La santé, nouveau secteur favori du capital-risque, devant… Internet

Le secteur de la santé a concentré 27% des investissements réalisés par le capital-risque français, au second semestre 2013, selon Chausson Finance. Détrônant ainsi les start-up de l’Internet, pour la première fois depuis trois ans.
Christine Lejoux
C'est dans le secteur de la santé qu'ont eu lieu quatre des dix plus importantes levées de fonds réalisées auprès du capital-risque français, au second semestre 2013. REUTERS.

Le commerce en ligne et autres réseaux sociaux ne feraient-ils plus rêver le capital-risque français ? Toujours est-il que le secteur de l'Internet a concentré 17% seulement des 490 millions d'euros investis par les fonds hexagonaux de "venture capital", au second semestre 2013, d'après le baromètre publié par la société de conseil en levées de fonds Chausson Finance. Une proportion qui représente non seulement une chute de 11 points par rapport au second semestre 2012, mais qui fait également perdre à l'Internet son rang de secteur préféré du capital-risque. Une première depuis près de trois ans.

 A l'inverse, la santé revient en grâce, et de belle manière : 27% des investissements du venture capital français se sont portés sur ce secteur, au cours des six derniers mois de 2013, contre 17% seulement un an auparavant. Si la santé, qui fut longtemps le grand favori des fonds de capital-risque, avait perdu de son attrait, ces dernières années, c'était en raison de retours sur investissement incapables de rivaliser avec ceux de l'Internet, en particulier dans le domaine des biotechnologies, qui nécessitent des capitaux colossaux et dont les débouchés sont longs et incertains.

 Un fonds de 240 millions d'euros dédié aux sciences de la vie

 Mais ce revirement de tendance pourrait bien n'être que ponctuel. Le bond de 43% des investissements du capital-risque français dans la santé au second semestre 2013, à près de 134 millions d'euros, "est principalement du au retour en force de Sofinnova, qui a triplé ses investissements, au point de se hisser au rang de deuxième investisseur le plus actif du semestre, avec 41 millions d'euros investis", explique Chausson Finance. L'investisseur numéro un en capital-risque n'étant autre que Bpifrance, la Banque publique d'investissement, avec 88,8 millions d'euros.

 Il faut dire que Sofinnova ne manque pas de capitaux. En décembre 2012, cette société de capital-risque avait clôturé la levée de Sofinnova Capital VII, l'un des plus importants fonds de "venture" en Europe, doté de 240 millions d'euros et dédié, précisément, aux sciences de la vie. Plus exactement, à la biopharmacie, à l'instrumentation médicale et à la biotechnologie industrielle. La philosophie de Sofinnova Capital VII étant d'investir dans des entreprises - essentiellement européennes - qui développent "des technologies ou des produits de rupture (…), des innovations qui améliorent de façon radicale la vie des gens."

 La santé a "trusté" quatre des dix plus importants tours de table

 Sofinnova a ainsi participé en août dernier à la levée de fonds de 26 millions d'euros réalisée par la société suisse ObsEva, spécialisée dans le traitement des menaces d'accouchement prématuré. Cette opération n'est autre que le deuxième plus important tour de table réalisé par une start-up auprès de capital-risqueurs français, au second semestre 2013. Une période au cours de laquelle la santé aura, au total, "trusté" quatre des dix plus importantes levées de fonds.

 A commencer par celle du fabricant d'implants rétiniens Pixium Vision (15 millions d'euros) - dont Sofinnova Partners est devenu le premier actionnaire à cette occasion -, suivie des tours de table de la société de biotechnologies Theravectys (15 millions) et d'Oncoethix (14 millions), spécialisée dans le développement de médicaments contre le cancer. Le secteur de l'Internet ne totalise qu'une opération dans ce "top 10", à savoir les 15 millions d'euros levés en septembre par le dépôt-vente de luxe en ligne Vestiaire Collective auprès, principalement, du groupe de presse américain Condé Nast.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 19/03/2014 à 8:32
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associer risque et santé n'est pas du meilleur goût, on sait comment terminent ces engouements aussi brusques que moutonniers. La santé n'est pas un domaine comme les autres, in fine ce sont des vies humaines qui sont concernées. Bref, c'est craignos...

à écrit le 18/03/2014 à 22:34
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C'est surtout le prochain (les places sont déjà prises et le jeu des obligations réciproques état/glacis de connivence en cours) lieu qu'ont investi les maîtres du jeu qui s'apprêtent à saborder la finance en l'offrant en pâture médiatique. On passe ...

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