Union bancaire : les Etats-Unis remettent la pression sur l’Europe

Le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, enjoint les Européens de s’entendre rapidement sur le "filet de sécurité", qui doit servir de garantie publique ultime au Fonds européen de résolution des crises bancaires, et sur lequel règne toujours un flou certain.
Christine Lejoux
Jack Lew, le secrétaire américain au Trésor, appelle de ses voeux "des actions supplémentaires", en matière d'union bancaire européenne. REUTERS;

Jack Lew est avant tout un diplomate. "Nous saluons les progrès accomplis par la France et ses partenaires européens sur la question de l'union bancaire, au cours des 18 derniers mois", a complimenté le secrétaire américain au Trésor, mardi 7 janvier, lors d'une conférence de presse commune avec Pierre Moscovici.

Il faut dire que, quelques minutes plus tôt, le ministre français de l'Economie avait - une nouvelle fois - fait preuve d'un enthousiasme débordant au sujet de l'accord - plus exactement du compromis - conclu le 18 décembre entre les Européens sur l'union bancaire, évoquant une avancée "à pas de géants, une "union bancaire solide, sûre, permettant de réduire la fragmentation de notre système financier et d'assurer sa stabilité." Et Pierre Moscovici d'insister :

"Nous avons longuement discuté de l'union bancaire avec Jack Lew [durant la rencontre de mardi entre les deux hommes, qui a précédé la conférence de presse ; Ndlr], car nos amis américains regardent ce sujet de près et de façon positive."

 Les Etats-Unis plaident pour une mise en place rapide d'un filet de sécurité

De façon positive, vraiment ? Les politesses d'usage passées, Jack Lew a déclaré que les Etats-Unis "aimeraient que des actions supplémentaires soient menées, en ce qui concerne le backstop." Le "backstop", c'est ce filet de sécurité qui, dans le cadre de l'union bancaire européenne, doit servir de garantie publique ultime au fonds européen de résolution des crises bancaires, lequel ne disposera que de 55 milliards d'euros d'ici à dix ans pour financer le sauvetage ou la liquidation de banques en difficulté.

Or, lors de l'accord du 18 décembre sur l'union bancaire, les Européens ont repoussé aux calendres grecques la définition de ce fameux "backstop", faute de trouver un terrain d'entente entre eux. En effet, si la France juge que le mécanisme européen de stabilité (MES) est l'instrument idoine pour servir de filet de sécurité, l'Allemagne ne veut pas en entendre parler.

 Revigorer l'économie européenne et, partant, celle des Etats-Unis

 "Nous n'avons jamais fait mystère du fait que nous pensons qu'il est très important de disposer d'un backstop. Plus il y aura fonds propres dans les banques européennes et plus les filets de sécurité seront sûrs, mieux ce sera pour l'économie européenne, pour celle des Etats-Unis et pour l'économie mondiale",

a insisté Jack Lew. De fait, si le pays de l'oncle Sam pousse autant à la roue au sujet de l'union bancaire européenne, c'est pour éviter que de nouvelles crises bancaires grèvent à nouveau les finances publiques du Vieux Continent, déclenchant ensuite des politiques d'austérité qui pèsent sur la demande européenne de produits américains.

 Une approche équilibrée entre relance économique et discipline budgétaire

C'est justement pour parler croissance que Jack Lew effectue une tournée de trois jours en Europe, laquelle s'achèvera mercredi 8 janvier par une visite aux homologues allemand et portugais de Pierre Moscovici. L'idée étant de trouver une "approche équilibrée" entre relance de l'économie européenne et discipline budgétaire.

 Si, sur ce sujet de la relance économique, "la France et les Etats-Unis tiennent un langage extraordinairement proche depuis mai 2012 [date de l'élection de François Hollande ; Ndlr]", comme l'a souligné Pierre Moscovici, Jack Lew devrait en revanche trouver une oreille moins attentive lors de sa visite à Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances, l'Allemagne privilégiant, elle, une réduction rapide des déficits au sein de la zone euro.

Christine Lejoux

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Commentaires 20
à écrit le 08/01/2014 à 14:15
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La chine a passé des accords monétaires avec la Russie , le Japon, des pays asiatiques et sud américains . Cela explique l'insistance de ce "banquier" qui ne pourra plus faire de la photocopie de billet (planche à billet) . Avec nos élus incompétent...

