Bourse : les banques seront-elles les "utilities" de demain ?

Le profil boursier des banques va se rapprocher de celui des sociétés de services aux collectivités, qui présentent peu de risque et offrent des rendements conséquents, affirme le cabinet Roland Berger.
Christine Lejoux
Les banques françaises augmentent leurs dividendes, afin de compenser leur moindre rentabilité des capitaux propres. REUTERS.

Il y a deux ans encore, le secteur bancaire était le placement idéal pour un investisseur en mal de bouffées d'adrénaline et de sueurs froides. Pensez donc : crise des subprimes (crédits hypothécaires américains à risque), faillite de Lehman Brothers, crise des dettes souveraines dans la zone euro… Difficile de trouver pari boursier plus risqué que les banques, de 2008 à 2011, année qui avait vu les cours des banques françaises chuter de 40% à 55%. Et difficile, à l'époque, d'imaginer que celles-ci seraient, à l'orée de l'année 2014, en train de se muer en valeurs de bon père de famille…

 "En Bourse, la majorité des banques vont devenir des « utilities » [sociétés de services aux collectivités ; Ndlr], présentant peu de risque et offrant beaucoup de rendement. C'est ce que veulent les régulateurs bancaires et les citoyens",

affirme Fabrice Asvazadourian, co-directeur du pôle services financiers au sein du cabinet Roland Berger.

Pour mémoire, les "utilities", comme Veolia Environnement, EDF ou GDF Suez, se caractérisent par des activités très consommatrices de capitaux propres, mais dont les revenus présentent une grande récurrence. Ce qui leur confère un statut de valeurs défensives, mais également de rendement, la régularité de leurs cash-flows leur permettant d'assurer chaque année de confortables dividendes à leurs actionnaires.

 Les banques françaises ont augmenté leurs fonds propres de 9 milliards, en 2013

 Dans quelle mesure BNP Paribas, la Société générale, le Crédit agricole et autre BPCE peuvent-elles devenir les Veolia et EDF de demain ? D'abord, le métier de banquier devient de plus en plus gourmand en capitaux propres. Et ce, en raison de la nouvelle réglementation dite de Bâle III, qui, pour tenter d'éviter une répétition de la crise financière de 2008, impose désormais aux banques de détenir davantage de fonds propres en face de leurs engagements jugés particulièrement risqués. Ainsi, au cours de la seule année 2013, les quatre principales banques françaises ont encore augmenté de 9 milliards d'euros, au total, le montant de leurs capitaux propres, selon Roland Berger.

 Un renchérissement de leur activité qui a conduit les banques à réduire très considérablement leur profil de risque, au cours des cinq dernières années. Et ce, à grands coups de cessions de portefeuilles de crédits immobiliers, de dettes d'Etats européens en difficulté, ou encore de réductions de voilure au sein d'activités risquées de la banque de financement et d'investissement (BFI), comme le trading pour compte propre.

 La banque de détail et la banque privée à l'honneur

 A l'inverse, les banques ont mis les bouchées doubles dans les activités aux revenus et aux bénéfices plus réguliers, comme la banque de détail. De fait, l'an dernier, malgré un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 0,3% seulement en France, les revenus de banque de détail des principales banques françaises - pourtant étroitement corrélés à la conjoncture économique - sont parvenus à progresser de 1,1%, en moyenne, d'après Roland Berger. Alors que le produit net bancaire (PNB, l'équivalent du chiffre d'affaires) de l'activité de BFI des banques françaises a, lui, décliné de 4%, en 2013.

Autre métier qui a désormais les faveurs des établissements de crédit : la banque privée, c'est-à-dire la gestion du patrimoine de clients fortunés. Non seulement cette activité est faiblement consommatrice de capitaux propres, mais la progression des avoirs des personnes les plus riches devrait progresser de 6% par an, d'ici à 2017, à l'échelle mondiale, selon BNP Paribas Wealth Management. Qui ambitionne donc de devenir la cinquième banque privée au monde d'ici à 2016, avec plus de 300 milliards d'euros d'actifs sous gestion, contre 287 milliards à la fin 2013, ce qui lui confère actuellement la septième place. A l'offensive, elle aussi, dans la banque privée, la Société générale entend faire bondir de 25% le résultat de cette activité en France, d'ici à 2017.

 Une hausse des dividendes pour contrebalancer une moindre rentabilité des fonds propres

 Reste que ces métiers peu risqués sont, en contrepartie, bien moins rentables que les activités de marchés ultra-spéculatives dont les banques se sont désengagées. Aussi BNP Paribas et la Société générale limitent-elles à 10% environ leur objectif de rentabilité des capitaux propres d'ici deux à trois ans. C'est toujours mieux que les 7,7% et 8,4% (hors éléments exceptionnels) respectivement dégagés par les deux banques en 2013, mais bien loin des 15% qui prévalaient avant la crise financière.

 Bien conscientes que de tels ROE (return on equity) risquent de faire grincer des dents les investisseurs, les banques vont tenter de jouer sur le rendement. La Société générale distribuera ainsi 40% de ses bénéfices, au titre de 2014, contre 27% en 2013. Et BNP Paribas portera son « pay-out » de 40,8% en 2013 à 45% en 2016. Quant à Crédit agricole, après avoir sevré ses actionnaires durant deux ans, la banque verte leur distribuera plus du tiers (35%) de ses résultats, au titre de 2013. Quand on vous dit que les banques sont les "utilities" de demain !

Christine Lejoux

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Commentaires 8
à écrit le 20/03/2014 à 11:48
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Ce qui est complétement déconnecté c'est que les "utilities" sont justement en pleine crise actuellement (sauf EDF), renseignez vous sur le "groupe de Magritte" qui essaie de faire pression pour obtenir des concessions qui leur faciliteraient la vie....

à écrit le 19/03/2014 à 12:31
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A lire les réactions ci dessous, je comprends pourquoi les français passent toujours à coté des hausses boursières.

à écrit le 18/03/2014 à 10:17
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Les banques des utilities ? Laissez moi rire, avec la monstrueuse bulle sur le High-Tech que les banques gonflent en spéculant frénétiquement(même des entreprises ne gagnant pas un centime sont évaluées des milliards), bulle encouragée par le déluge ...

à écrit le 18/03/2014 à 8:05
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De la provoc...et les dettes pourries passees presentes et à venir....à oui dans les bad banks et payees par le contribuable...

à écrit le 18/03/2014 à 0:22
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9 petits milliards et des centaines de milliards de créances "subito-pourries"... Pardon.. Tostiques. Hostiques, toyotisques, SOIT, des coquilles VIDES juste pleines de dettes valant .. zéro.

à écrit le 17/03/2014 à 21:57
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Non mais honnêtement, c'est quoi c'est article !!!! C'est de la publi-promotion bancaire non ! Chère journaliste, faite une recherche internet avec le mot shadow banking...vous verrez si les banques se sont retirées des activités spéculatives... El...

le 17/03/2014 à 22:24
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Vous avez raison sur ces faits que vous récapitulé mais pas sur le sens des mots colportés et surtout défendus par nos gouvernante et financiers. Ils raisonnent avec les oeillères de l'omerta comptable généralisée et de ces accords de Bâle trompeurs;...

le 18/03/2014 à 0:24
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"Non mais honnêtement". Been ...non. c'est pas son boulot, à une banque d'être honnête. Sinon, ça se saurait.

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