Uber, Starbucks et Snapchat s'engagent à convaincre les jeunes britanniques de voter

A l'approche des élections législatives britanniques du 8 juin, le gouvernement s'inquiète du grand nombre de jeunes de 18 à 24 ans toujours pas inscrits sur les listes électorales. Les réseaux sociaux et les applications fortement utilisées par cette tranche d'âge, telle que Snapchat et Uber se mobilisent pour encourager la jeunesse à s'engager plus dans la politique.
"Les jeunes ne lisent peut être pas les journaux ou ne regardent pas les informations, mais ils sont sur Snapchat", explique un porte-parole de la Commission Électorale britannique à la CNN.

"Trouve ta voix! Inscris-toi pour voter avant le 22 mai!". C'est ce qu'affiche le nouveau filtre photo de Snapchat spécifique au Royaume-Uni, à quelques heures de la date limite pour s'inscrire afin de pouvoir voter lors des élections législatives, le 8 juin prochain.

A quelques jours du scrutin, le pays fait face à un mouvement d'abstentionnisme de la part des jeunes électeurs. D'après le dernier sondage de la Commission électorale du Royaume-Uni paru en décembre 2015 (au cours de la précédente élection générale), 30% des Britanniques ayant moins de 34 ans n'étaient pas inscrits pour voter, contre seulement 4% chez les personnes de plus de 55 ans.

La Commission électorale collabore avec Snapchat pour encourager les moins de 30 ans à voter pour l'élection générale. Cette collaboration stratégique permettrait au gouvernement de faire passer un message aux 10 millions utilisateurs quotidiens du réseau social, au Royaume-Uni, dont la plupart sont jeunes.

"Snapchat est très populaire parmi les jeunes adultes, un groupe que nous savons moins susceptible d'être inscrit pour voter. En travaillant avec eux, nous pouvons faire passer ce message important d'une manière nouvelle et cela peut nous aider à faire en sorte que moins de personnes ratent une occasion de voter", explique Craig Westwood, directeur des communications de la Commission électorale dans un communiqué cité par Bloomberg.

D'après un sondage de YouGov, un plus grand nombre de jeunes électeurs pencherait pour le parti Labour dirigé par Jeremy Corbyn qui propose la disparition des frais universitaires.En effet, plus de 45% des 18-24 ans soutiennent le parti travailliste. C'est d'ailleurs pour cela, que le chef du parti lui-même s'investit sur les réseaux sociaux pour faire appel aux jeunes.

"C'est une nouvelle manière de donner envie aux jeunes électeurs de s'engager. Nous n'avions jamais fait cela auparavant. Nous pensons maintenant au lieu où se trouve notre public et à comment nous pouvons entrer en contact avec lui", a déclaré un porte-parole de la Commission à CNN.

Mais pour les jeunes britanniques, il semblerait qu'un filtre Snapchat n'est pas suffisant pour les encourager à voter. Cela peut les sensibiliser à cette élection, mais le vrai problème d'abstentionnisme devrait être abordé à l'école:

"Je pense que la sensibilisation politique devrait être encouragée à partir d'un jeune âge parce que beaucoup de personnes de mon âge ne comprennent pas vraiment la politique et l'impact qu'elle aura sur notre futur", répond Emily Pentland, une jeune anglaise de 23 ans, interrogée par la CNN.

Snapchat n'est pas le premier réseau social à s'engager dans l'élection générale

Avant que Snapchat ne s'y mette, Uber avait déjà commencé à collaborer avec Bite The Ballot, une organisation qui encourage les jeunes à s'impliquer dans la politique. En attendant leur véhicule, les utilisateurs reçoivent des petits messages leur rappelant les dates de l'élection générale, par exemple : "Ne soyez pas de simples passagers dans la prochaine élection".

La chaîne de cafés Starbucks s'est aussi mobilisée en organisant des "Democracy Cafes" ou "DeCafes", des rassemblements pendant lesquels les britanniques peuvent discuter des élections autour d'un cappuccino.

"Le rôle d'un café a toujours été de rassembler des personnes pour discuter de l'actualité. Nous sommes fiers de soutenir l'initiative de Bite The Ballot", a déclaré Simon Redfern, le vice-président des affaires publiques de la branche Europe de Starbucks, dans un communiqué cité par Bloomberg.

Les réseaux sociaux eux aussi deviennent les alliés des politiciens, et un moyen des plus efficaces pour communiquer avec les millénials. Facebook et Twitter ont plusieurs fois servi de rappels pour l'élection dans les fils d'actualité dévoilant un lien vers le site d'inscription du gouvernement. Ce lundi 22 mai, date limite pour s'inscrire sur la liste électorale, l'organisation Bite The Ballot publie aussi sur le compte Twitter du Royaume-Uni, pour multiplier les publicités et les encouragements aux électeurs.

Les jeunes pourraient faire pencher la balance du côté du Labour

Malgré un abstentionnisme inquiétant chez les jeunes, une enquête du Higher Education Policy Institute (l'institut de recherche dans l'éducation supérieure) montre que parmi ceux qui votent, de plus en plus d'étudiants, soit 78%, s'engagent dans la politique, contrairement aux 69% de 2015.

Cependant, ces étudiants, pro-Labour pour la plupart d'entre eux, feront difficilement le poids face à un corps bien plus important d'électeurs plus âgés, aux tendances plus conservatrices. En effet, d'après le Bureau de la Statistique Nationale, il y avait 5,7 millions de jeunes entre 18 à 24 ans en 2015, contre 11,3 millions de personnes de plus de 65 ans, au Royaume-Uni.

La BBC a, de son coté, imaginé un scénario dans lequel autant de jeunes que de personnes plus âgées iraient voter, soit 78%.  Le gouvernement britannique compterait alors 2 millions de votes en plus. En suivant la tendance actuelle, la BBC en est venue à une conclusion positive pour le parti de Jeremy Corbyn: 860.000 voix en plus pour le Labour, et 540.000 pour les Tories, soit 10 sièges au Parlement du parti conservateur qui seraient réattribués au parti travailliste. Une victoire presque assurée du Labour dans le contexte d'une campagne très serrée.

Mais pour cela, il faut briser le cercle vicieux qui incite les politiciens à moins se préoccuper des jeunes en constatant leur manque d'engagement, ce qui ensuite pousse les jeunes britanniques à se sentir de moins en moins écoutés par les personnes au pouvoir et donc à moins porter d'importance aux élections.

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Commentaires 2
à écrit le 23/05/2017 à 7:56
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En quoi voter changera quoi que ce soit ? La politique est sous l'influence du porte-monnaie des lobby. De plus, ce ne sont plus les hommes politiques qui dirigent un pays, mais ses hauts-fonctionnaires qui contrôlent l'aristocratie administrative. O...

à écrit le 22/05/2017 à 19:02
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Mais s'engager pour quoi, pour telle ou telle oligarchie ? Par ailleurs compter sur les multinationales qui ne payent pas d'impôts dans leurs pays d'origine pour vanter la citoyenneté c'est particulièrement aberrant. Ça y est on est dans le g...

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