Victoire du "non" en Grèce : une "catastrophe pour la nation" ou une "défaite de l'Europe" ?

Les interprétations du résultat du référendum de dimanche et les visions sur l'avenir du peuple grec diffèrent dans les journaux étrangers.
Les économistes qui ont incité à voter "non" dimanche devraient maintenant accepter leur responsabilité pour la souffrance que vont endurer les Grecs, particulièrement les plus pauvres, sur le chemin de la nouvelle drachme", estime le Wall Street Journal.

L'avenir de la Grèce enflamme la presse, à l'étranger comme en France. Et de même que dans l'arène politique, sur les Unes des principaux titres internationaux la victoire du "non" au référendum de dimanche 4 juillet suscite des prises de position très diversifiées, notamment entre les principaux titres anglo-saxons et ceux de l'Europe du Sud. La Tribune les a passés en revue.

  • Le Financial Times n'a pas de doute: "Alexis Tsipras et ses collègues ont déclenché une catastrophe pour leur nation", estime notamment Tony Barber dans les colonnes du quotidien britannique. Le résultat négatif du référendum grec aboutira en effet à "élargir les fissures politiques dans une société déjà assommée par un marasme économique", assure-t-il dans un éditorial, précisant qu'il s'agit notamment de la déchirure créée entre deux pans de la population. D'une part, les Grecs qui ont voté "oui" "considéreront le résultat comme une calamité comparable à la défaite militaire de 1922 aux mains des Turcs". De l'autre, ceux qui ont voté "non" "vont rapidement apprendre qu'il n'y pas de salut, mais uniquement de la misère à venir", explique le quotidien économique britannique.
    L'avenir du berceau de l'humanité semble donc terne aux yeux du FT. Le journal prévoit que "comme en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, la Grèce est condamnée à être un quartier de l'Europe pour de nombreuses années, une condition qui ne favorisera guère l'autosuffisance et l'engagement à la réforme".

  • Egalement pessimiste, le Wall Street Journal  critique notamment certains économistes dits "progressistes" tels que Joseph Stiglitz ayant incité à voter "non" au référendum. Imaginant la sortie de la Grèce de la zone euro, le quotidien américain tempère leur enthousiasme en évoquant l'idée d'un retour à la drachme, ironisant sur "l'élixir magique de la dévaluation" qui en suivrait. Rappelant les difficultés à venir en cas de retour à l'ancienne monnaie grecque, le WSJ conclut:

"C'est gentil de leur part d'avoir suggéré que les Grecs pourraient être les premiers à faire l'expérience d'une sortie de la zone euro. Mais ces économistes devraient maintenant accepter leur responsabilité pour la souffrance que vont endurer les Grecs, particulièrement les plus pauvres, sur le chemin de la nouvelle drachme".

  • Dans un éditorial intitulé "Ce que l'Europe a besoin de faire maintenant", le rédacteur en chef du principal titre économique allemand, Handelsblatt, ne ménage pas ses mots: "Personne ne veut soutenir un État dans lequel l'argent prêté se perd", met en garde Oliver Stock. Après la victoire du "non", "Tsipras, Varoufakis et Cie.", qui ont montré une attitude "intransigeante", n'ont pas le droit  "de dicter à l'Europe leurs conditions", estime le journaliste. Selon lui, si la Grèce devait prendre aujourd'hui le chemin des réformes indiqué par la chancelière allemande Angela Merkel, elle trahirait ses ses propres électeurs.

"En vérité, seul le Grexit aidera", conclut-il.

 Le Grexit: un "suicide collectif"?

Ce vote "non" a réuni des extrêmes, analyse le journal qui se dit "européiste". Il cite  notamment "la gauche, avec Syriza, des petits partis extra-parlementaires, quelques électeurs communistes", mais aussi  "des nationalistes comme les Grecs Indépendants  et des néo-nazis (Aube dorée, ndlr) radicalement opposés aux diktat de Bruxelles". Le quotidien espagnol juge sévèrement l'attitude du Pasok et de la Nouvelle démocratie: "Les partis politiques conservateurs et socialistes ont été incapables de s'unir pour le "oui" et de forger un front européen."

  • Une "défaite brûlante et retentissante de l'Europe et de l'eurozone": voici ce que représente, selon Il Sole 24 Ore, le résultat du référendum de dimanche en Grèce. Pire, un "choc qui sur le long terme pourrait avoir des conséquences encore plus dévastatrices" de celui infligé à l'Europe il y a dix ans par le "non" de la France et des Pays-Bas au projet de Constitution européenne, à l'origine de "la lente mais inexorable involution intergouvernementale de l'Union".

    Pour Il Sole pourtant, un Grexit, bien qu'il soit considéré par certains comme la solution désormais la plus simple du point de vue politique comme financier, ne représenterait qu'une solution illusoire. "Jamais dans le passé les sécessions des politiques communes (...) en ont corroboré le succès. Au contraire, dans la meilleure des hypothèses, ils en ont compliqué la mise en oeuvre et compromis l'efficacité", analyse le journal.