à écrit le 08/01/2014 à 11:18
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les américains vont nous sauver une fois de plus des allemands. Lafayette nous voila

à écrit le 08/01/2014 à 10:49
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Jack Lew, les USA... Pour ceux qui doutaient encore que l'Europe est un projet politique des US pour pacifier et soumettre leur partenaire commercial... Sinon, leurs banques et dettes vont comment chez eux ? le QS se porte bien ?

le 08/01/2014 à 18:07
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Robert Schumann,Monnet Giscard,Mitterrand,Chirac,Sarkozy, nous aurez mentis non quelle déception.

à écrit le 08/01/2014 à 3:21
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Pour la France, la question n'est pas de savoir ce que veulent les USA mais ce que veut Berlin. En l'occurence, les jérémiades de Moscovici ne servent à rien. La France socialiste est faible, sa voix n'intéresse pas les européens. Hollande et sa band...

le 08/01/2014 à 9:21
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votre commentaire est intéressant mais je rajoute car je ne suis pas un idéologue pour dire que le politique de gauche es plus mauvais que celui de droite aussi il est bon de rappeler que les journaux avaient nommés M. Sarkozy l'ambassadeur de Mme Me...

à écrit le 07/01/2014 à 23:42
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Mr moscovici est toujours aussi compétent !!! C est dramatique

à écrit le 07/01/2014 à 23:31
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L'Europe est le paillasson des USA!

à écrit le 07/01/2014 à 22:21
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Qui paye en cas de crise encore plus grave?

le 08/01/2014 à 18:13
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L'épargnant c'est prévu de le ponctionner.Vous savez l'argent viens toujours de la même source,cela serait merveilleux malheureusement si la source une fois tarie,n’amenait pas la faillite du système.

à écrit le 07/01/2014 à 21:47
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Grosso modo, les américains veulent continuer avec vendre des produits financiers pourris sous garantie d'une union bancaire européenne qui épongera les dettes.

à écrit le 07/01/2014 à 21:13
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pour la stabilité financière il devrait aller voir son cousin outre manche et se mettre d'accord sur une vraie réglementation entre wall street et city, ça nous sécuriserait beaucoup plus. Pareil il devrait faire le tour des paradis fiscaux en plus c...

à écrit le 07/01/2014 à 20:43
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Les américains ont tout à fait le droit de commenter ce qu'il se passe chez nous en matière de régulation bancaire. Pourquoi ? Tout simplement parce que notre politique financière influence la santé économique de leur pays et inversement. Aujourd'hui...

le 07/01/2014 à 21:28
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Les Américains continuent comme avant la crise de donner des leçons de bonne gouvernance au monde entier, Ils ne se l'appliquent jamais à eux mêmes.

le 07/01/2014 à 23:04
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@Ferghane Leur santé économique ne dépend pas de l'Europe car les américains vivent en permanence à crédit sur le dos du monde. Ce ne sont que des enfants gâtés qui refusent de se prendre en charge sans la vielle Europe.

à écrit le 07/01/2014 à 20:16
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Mare, mare des amerlochs, qu'ils règlent les problèmes de pauvreté dans leur pays, et après on verra. Ils nous cassent les pieds avec leurs monnaies de singe!!!!

le 07/01/2014 à 22:26
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La monnaie de singe s'appelle le dollar. Les Américains vous cassent peut-être les pieds, moi pas. Merci de ne pas faire croire que tout le monde partage votre point de vue. Le problème posé dans l'article est très sérieux et mérite plus que des comm...

le 07/01/2014 à 22:59
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@Nico L'UE est en guerre monétaire permanente avec les USA au cas où vous n'étiez pas pas au courant. Leur monnaie de singe en étalon pose un sérieux problème pour l'économie mondiale et pas seulement européenne.

le 08/01/2014 à 14:04
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@Nico : Grâce au dollar (ou papier chiot) les USA vivent depuis 1971 sur le dos du monde entier. "le dollar c'est notre monnaie et c'est votre problème" citation d'un secrétaire au trésor US

à écrit le 07/01/2014 à 18:59
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Qu'ils se mêlent de leurs affaires. Ils n'ont pas a intervenir dans nos affaires.

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