Pourquoi Barclays va tailler dans sa banque d'investissement

Confrontée au mécontentement de ses actionnaires, la banque britannique devrait annoncer la semaine prochaine une restructuration drastique de sa banque d'investissement au prix de milliers de suppressions d'emplois supplémentaires.
"La Barclays du futur sera plus simple, plus équilibrée et plus concentrée sur les parties de notre activité où nous pouvons réaliser les retours que vous, les investisseurs, nous demandez", a promis Antony Jenkins devant les actionnaires.

Semaine cruciale en vue pour Barclays. La banque britannique doit en effet annoncer ses résultats du premier trimestre mardi. Le suspense sera toutefois limité dans la mesure où elle a déjà prévenu s'attendre à une "petite réduction" de son bénéfice ajusté avant impôts.

Toutes les attentes seront donc concentrées sur la présentation jeudi d'une mise à jour de sa stratégie, avec des annonces destinées à améliorer la rentabilité du groupe et en particulier de sa division de banque d'investissement.

Des performances en berne

Cette dernière, qui a longtemps été la vache à lait du groupe, avait grossi sous l'ancien directeur général Bob Diamond, qui avait notamment mené le rachat d'activités de la banque américaine en faillite Lehman Brothers. Mais elle déplore désormais des performances en berne à l'heure où le cadre réglementaire devient également plus strict.

L'actuel directeur général Antony Jenkins, qui a succédé en 2012 à Bob Diamond après la chute de ce dernier dans l'affaire du Libor, s'est attaché à changer l'image de la banque et à remettre à plat ses activités.

En prélude à un potentiel changement, la division de banque d'investissement vient de connaître une série de nominations et le dirigeant a déjà levé le voile sur ses principaux objectifs: répondre aux changements réglementaires, trouver comment "maximiser les économies et les synergies" ou encore adopter la "forme et la taille adaptées pour la banque d'investissement".

Des milliers de suppressions d'emplois attendues

Un programme largement interprété comme une nouvelle cure d'amaigrissement et de suppressions d'emplois. "La réduction du nombre d'employés est la seule solution", estime Chirantan Barua, analyste chez Sanford Bernstein cité par l'AFP, qui table sur la suppression de 6.500 à 7.500 emplois, dont plus de 5.000 en Europe dans l'activité Taux, Change et Matières Premières (Fixed Income, Currencies and Commodities, FICC).

C'est en effet cette partie de la banque d'investissement qui a particulièrement souffert et pesé sur les résultats. L'activité sur les marchés actions, surtout aux Etats-Unis, se porte en revanche plutôt bien.

Barclays a déjà annoncé récemment qu'elle allait cesser la majorité de ses activités liées aux matières premières, à quelques exceptions près.

>> Barclays a perdu son appétit pour le marché des matières premières

"Il est devenu évident que l'activité FICC en Europe est en perte et qu'elle mobilise probablement plus de 60% du capital de la banque d'investissement", poursuit Chirantan Barua.

Selon le Financial Times, la banque pourrait également mettre sur pieds une structure de défaisance pour y loger les activités qu'elle ne juge plus stratégiques et dont elle veut se débarrasser.

Cette "bad bank" ("banque-poubelle") regrouperait aussi tout ou partie du réseau de banque de détail en Espagne, France, Italie et Portugal.

Moins de bonus à l'avenir

Ces annonces interviennent à un moment où la banque, frappée ces dernières années par une série de scandales, à commencer par celui des manipulations du taux interbancaire Libor, connaît de nouveaux remous. Près d'un quart des actionnaires vient ainsi de voter à l'assemblée générale contre les rémunérations versées pour l'année 2013, faisant entendre leur opposition à l'attribution de bonus en hausse au moment où la banque voit ses bénéfices reculer.

Devant les actionnaires, Antony Jenkins a promis:

"La Barclays du futur sera plus simple, plus équilibrée et plus concentrée sur les parties de notre activité où nous pouvons réaliser les retours que vous, les investisseurs, nous demandez"

Et la direction a au passage sous-entendu qu'il y aurait moins de bonus à l'avenir... parce que moins de banquiers.

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