"Intégrité et irréversibilité font partie de l'ADN de l'euro, qui ne prévoit pas d'expulsions, plus ou moins masquées. C'est pourquoi un Grexit équivaudrait à un suicide collectif", conclut-il, évoquant les effets boursiers et sur les marchés, dont "les premiers à souffrir seraient les pays faibles comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie".

Le quotidien italien appelle alors à une véritable remise en cause du modèle européen, qui sacrifie enfin les intérêts particuliers au nom de celui collectif en arrêtant de réduire la question du Grexit à "une simple partie comptable".

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Commentaires 34
à écrit le 07/07/2015 à 15:57
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Référendum sans intérêt qui ne change rien. Le gouvernement actuel doit partir en laissant la place à un petit comité de transition et une tutelle européenne.

à écrit le 07/07/2015 à 15:17
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Les grecs se trompent depuis des siècles leurs grandeurs n est plus qu'un tres tres lointain souvenir Ils viennent de renoncer à l'Europe car ils refusent de vivre à leur niveau Il ne reste plus aucune solution sauf la sortie de l'Europe Soit tsi...

à écrit le 06/07/2015 à 20:33
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Bravo les Grecs Ils font revivre la démocratie Quand peut-on espérer pour nous français un référendum sur notre dette? On peut toujours rêver!

à écrit le 06/07/2015 à 19:00
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Allez encore une étape et vous serez sortie de cette M.... avec en plus une ardoise à 0 !!! Montrez à tous que l'Europe n'apporte rien et surtout que l'Euro est une catastrophe, la plupart des pays sans l'Euro s'en sortent très bien ! BBRRRAAAVVVOO !

à écrit le 06/07/2015 à 19:00
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Allez encore une étape et vous serez sortie de cette M.... avec en plus une ardoise à 0 !!! Montrez à tous que l'Europe n'apporte rien et surtout que l'Euro est une catastrophe, la plupart des pays sans l'Euro s'en sortent très bien ! BBRRRAAAVVVOO !

à écrit le 06/07/2015 à 18:29
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On n'a que faire de l'avis du FT, WSJ ou Hanselblatt. Ces journaux n'existeraient pas qu'on s'en porterait pas plus mal, vu qu'ils ne véhiculent que les mensonges de leurs patrons propriétaires, des néo-libéraux dont le seul objectif est de faire to...

à écrit le 06/07/2015 à 17:57
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Bravo à tous les Grecs qui ont voté contre la pensée unique !. Les conseilleurs français, ces nains en économie comme en politique, qui ont si mal géré les affaires françaises (ils ont bien mieux géré leurs propres affaires), devraient se taire. À ja...

à écrit le 06/07/2015 à 17:13
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Les électeurs ont cette fois définitivement OXI (pardon, occis) la Grèce.

à écrit le 06/07/2015 à 17:12
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Il n'y a aucune défaite de l'Europe puisque Tsipras n'a d'autre choix que de retourner négocier avec elle faute de prêteurs alternatifs possibles. La Russie et le Brésil n'en ont plus les moyens, et la Chine, au mieux, investira dans des concessions ...

à écrit le 06/07/2015 à 16:47
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Non mais, entre nous, socialistes, mais quelle GIFLE qu'a donné le peuple grec à l'Union Européenne, hein ? nom d'une pipe, quelle gifle !! ah mais ça fait mal…..

à écrit le 06/07/2015 à 16:22
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Les deux tiers de Grecs s opposent à de nouvelles mesures d austérité, qui ont bien prouvé depuis 5 ans leur affreuse nocivité. Seul le FMI, probablement menacé d implosion ou alors suivant un agenda caché qui nous échappe, à reconnu une "erreur d a...

le 06/07/2015 à 18:51
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@Lionel Gilles: "On espère la création d un Tribunal pour les crimes financiers, où les banksters et leurs obligés, politiques et journalistiques, devront répondre de leurs crimes d'usure, de menaces et de complot" ??? Tu as changé de camp ? Hier tu ...

le 07/07/2015 à 1:40
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@Patrickb La tournure de votre commentaire démontré bien le caractère géopolitique de vos interventions. Je n ai jamais prôné "la malhonnêteté". Tout le contraire, voyez-vous. Ensuite "des Grecs" : de tous les Grecs ? Des papis et mamies qui vivent...

le 07/07/2015 à 1:43
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Rectification : il faut lire "trollistique" et non "géopolitique".

le 07/07/2015 à 9:15
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@Lionel Gilles: relis tes commentaires et assume tes contradictions :-)

le 07/07/2015 à 20:13
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Je vois aucune contradiction. Il ne s'agit pas d'ardoise ou je ne sais quoi. Il s'agit d'enfin reconnaître que la Grèce ne peut tout simplement pas payer, sauf à condamner des gens, non responsables, à un mort lente. Il ne s'agit pas de moral (pou...

le 07/07/2015 à 20:39
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rectification bis : lire "de morale" (avec un e, bien sûr). Plus je vis en Grèce et plus j'en perds mon latin.

