Assemblées générales : les temps changent, les préoccupations des actionnaires aussi

Les risques – juridiques, financiers, technologiques, de réputation – sont devenus un thème à part entière des assemblées générales, à égalité avec les sujets des rémunérations et des dividendes, selon le bilan 2014 dressé par l’Hebdo des AG.
Christine Lejoux
La thématique des risques a concentré en moyenne 5% des questions posées par les actionnaires, lors des assemblées générales 2014 des sociétés françaises. REUTERS.

Est-ce "l'effet BNP Paribas", avec la menace d'une amende record que la justice américaine fait planer sur la banque française ? Toujours est-il que, cette année, "les risques sont devenus un thème à part entière des assemblées générales (AG), les actionnaires multipliant les questions à ce sujet", observe Bénédicte Hautefort, éditrice de l'Hebdo des AG, qui dressait ce jeudi 12 juin un bilan de la saison 2014 des assemblées générales des sociétés du SBF 120, soit les 120 plus importantes capitalisations de la Bourse de Paris.

 Bilan qui montre que la thématique des risques a concentré en moyenne 5% des questions posées par les actionnaires, lors des AG. Soit une proportion équivalente à celles recueillies par les sacro-saints sujets de la rémunération des dirigeants et des dividendes versés aux actionnaires.

 Les sociétés du CAC 40 ont passé 15 milliards d'euros de provisions en 2013

 Il faut dire que les entreprises ont passé des provisions pour risques massives, dans leurs comptes 2013. Pour les seules sociétés du CAC 40 - l'indice phare de la Bourse de Paris -, les provisions se sont élevées l'an dernier à 15 milliards d'euros, contre 9 milliards "seulement" en 2012. BNP Paribas avait d'ailleurs (désagréablement) surpris la communauté financière, en annonçant, lors de la présentation de ses comptes 2013, une provision de 1 milliard de dollars (738 millions d'euros), au titre du litige qui l'oppose à la justice américaine, laquelle reproche à la banque d'avoir effectué des transactions en dollar dans des pays soumis à un embargo américain. Une provision qui pourrait en réalité s'avérer bien faible, la presse américaine évoquant une amende de… 10 milliards de dollars.

 Il n'y a pas que les risques juridiques et financiers qui préoccupent les actionnaires. Petits porteurs ou investisseurs institutionnels, ils s'inquiètent également des risques technologiques, "comme la protection des brevets des entreprises ayant noué des partenariats en Chine", indique Bénédicte Hautefort. Et d'insister : "Nous sommes dans un monde en crise, le risque n'est plus considéré (par les actionnaires) comme quelque chose d'exceptionnel. A tel point que les entreprises vont probablement devoir songer à la publication d'un rapport spécifique sur leurs risques, dans le cadre de leurs prochaines AG."

 Des rémunérations approuvées à hauteur de 92%, en moyenne

 Dans la même veine, la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) s'impose désormais comme un thème incontournable lors des AG, avec en moyenne 9% des questions des actionnaires dévolues à ce sujet. Il faut dire que de mauvaises pratiques sociales et/ou environnementales peuvent faire peser un véritable risque de réputation sur une entreprise. A cet égard, les scores staliniens d'approbation des rémunérations des dirigeants ne laissent pas d'étonner, surtout que, pour la première fois, les actionnaires avaient cette année la possibilité - via le "say on pay" - de se prononcer, à titre consultatif, sur les salaires et bonus des patrons.

 Des rémunérations que les AG ont approuvées à hauteur de 92% en moyenne, en ce qui concerne les sociétés du CAC 40. Pourtant, l'opinion publique s'est émue à plusieurs reprises, ces derniers mois, "du fait que certains dirigeants percevaient des rémunérations en hausse, alors qu'ils mettaient parallèlement en place des plans sociaux", souligne Bénédicte Hautefort, pour qui il existe là un risque de réputation en puissance. Mais ce risque lié aux politiques sociales des entreprises françaises, les grands investisseurs institutionnels anglo-saxons ont bien du mal à en prendre toute la mesure, habitués qu'ils sont aux rémunérations très élevées des grands patrons américains.

 

Christine Lejoux

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