol n'a pas un mandat démocratique pour bloquer la démocratie en Catalogne, ce qui serait assez bizarre dans un pays à priori démocratique. Le gouvernment catalan par contre, a un mandat démocratique pour mettre en pratique l'...

le 05/02/2017 à 22:44
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Légalité obsolète et injuste contre légitimité démocratique, ou quand la loi devient une simple excuse pour nier des droits fondamentaux. Il y en a eu pleins d'exemples dans le monde (droit de suffrage pour les femmes, apartheid, etc.). Heureusement,...

à écrit le 04/02/2017 à 20:12
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On va s'amuser. Si le gouvernement réactionnaire espagnol applique des mesures répressives et nous empêche de voter rien n'y fera. Je suis bien curieux de voir comment il peut empêcher les citoyens d'occuper les rues, bloquer les routes ou de s'inst...

à écrit le 03/02/2017 à 19:24
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On ne peut pas oublier que le vote independantiste a déjà donné la majorité au parlement Catalan et que l'indépendance gagne dans la majorité des enquètes. En plus les partis favorable au référendum représenten 80% des votes.

à écrit le 02/02/2017 à 19:47
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quid de la Californie qui veut faire sécession des US ? Trump va envoyer l'US Army pour s'occuper des bad hombres californiens comme il veut le faire avec le Mexique ?

à écrit le 02/02/2017 à 19:17
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La Catalogne est riche très riche donc pour Madrid la laisser faire sécession c'est comme si en France on laissait partir l'Alsace.

le 23/09/2017 à 12:13
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C est plus comme si la France perdait la région paca et la région Rhône Alpes. ..Que l alsace. .

à écrit le 02/02/2017 à 19:14
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50% et une voix et non voie sauf si elle est ferrée...

à écrit le 02/02/2017 à 18:55
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Le vrai visage de Rajoy et de sa complice l'union européenne. La personnalité allemande de notre UE n'est vraiment pas de bon augure pour envisager la futur nouvelle révolution économique.

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