à écrit le 06/07/2015 à 16:15
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Mince, c'est déjà la fin du monde et on m'avait rien dit ! Les pères fondateurs de l'Europe (l'Allemand Konrad Adenauer, le Luxembourgeois Joseph Bech, le Néerlandais Johan Willem Beyen, l'Italien Alcide De Gasperi, les Français Jean Monnet, Rober...

le 06/07/2015 à 16:49
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Une fois n'est pas coutume, je suis 100% en accord avec vous, Mario. Très bonne analyse, bravo.

à écrit le 06/07/2015 à 15:12
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OXI !!!!!!! Youpiiiiiiiiii Que les dieux de tous les cultes protègent maintenant les Grecques, mais merci à eux d'avoir eu le cran les c******* de dire OXI à l'oligarchie du NWO ! Merci aussi de la finesse des Politiques Grecques qui ouvrent en...

le 06/07/2015 à 16:08
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Seul le peuple s'étant exprimé, il reste aux 18 autres démocraties de la zone euro, à accepter ou refuser les exigence grecques !! Je crois que les grecs vont souffrir ! Avec la crise, ils avait du revenir au niveau de 1999, lors de l'entrée dans la...

le 06/07/2015 à 16:31
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Il faut aller plus loin, sortir de l'UE rejoignant les théories du Nobel d'économie KRUGMAN, sortir de l'UE et prouver au reste des européens et du monde que ..ça marche, que l'UE oligarchique nous ruine..

le 06/07/2015 à 22:13
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@Fred: Krugman et Stiglitz, deux économistes non-specialistes de l'economie grecque (ou Européenne... le premier ayant prophétisé que l'Europe centrale ne rentrerait jamais dans l'UE^^) et bien assis a New York....pendant ce temps 246 économistes gre...

à écrit le 06/07/2015 à 14:55
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Cet épisode est peut-être un mal pour un bien, à tous niveau : pour la Grèce et pour l'Europe. Cela a mis en évidence, toutes les incohérences du système. Cela obligera à une remise en question, à des évolutions, à des avancées. Trop d'erreurs ont...

à écrit le 06/07/2015 à 14:46
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"élargir les fissures politiques dans une société déjà assommée par un marasme économique", assure-t-il dans un éditorial, précisant qu'il s'agit notamment de la déchirure créée entre deux pans de la population. D'une part, les Grecs qui ont voté "ou...

le 06/07/2015 à 16:31
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@V_v: c'est quand même beau la langue de Goethe :-) Si ce n'était la mauvaise transcription, on dirait du Schwarzy dans Total Recall :-) A part ça, c'est quoi le rapport avec la Grèce ??? Ah, tu voulais simplement nous signaler que ton anglais et ton...

à écrit le 06/07/2015 à 14:46
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Plutôt la deuxième question. Assurément.

à écrit le 06/07/2015 à 14:42
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Les deux! Une catastrophe pour les grecs, des banques en faillite, des déposants qui ne reverront jamais leurs liquidités, ou peut-être en drachmes, une économie qui revient complètement souterraine (quels sont les fous qui vont mettre maintenant l'a...

à écrit le 06/07/2015 à 14:35
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Il est tout à fait normal que les peuples puissent disposer d'eux-mêmes et choisir leur destinée. Mais il faut aussi assumer les conséquences de ses choix et par conséquent, il serait anormal que ce soit les autres Européens qui s'appuient la facture...

à écrit le 06/07/2015 à 14:34
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franchement si la Bretagne et la Catalogne prenaient leur indépendance et se tiraient de l'Europe on en ferait un plat? La grèce est un tout petit pays de 11 millions d'habitants dont 2 millions d'immigrés et 1 sans papiers gangréné par l'économie g...

à écrit le 06/07/2015 à 14:19
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Que de bla bla...Demain sera comme aujourd'hui...La misère existait déjà en Grèce, et de plus en plus en France...L'Europe est là ou elle nous a mené nos dirigeants successifs. Le reste n'est que joutes politiques.

le 06/07/2015 à 15:58
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En 2003, on avait promis les pires maux aux Suédois s'il n'acceptaient par référendum de rentrer dans l'euro. Les Suédois, malgré un matraquage médiatique, ont refusé. Il ne semble pas que la foudre ait particulièrement frappé l'économie suédoise. Pi...

le 06/07/2015 à 22:17
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hmmm comparer l'Etat Suédois et l'Etat grec, comparer l'economie suédoise et l'état grec... c'était sérieux ou un trait d'humour? meme varoufakis considère que le greffait serait la ruine de la Grece. D'après vous, la Grece ferait comment pour pay...

le 07/07/2015 à 1:53
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L industrie grecque du médicament à payée une page de pub dans TO VIMA, ou elle signale qu'elle est capable de couvrir 70% des besoins en pharmacie et 50% des hôpitaux. Pas mal pour "un pays qui ne produit rien ou presque" comme on peut le lire ici o...

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