Apple Pay menacerait moins les banques que les pure players du paiement mobile

Contrairement à ses prédécesseurs, Apple pénètre le marché du paiement mobile en nouant un partenariat avec les banques, au lieu d’entrer en concurrence frontale avec ces dernières. C’est donc surtout pour PayPal et autres Square ou Stripe qu’Apple Pay semble représenter une menace.
Christine Lejoux
Apple Pay, le système de paiement sans contact d'Apple, est doté de plusieurs niveaux de sécurité. APPLE.

 Apple Pay va-t-il tuer les banques ? Mardi 9 septembre, le géant américain de l'électronique Apple avait à peine fini de lever le voile sur son système de paiement mobile que cette question bruissait déjà sur les lèvres de certains commentateurs. Une interrogation à laquelle on pourrait être tenté de répondre par l'affirmative, si Apple avait bâti son offre de paiement sans contact tout seul dans son coin, avec l'ambition évidente de marcher sur les plates-bandes du secteur bancaire.

Mais, à l'inverse de Google, PayPal (groupe eBay) et autres pionniers du paiement mobile, Apple, qui lancera d'abord Apple Pay aux Etats-Unis, a choisi de ne pas entrer en concurrence frontale avec les banques. La firme californienne a noué un partenariat avec les trois grands groupes de cartes bancaires, Visa, MasterCard et American Express, ainsi qu'avec une dizaine de banques américaines, parmi lesquelles figurent Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase, Wells Fargo ou encore Capital One, et qui représentent 83% des volumes d'achats réalisés par cartes de crédit outre-Atlantique.

Les commissions sur les transactions bancaires, un trésor de 40 milliards

Partenaires et non pas concurrentes d'Apple Pay, les banques ne risqueront pas d'être privées des commissions prélevées sur les transactions électroniques, cette manne convoitée par les géants de l'Internet. Il faut dire que ces commissions, facturées aux commerçants, équivalent à 2% du montant de la transaction, ce qui représente quelque 40 milliards de dollars de recettes annuelles pour les banques américaines. Evidemment, Apple étant une entreprise commerciale et non une association caritative, le groupe dirigé par Tim Cook devrait exiger des banques - en contrepartie de leur intégration à Apple Pay - qu'elles lui versent une commission lors de chaque transaction, d'après l'agence Bloomberg. Un coût que les établissements de crédit pensent pouvoir contrebalancer par l'explosion du nombre de paiements par mobile résultant du lancement d'Apple Pay, nuance le Wall Street Journal.

Autre avantage du partenariat avec Apple : il devrait diminuer la fraude sur les transactions électroniques, dont le coût est loin d'être anodin pour les banques. En effet, Apple Pay est doté d'un système de sécurité à plusieurs étages : le paiement n'est déclenché que si le possesseur d'un iPhone 6, 6Plus ou d'une montre connectée Apple appuie sur Touch ID, un bouton qui reconnaît son empreinte digitale ; les données de sa carte bancaire sont cryptées ; et, enfin, chaque transaction est validée grâce à un code unique.

Un partenariat gagnant-gagnant, selon le patron de JPMorgan

"Last but not least", Apple a promis de ne pas exploiter les données bancaires captées par les smartphones, données qui représentent une mine d'informations sur le comportement des consommateurs, et dont l'analyse - via la technologie du big data - permet de prodiguer à ces derniers des offres commerciales parfaitement ciblées. Résultat, Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, n'hésite pas à affirmer que "chacun est gagnant", dans le cadre du partenariat conclu entre Apple et les banques américaines. Un soulagement pour le banquier, qui était revenu atterré d'un voyage effectué en février dans la Silicon Valley pour rencontrer les grands noms de l'Internet, affirmant que "tous (voulaient) manger notre déjeuner."

Ceux qui feraient bien de prendre garde à leur part du gâteau, en revanche, ce sont les "pure players" du paiement mobile. Certes, après une quinzaine d'années d'existence, PayPal peut se targuer de réunir 154 millions d'utilisateurs. Mais les 800 millions de détenteurs d'un compte iTunes (Apple) représentent autant d'utilisateurs potentiels d'Apple Pay, par ailleurs déjà accepté par plus de 200.000 magasins au pays de l'Oncle Sam. Nul doute que cette nouvelle invention de la firme à la pomme représente une menace plus grande encore pour les start-up spécialisées dans le paiement mobile. De fait, aussi bien Square que Stripe reconnaissent plancher sur le moyen de rendre leurs technologies compatibles avec Apple Pay. Les voilà donc sans doute, les vraies futures victimes du dernier bébé d'Apple.

Christine Lejoux

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Commentaires 10
à écrit le 19/10/2014 à 9:11
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C’est un début technologique pour un monde à la big Brother, il y a un danger pour les libertés à utiliser une puce NFC RFID comme moyen d'identification et de paiement cela correspond exactement au futur système économique mondial annoncé dans la b...

à écrit le 14/09/2014 à 10:14
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Paypal est une solution d'encaissement alors que ApplePay est un moyen de paiement, il n'y a absolument aucune concurrence entre ce nouveau système et les pure players, cela revient à dire que la carte bancaire fait de la concurrence au terminal de p...

à écrit le 12/09/2014 à 8:28
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Ce qui est intéressant, ce n'est pas tant l'implémentation de la technologie NFC (beaucoup l'ont fait bien avant Apple) que la façon dont ils l'ont fait. A l'idée de pouvoir payer simplement en approchant mon téléphone d'un capteur, j'avais plutôt en...

à écrit le 11/09/2014 à 19:32
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C'est chaud cette économie. Déjà que depuis 2001 Apple avait décidé de ponctionner une part de toutes les ventes de musique... La musique baisse, on change d'assiette... Le régulateur va devoir s'intéresser un jour à ces quasi-monopoles

le 12/09/2014 à 9:31
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Que ce soit dans les téléphones, la musique ou n'importe quel autre marché investi par Apple, on est très loin du monopole. Ni même de l'oligopole par ailleurs.

à écrit le 11/09/2014 à 17:39
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Un peu rassasié de trop de "pommes" surtout quand on connait l'immoralité fiscale de la société. Un jour elle finira bien par être démantelée !

le 12/09/2014 à 9:33
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Ni plus, ni moins que les autres, pourtant il y a toujours un commentaire sur le sujet alors que pour les autres. Bref, comme depuis toujours, deux poids deux mesures quand il s'agit de se farcir Apple.

le 12/09/2014 à 15:27
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Le cas "Lennart Beowulf" est pathologique. Vous pouvez lire sur plusieurs sites et forums informatiques ses messages systématiquement à charge contre Apple... A croire que Steve Jobs a tué son chien, ou quelque chose comme ça.

à écrit le 11/09/2014 à 17:20
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Apple avait adopté la même technique lors du lancement de l'iPhone en caressant les opérateurs mobiles dans le sens du poil avant d'exiger une commission sur les abonnements, de négocier très très serré pour les subventions et de les obliger à baisse...

le 12/09/2014 à 18:19
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Dans deux ans il aura dépassé paypal..

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