La start-up So’Fi se veut "la 51e mesure de simplification de la vie des entreprises"

Cette plateforme Internet, lancée fin novembre et basée à Nîmes, aide les PME à s’y retrouver dans le maquis des aides publiques.
Christine Lejoux
Ce sont essentiellement les 250 grandes entreprises françaises qui profitent des aides publiques, au détriment des quelque deux millions de PME, de TPE et d'ETI que compte le pays.

Les aides publiques aux entreprises, un trésor caché ? Avances remboursables, prêts d'honneur, subventions... Il existe en France quelque 6.000 dispositifs d'aides publiques aux entreprises, qui représentent chaque année la coquette somme de 60 milliards d'euros. Le hic, c'est qu'entre l'État, les collectivités locales, les départements ou encore les communes, pas moins de 1.000 guichets dispensent ces aides. Aussi, "un patron de PME passe des semaines, des mois, à tenter de se repérer dans le maquis des aides publiques, c'est inextricable, il existe des centaines de possibilités", témoigne Sadia Podlunsek, qui a créé en 2011 Disia, un courtier en financements professionnels basé à Nîmes.

Résultat, ce sont essentiellement les 250 grandes entreprises françaises qui profitent des aides publiques, au détriment des quelque deux millions de PME, de TPE et d'ETI que compte le pays. C'est pour cette raison que Sadia Podlunsek vient de lancer So'Fi, une plateforme Internet destinée à aider les patrons de PME et de TPE à y voir clair dans le maquis des aides publiques aux entreprises. "So'Fi a pour objectif de supprimer le fossé qui existe entre les chefs d'entreprise ayant facilement accès aux aides publiques car disposant des informations et des réseaux nécessaires, et les autres", explique Sadia Podlunsek.

 Les aides publiques renforcent les fonds propres des PME

Il est d'autant plus important pour les PME et les TPE d'accéder aux aides publiques que la nouvelle réglementation de Bâle III, relative au renforcement des fonds propres des banques, contraint ces dernières à se montrer moins prêteuses que par le passé.

"Les banques sont de plus en plus sélectives. Avant Bâle III, il était possible d'obtenir un financement bancaire avec 10% d'apport. Aujourd'hui, un ratio de 20% est exigé", précise Sadia Podlunsek.

Or les aides publiques permettent justement de renforcer les fonds propres des PME et, partant, le montant de leur apport. Aux esprits chagrins qui rétorqueraient que les sociétés n'investissent plus depuis trois ans et n'ont donc pas un besoin de financement criant, Sadia Podlunsek rétorque que "malgré la conjoncture économique morose, beaucoup de chefs d'entreprise ont des projets de développement."

Preuve que So'FI répond à un véritable besoin, 300 dossiers ont déjà été constitués sur la plateforme, lancée fin novembre. Des dossiers dans lesquels les patrons de PME indiquent, entre autres, la nature de leur projet (création, reprise ou développement d'une entreprise), la forme juridique de leur société, son secteur d'activité. L'objectif étant, dans un premier temps, de savoir si leur projet est éligible à une aide publique. À la suite d'une étude plus poussée de leur dossier, les experts de So'Fi précisent aux dirigeants d'entreprise la nature et le montant des aides auxquelles ils ont droit.

 So'Fi vise la rentabilité d'ici à la fin 2015

 Si ces deux prestations sont gratuites, l'audit d'éligibilité - qui recense les points forts et les points faibles du dossier, donne des conseils pour l'améliorer et fournit les coordonnés des chargés de mission à contacter dans les structures d'aides publiques - est en revanche facturé entre 150 euros et 400 euros. Des sommes sans commune mesure avec le minimum de 1.500 euros que demande un conseiller en aides publiques. So'Fi, qui se définit comme "la 51ème mesure de simplification de la vie des entreprises", intervient également dans l'étape suivante, à savoir le financement bancaire.

Suivant un processus assez semblable au précédent, la start-up aide les patrons de PME à évaluer leur capacité à obtenir un prêt bancaire et à ficeler un dossier qu'elle présentera à ses banques partenaires. Ces dernières sont la Société générale, ainsi que certaines Caisses d'Epargne et entités du réseau des Banques Populaires. La procédure est gratuite pour les entreprises, So'Fi étant rémunérée par les banques sous forme de commissions prélevées sur les montants prêtés. Un avantage de taille, le recours à un courtier en financements professionnels nécessitant généralement de débourser 5.000 euros environ. So'Fi, financée grâce aux fonds propres de Disia, espère ainsi aider au financement de 3.600 PME et TPE d'ici à la fin 2015, et être rentable à cet horizon.

Christine Lejoux

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Commentaires 5
à écrit le 15/12/2014 à 17:00
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1260 Milliards de budget des administrations. 60 d'aides. Soit 4,76%. Et on cherche a respecter les 3% de deficit autorisé par l'Europe? Cherchez a qui profite le crime...

à écrit le 15/12/2014 à 16:15
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Excellente initiative nécessaire pour aider les TPE/PME. Ceci dit, c'est quand même incroyable qu'une structure privée propose ce genre de services pour cause de surcharge, d'indigestion et de millefeuille administratif. En France, la doctrine serait...

à écrit le 15/12/2014 à 14:46
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faut pas trop simplifier du coup, sinon Sophie va descendre dans la rue (avec les avocats et experts-comptables, pour qui la complexité est aussi source de business).

à écrit le 15/12/2014 à 9:21
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Très bonne initiative. Mais juste la conséquence d'existence d'aides mobilisant des fonctionnaires pour aider les 250 plus grandes entreprises... Pourquoi ne pas supprimer ces aides, récupérer les 60 milliards et baisser les charges salariales et pat...

le 15/12/2014 à 9:40
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"Trop simple " : comme vous dites, on se demande... Si j'avais l'esprit chafouin, je rajouterais que ces aides permettent à nos élus de garder un semblant de mainmise sur l'économie et de pratiquer le clientélisme auprès des chefs d'entreprises.

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