Ce que les "stress tests" réservent aux banques européennes

L’Autorité bancaire européenne, en coordination avec la BCE, devrait détailler mardi 29 avril les modalités des tests de résistance auxquels elle soumettra les principales banques de la zone euro.
Christine Lejoux
Selon les agences Bloomberg et Reuters, le scénario catastrophe de l'Autorité bancaire européenne, pour les stress tests, est basé sur deux années de récession dans l’UE. REUTERS.

A quelle sauce l'Autorité bancaire européenne (EBA) va-t-elle manger les banques de la zone euro ? Le suspense touche à sa fin, l'EBA et la Banque centrale européenne (BCE) devant a priori dévoiler mardi 29 avril les modalités des tests de résistance (stress tests, en anglais) auxquels elles soumettront les 124 plus importantes banques de la zone euro à partir de la fin mai. Cet exercice - qui se déroulera dans le sillage de la revue de la qualité des bilans bancaires actuellement menée par la BCE - vise à savoir dans quelle mesure les banques européennes seraient aujourd'hui capables de résister à un choc de même ampleur que la crise financière de 2008 ou celle des dettes souveraines de la zone euro, en 2011.

 Les banques qui échoueront à ces stress tests - dont les résultats devraient être connus d'ici à la fin octobre - devront alors dévoiler les plans qu'elles comptent mettre en place pour rentrer dans le rang, qu'il s'agisse d'augmentations de capital, de cessions d'actifs ou de la mise en réserve de bénéfices.

 Des prévisions de croissance économique moins conservatrices qu'en 2010 et 2011

 La pression est grande sur les épaules de l'EBA, dont les précédents stress tests, menés en 2010 puis en 2011, avaient échoué à évaluer correctement la fragilité de certaines banques, lesquelles ont ensuite payé un lourd tribut à la crise de la dette de 2011. Il faut dire que l'EBA avait péché par optimisme, notamment sur le front des prévisions de croissance économique. Sur les 27 pays que comptait alors l'Union européenne (UE), pas moins de 18 avaient clos l'année 2011 sur un produit intérieur brut (PIB) plus faible encore que celui retenu par l'EBA dans son scénario catastrophe. Ce fut en particulier le cas de la Grèce, en proie à une chute de 7% de son PIB, alors que l'EBA anticipait un recul de…1,2%.

 Se sachant attendue au tournant, l'EBA a bâti les stress tests de 2014 sur des hypothèses beaucoup moins conservatrices qu'en 2010 et 2011. Selon les agences Bloomberg et Reuters, son scénario catastrophe est basé sur deux années de récession dans l'UE, dont -0,7% en 2014, puis -1,4% en 2015. Des prévisions respectivement inférieures de 2,2 et de 3,4 points à celles de l'UE, et qui freineraient considérablement la capacité des particuliers et des PME à rembourser leurs crédits bancaires.

 Déflation et pays émergents au menu des stress tests ?

 Si les prévisions de croissance économique constituent l'élément le plus important des tests de résistance, l'évaluation des dettes souveraines détenues par les banques en est un autre, selon les analystes interrogés par Reuters. En effet, les tests de résistance de 2011 n'avaient pas jaugé la capacité des établissements de crédit à supporter le défaut d'un Etat dont ils possédaient des obligations.

 Nul doute, également, que l'EBA testera l'aptitude des banques à composer avec la pression déflationniste, le taux annuel d'inflation dans la zone euro étant tombé de 2,7% en glissement annuel fin 2011 à 0,5% en mars 2014. Or qui dit baisse des prix dit moindre facilité des emprunteurs à rembourser leurs crédits bancaires. Enfin, à la différence de ceux de 2010 et de 2011, les stress tests de 2014 devraient également prendre en compte l'exposition des banques aux risques des pays émergents, en particulier ceux liés à la crise russo-ukrainienne.

Christine Lejoux

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Commentaires 3
à écrit le 28/04/2014 à 19:23
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Il est fort probable que la bulle obligataire ne sera pas évaluée...

à écrit le 28/04/2014 à 19:13
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On fait des test tous les ans et comme par miracle tout est nickel. !!! Le FMI voit 800 millards de dettes pourri dans les banques européenne Cherche l erreur !!

le 28/04/2014 à 22:07
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C'est sur que Christine, avec sa licence de droit, est une experte en stress test..

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