Fusions-acquisitions : des méga-projets aux montants records fleurissent en 2014

Naissance de géants, interventions politiques, tentatives avortées et milliards déboursés… Une effervescence de projets d'OPA ou de mariage entre groupes plus ou moins réussis caractérise les premiers mois de l'année. En voici une typologie succincte.
Les patrons de Publicis et d'Omnicom ne sont pas parvenus à s'entendre pour fusionner.

Alstom déchiré entre General Electric et Siemens, SFR entre Bouygues et Numericable, les responsables politiques britanniques qui s'échangent des noms d'oiseaux à propos du dossier AstraZeneca-Pfizer, AT&T qui créé un empire de la télévision payante outre-Atlantique en achetant DirecTV, après avoir abandonné le projet Vodafone, et avant cela Facebook qui a bat un record en s'offrant une application de messagerie pour 19 milliards de dollars… Que ce soit dans l'énergie, les télécoms, la pharmacie, la télévision ou le web de grands mouvements de consolidation, réussis ou non, ont marqués les premiers mois de l'année.

Plusieurs études prévisionnelles, comme celle de Thomson Reuters dès le mois janvier ou celle de Deloitte plus récemment confirment largement une accélération des ces mouvements.

De ces projets de fusions ou d'acquisitions, certains s'imposent par les chiffres engagés qui donnent le tournis - 117 milliards de dollars pour Pfizer, 45 milliards pour Time Warner et Comcast… D'autres ont marqué l'actualité en raison d'enjeux stratégiques suffisamment importants pour que les responsables politiques choisissent de s'en mêler. D'autres enfin ont donné naissance à des géants moins connus comme ChiquitaFyffes, nouveau numéro un mondial de la banane, ou le japonais Suntory, premier sur le Bourbon… Passage en revue de ces grands dossiers industriels qui ont marqué l'année.

Des projets stratégiques, donc politiques

  • Alstom, GE et Siemens

En France, le cas Alstom est suffisamment crucial pour faire l'objet d'une réunion spéciale à l'Elysée entre le président de la République et trois ministres. Il a même donné lieu à la signature d'un décret visant à protéger les intérêts stratégiques du pays. Révélées le 24 avril par l'agence Bloomberg, les négociations entre le groupe français et l'américain General Electric pour la vente de son activité dans l'énergie fait parler d'elle quasiment tous les jours, surtout depuis que Siemens est entré dans la course, faisant monter les enchères.

  • SFR, Numericable et Vivendi

Avant cela, une autre saga tient en haleine responsables politiques et industriels : l'acquisition de SFR. Le projet de vente fuitait depuis l'année 2013, mais, dès janvier 2014, les rumeurs reprennent de plus belle. Les événements s'accélèrent en mars, lorsque Numericable, filiale d'Altice, et Bouygues enchaînent les offres et contre-offres, ce dernier négociant au passage avec d'autres acteurs comme Free. Alors ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg s'empare du dossier. Finalement, le groupe de Patrick Drahi remporte la mise. Il a ajouté Virgin Mobile à son escarcelle le 16 mai.

  • Pfizer et AstraZeneca

Ce projet de fusion entre les deux laboratoires pharmaceutiques peut faire partie de la liste à plus d'un titre. Malgré des réticences, au départ à s'immiscer dans un dossier privé, le gouvernement britannique est rapidement incité à s'exprimer sur le sujet, notamment par l'opposition, donnant lieu à des échanges houleux au parlement. Ce 19 mai, la "dernière" offre du leader mondial est rejeté par le conseil d'administration du groupe britannique.

Des records

  • Pfizer et AstraZeneca: 117 milliards

Parmi les méga-projets figurent, bien sûr Pfizer et AstraZeneca, qui s'il avait été retenu aurait été le plus important du secteur, l'américain proposant 117 milliards de dollars.

  • Valleant veut une piqûre de Botox à 47 milliards

Rayon pharmacie, la proposition du canadien Valeant Pharmaceuticals International sur le producteur américain du Botox, Allergan, pourrait également entrer dans cette catégorie, même si le chiffre est moins élevé ( 47 milliards de dollars , soit 34,14 milliards d'euros).  Pour l'instant, le laboratoire californien refuse ces avances.

>> Pourquoi les "big pharmas" reprennent leurs grandes manoeuvres

  •  Facebook-Whatsapp, 19 milliards

 Par ailleurs l'acquisition de l'application Whatsapp par Facebook pour 19 milliards de dollars annoncée en février correspond à la plus importante de son histoire pour le réseau social âgé à peine d'une décennie.

  • Google : Nest vaut plus que les smartphones de Motorola

Google de son côté réalise en janvier le troisième achat le plus important de son histoire avec  Nest, spécialisé dans les thermostats intelligents, pour qui il débourse 3,2 milliards de dollars. Une semaine plus tard, le groupe de Mountain View cède les smartphone de Motorola au chinois Lenovo pour une valeur quatre fois inférieure à leur prix d'achat, soit 2,91 milliards de dollars.

Des tentatives avortées

  • Publicis Omnicom rompent leurs fiançailles

Annoncé en fanfare en 2013, le rapprochement entre le groupe français et son rival américain tombe à l'eau l'année suivante, officiellement faute d'entente en matière de choix de l'équipe dirigeante.

  • L'échec d'Imerys sur Amcol

Autre échec notable : celui du groupe minier français Imerys dont la tentative d'OPA sur l'américain Amcol se heurte à une offre concurrente d'un autre américain, Minerals Technologies. Le groupe français avait pourtant relevé son offre plusieurs fois.

Naissance de nouveaux géants

  • Deux empires de la télé outre-Atlantique

Pour 45 milliards de dollars, Comcast, le premier câblo-opérateur américain  annonce en février son intention d'acheter son concurrent Time Carner Cable pour 45 milliards de dollars.

Plus récemment, l'opérateur AT&T annonce ce 19 mai son projet d'acquisition de DirecTV pour 48,5 milliards de dollars, plusieurs mois après avoir renoncé à une opération publique d'achat sur le britannique Vodafone.  

  • Sopra-Steria, futur poids lourd français des services informatiques

Apparue fin 2010, la rumeur d'un mariage entre Sopra et Steria, deux entreprises françaises de services informatiques, se concrétise en avril. Le chiffre d'affaires de la nouvelle entité formée devrait atteindre 3,1 milliards d'euros et compter plus de 35.000 salariés dans 24 pays.

  • Un champion britannique de l'électronique grand public

Dans le secteur de l'électronique grand public et de la vente de téléphone, le projet de fusion annoncé entre les britanniques Carphone Warehouse et Dixons Retail (4,6 milliards d'euros) pourrait faire émerger un champion européen dans ces domaines.

  • Lafarge et Holcim, numéro 1 des BTP?

En avril, le cimentier français et son rival suisse annoncent leur rapprochement qui donnerait naissance à un leader mondial des matériaux de construction.

  • Banane et Bourbon

De façon apparemment plus anecdotique, l'année est également marquée par la naissance du nouveau numéro un de la banane, ChiquitaFyffes, mais aussi du Bourbon, dont le nouveau leader est le japonais Suntory avec l'aquisition de l'américain Beam pour plus de 16 milliards de dollars.

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