Fusions et acquisitions : le réveil du marché français profite… aux banques américaines

Le marché français des fusions et acquisitions a rebondi de 49%, à 132,5 milliards de dollars, en 2013, selon Thomson Reuters. La banque d’affaires américaine Morgan Stanley est numéro un du classement.
Christine Lejoux
Morgan Stanley est numéro un du marché français du conseil en fusions et acquisitions, en 2013, avec 60 milliards de dollars de transactions conseillées, selon Thomson Reuters. REUTERS.

Le marché français des fusions et acquisitions joue les montagnes russes. Alors qu'il avait chuté de moitié en 2012, le montant des transactions annoncées impliquant au moins une entreprise française, que celle-ci soit acquéreur ou vendeur, a rebondi de 49% en 2013, à 132,5 milliards de dollars (97 milliards d'euros), d'après les données publiées par Thomson Reuters.

Certes, les perspectives macro-économiques se sont quelque peu améliorées au sein de la zone euro, ce qui a redonné à certaines entreprises le goût de la croissance externe. Et le CAC 40 a grimpé de 15% depuis janvier, si bien que les sociétés cotées sur l'indice phare de la Bourse de Paris sont aujourd'hui valorisées près de 14 fois leurs bénéfices estimés pour les douze prochains mois. Un multiple qui rapproche les attentes des vendeurs de celles des acquéreurs.

 La boutique américaine Moelis fait un bond de 59 places dans le classement

Mais, qu'on ne s'y trompe pas. Le marché français des M&A (mergers and acquisitions) doit beaucoup à la fusion de 19,3 milliards de dollars scellée cet été dans le secteur de la publicité, entre le Français Publicis et l'Américain Omnicom. Une opération qui a représenté un jackpot pour les banques américaines. Morgan Stanley, qui conseillait Omnicom, se voit ainsi propulsée de la quatrième à la première place du marché français du conseil en fusions et acquisitions, avec 60 milliards de dollars de "deals" conseillés en 2013.

 Sa compatriote JPMorgan, qui a également travaillé pour Omnicom, grimpe de deux points dans le classement élaboré par Thomson Reuters, pour se retrouver en troisième position. Bank of America Merrill Lynch et Citi, qui ont, elles, conseillé Publicis, gagnent respectivement 9 et 10 places, ce qui les hisse aux rangs de numéro 6 et de numéro 8. Mieux, Moelis, la "boutique" américaine créée en 2007 par l'ancien patron de la division banque d'affaires d'UBS, et qui a planché sur la fusion entre Publicis et Omnicom pour le compte de l'Américain, est bombardée 9ème sur le marché français du conseil en M&A. Soit un bond de…59 places.

 Deux banques françaises seulement ont travaillé sur la fusion Publicis-Omnicom

 Et les banques françaises, dans tout cela ? Deux d'entre elles seulement, BNP Paribas et Rothschild, ont travaillé sur le rapprochement entre Publicis et Omnicom, en conseillant le groupe de Maurice Lévy. Ce qui leur a permis de demeurer dans le haut du palmarès de Thomson Reuters, à la deuxième place pour BNP Paribas et à la quatrième pour Rothschild, soit des reculs respectifs de un et de deux rangs seulement.

 En revanche, Lazard et la Société générale, absentes du plus gros "deal" de l'année, perdent respectivement quatre et neuf places, pointant ainsi en 7ème position pour la première et en 15ème position pour la seconde.

 Le poids des Etats-Unis dans le marché mondial des fusions au plus haut depuis 2001

 Au niveau mondial également, les banques d'affaires américaines s'arrogent le haut du classement. A commencer par la quasi-indétrônable Goldman Sachs, qui, avec 616 milliards de dollars d'opérations conseillées, demeure cette année numéro un d'un marché mondial des fusions et acquisitions évalué à 2.310 milliards de dollars, en repli de 2% par rapport à 2012.

 Il est vrai que les banques d'affaires d'Outre-Atlantique sont aidées par leur marché domestique, qui n'est autre que le plus important du monde, avec un poids de 1.006 milliards de dollars, soit 43,6% du marché total des fusions et acquisitions. Cette proportion - tirée, entre autres, par la méga-transaction de 130 milliards de dollars conclue entre Verizon et Vodafone pour le rachat, par le premier, des 45% détenus par le second dans Verizon Wireless - est au plus haut depuis 2001.

Christine Lejoux

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