Capital-investissement européen : les indicateurs reviennent dans le vert

Les fonds européens de capital-investissement ont levé 53,6 milliards d’euros en 2013, un record depuis 2008, selon l’EVCA.
Christine Lejoux
En 2013, le private equity européen a investi 35,7 milliards d'euros dans quelque 5.000 entreprises du Vieux Continent, d'après l'EVCA. REUTERS.

On savait le capital-investissement français en meilleure forme, depuis quelques mois. Il en est de même à l'échelle de l'Europe, d'après les données publiées le 7 mai par l'EVCA, l'association européenne du capital-investissement. Certes, les sociétés européennes de private equity n'ont fait que stabiliser leurs investissements, en 2013, en injectant 35,7 milliards d'euros dans quelque 5.000 entreprises du Vieux Continent non cotées en Bourse. Mais un peu plus de 40% de ces investissements ont concerné de premiers tours de table, alors que, ces dernières années, les fonds de private equity tendaient, par prudence, à privilégier les réinvestissements dans des sociétés qu'ils avaient déjà financées.

 Si les acteurs européens du capital-investissement font montre d'un peu plus d'audace, c'est d'abord grâce à la confirmation de la reprise économique dans la zone euro. Mais également en raison de leur capacité retrouvée à lever des capitaux auprès des investisseurs institutionnels, comme les fonds de pension ou les fonds de fonds. L'an dernier, le private equity européen a en effet levé 53,6 milliards d'euros, un montant plus de deux fois supérieur aux 24,6 milliards engrangés en 2012, lesquels représentaient une chute de 41% par rapport à 2011. Mieux, cette somme de 53,6 milliards d'euros constitue un record depuis les 80,5 milliards levés en 2008, année au cours de laquelle la crise financière avait éclaté.

 Les institutionnels d'Amérique du Nord à l'origine de 36% des fonds levés

 Autre bonne nouvelle pour le private equity européen, qui avait subi, ces dernières années, la fuite d'investisseurs étrangers échaudés par la crise des dettes souveraines dans une zone euro par ailleurs en butte à la récession : sur les 53,6 milliards d'euros récoltés en 2013, près de la moitié a été apportée par des "zinzins" (investisseurs institutionnels) non-européens. Et en particulier par des investisseurs d'Amérique du Nord, dont la part dans les levées de fonds du private equity européen est passée de 24% en 2012 à 36% en 2013.

"Je suis particulièrement satisfaite de ce regain d'enthousiasme des investisseurs étrangers pour le private equity européen, un signe clair que la zone euro a repris toute sa place au centre de l'échiquier mondial des investissements",

souligne Dörte Höppner, directrice générale de l'EVCA.

 Des sorties en hausse de 54% en valeur

 Le capital-investissement européen a de bonnes chances de poursuivre son retour en grâce auprès des "zinzins", au cours des prochains mois. Et ce, grâce à l'argent qu'il est de nouveau en mesure de leur rendre, la situation s'améliorant également sur le front des sorties, c'est-à-dire des cessions - partielles ou totales - de participations. L'an dernier, les fonds européens de private equity sont en effet parvenus à se désengager de quelque 2.290 entreprises, d'une valeur totale de 33 milliards d'euros. Deux nombres respectivement en hausse de 10% et de 54% par rapport à 2012.

 Ces performances doivent beaucoup au regain de tonus des marchés actions et, partant, des introductions en Bourse. Certes, les ventes à des groupes industriels et à d'autres fonds de capital-investissement ont encore dominé le marché des sorties, l'an dernier, avec des proportions respectives de 27% et de 26%. Mais les acteurs européens du private equity ont tout de même cédé quelque 23 sociétés en Bourse, soit près de quatre fois plus qu'en 2012. Et ce, pour un montant global de 2,2 milliards d'euros, sept fois supérieur à celui de l'an dernier.

 L'avantage aux fonds les plus importants

 Pour autant, tout n'est pas redevenu rose au pays du private equity européen. Si les 53,6 milliards d'euros levés en 2013 représentent un plus-haut depuis cinq ans, ce montant n'en demeure pas moins très éloigné du record de 112 milliards établi en 2006, un an avant qu'éclate la crise des "subprimes" (crédits hypothécaires américains risqués). En outre, les investisseurs institutionnels se montrent beaucoup plus sélectifs que par le passé.

 De fait, les 53,6 milliards d'euros levés l'an dernier l'ont été par 253 fonds européens de private equity seulement, alors qu'ils avaient été 266 à engranger un total de 24,6 milliards un an plus tôt. Le signe que les « zinzins » privilégient désormais les fonds les plus importants, comme ces 12 sociétés de LBO (Leveraged Buy-Out : acquisition par endettement) qui ont levé chacune plus d'un milliard d'euros l'an dernier. Dans ces conditions, nul doute que l'EVCA ne recensera plus 1.200 sociétés de capital-investissement en Europe, dans quelques années…

 

Christine Lejoux

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Commentaires 6
à écrit le 11/05/2014 à 11:38
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Est-ce que cela a à voir avec la bourse? le CAC40 flirte périodiquement avec la barre des 4500 points, et les stratèges de la société générale le voit à 7000 points fin 2016... On ne dira jamais assez qu'on ne prête qu'aux riches, ou à ceux qui von...

à écrit le 11/05/2014 à 9:52
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si cette argent provient de la fuite de capiteaux fiscal americain? CE ST IMORALE EST MALSAIN POUR LES FRANCAIS? ? ?

à écrit le 10/05/2014 à 20:58
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On veut des vrais salaires, le reste on s'en tape!!!

le 11/05/2014 à 11:40
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Si les salaires ne suivent pas, il faut peut-être penser à se défendre par soi-même; un investissement en bourse avec l'horizon annoncé du CAC40 à 7000 points fin 2016 par les spécialistes de la société générale, est donc peut-être une bonne idée.

à écrit le 10/05/2014 à 10:15
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On s'en fout

le 11/05/2014 à 11:41
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Erreur! Il n'y a que les gens bien informés qui savent profiter des bonnes situations...

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