Worldline veut accélérer la concentration du marché européen des paiements

La filiale d’Atos s’introduira en Bourse le 27 juin, une opération qui la valorisera entre 2 et 2,4 milliards d’euros. Son objectif : disposer des moyens financiers lui permettant de réaliser des acquisitions dans une Europe des paiements très fragmentée.
Christine Lejoux
Le marché européen des services de paiement compte plus de cinquante acteurs. REUTERS.

Worldline s'émancipe encore un peu plus d'Atos. Déjà devenue filiale de la SSII française en juillet 2013, la société spécialisée dans les paiements électroniques - auteur, notamment, du système d'authentification d'achats en ligne 3D Secure - fera son entrée à la Bourse de Paris le 27 juin.

Et ce, via une augmentation de capital couplée à une cession de titres de la part d'Atos, qui gardera entre 70% et 75% du capitale de sa pépite, forte d'un taux de marge opérationnelle (avant dépréciations et amortissements) de 18% en 2013. Les actions seront proposées à un prix unitaire oscillant pour l'heure entre 16,4 et 20 euros, ce qui valorisera Worldline entre 2 et 2,4 milliards d'euros. Les fonds levés permettront à cette dernière de débuter sa nouvelle vie d'indépendance avec une trésorerie nette de 150 millions d'euros.

 La nécessité de disposer d'une taille critique

Cette somme servira à financer des acquisitions, prévient sans détours Gilles Grapinet, président de Worldline. De fait, avec une cinquantaine de prestataires, le marché européen des services de paiement est "extrêmement fragmenté", estime le dirigeant, qui juge donc nécessaire « une consolidation à court terme. »

Une concentration d'autant plus indispensable que le marché européen des moyens de paiement est soumis à une réglementation de plus en plus contraignante, avec, par exemple, la norme SEPA qui entrera en vigueur le 1er août, et qui doit permettre une harmonisation des prélèvements et des virements au sein de l'Union européenne. "C'est le début de l'Europe des paiements, ce qui nécessite de disposer d'une taille critique", insiste Gilles Grapinet. Histoire d'être en mesure de proposer des solutions couvrant toute l'Europe et, parallèlement, de pouvoir absorber les coûts liés aux nouvelles réglementations.

 Un chiffre d'affaires de plus d'un milliard d'euros en 2013

Or, qui mieux que Worldline pour mener à bien la concentration du marché européen des services de paiement ? En effet, la société - qui développe aussi bien des solutions d'encaissement mobile pour des commerçants que des portefeuilles électroniques pour des banque, comme Paylib - n'est autre que le numéro un des paiements électroniques en Europe.

Worldline a réalisé un chiffre d'affaires de 1,13 milliard d'euros en 2013, ce qui la place devant le britannique WorldPay, le suisse ConCardis, le français Ingenico et le scandinave Nets. Nets, que Worldine aurait un temps convoité, mais qui est tombé en mars dans l'escarcelle des fonds d'investissement Advent International et Bain Capital, déjà propriétaires de WorldPay.

 L'Europe n'a pas encore de champions dans le secteur des paiements

Nul doute que Worldline se consolera sans trop de peine, les prestataires de services de paiement indépendants et les divisions que les banques cherchent à externaliser représentant autant de cibles potentielles. Cette politique d'acquisitions, associée à un objectif de croissance organique de 5% à 7% par an pour la période 2014/2017, devrait permettre à Worldline "de réaliser largement un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros à la fin de la décennie [2010/2020 ; Ndlr]", estime Gilles Grapinet.

Ce faisant, la société se rapprochera du statut de "champion" des moyens de paiement qui, selon son dirigeant, existe aux Etats-Unis, mais pas encore en Europe. De fait, l'américain First Data a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 6,8 milliards de dollars. Soit 5 milliards d'euros, près de 5 fois celui de Worldline.

 

 

 

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 17/06/2014 à 13:42
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Je me doute que devant le danger d'un futur grand prédateur, la concurrence va s'activer pour essayer d'étouffer préventivement le risque.

à écrit le 16/06/2014 à 20:46
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il faudrait surtout développer un réseau carte européen équivalent à visa/mastercard qui se régalent de nos transactions avec les commissions, c'est leur cauchemar de perdre tout ca, les commissions pourraient revenir à la BCE.

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